A l'annonce du décès d'Agnès Varda vendredi dernier, de nombreux artistes américains lui ont rendu hommage. Parmi eux, Madonna. Un lien l’unissait à cette figure emblématique de la Nouvelle Vague depuis presque 30 ans. En effet, c’est dans les années 1980 que la reine de la pop découvrit le premier long métrage de Varda, Cléo de 5 à 7. Ce chef d’œuvre d'un sublime noir et blanc réalisé en 1962 retrace les déambulations dans les rues de Paris d'une jeune chanteuse qui attend les résultats de son analyse de sang. Elle craint le terrible verdict, l’annonce d’un cancer.
Madonna trouva en cette histoire une résonance particulière avec son propre vécu. Un traumatisme profond lié au décès de sa mère des suites d’un cancer du sein. La future star internationale n’avait alors que 5 ans. S'identifiant sans mal à l’héroïne incarnée par Corinne Marchand, Madonna, qui a déjà tourné Recherche Susan désespérément ou encore Dick Tracy, acquiert les droits de Cléo de 5 à 7 avec la ferme intention d’en faire un remake. Elle s’active sur le scénario et fait appel à Agnès Varda pour mettre en scène cette nouvelle version.
Une nouvelle version dont l’action se serait déroulée à New York, ville qui a vu émerger le talent de la Madone. Autre changement par rapport à l’original : le mal ultime n’aurait plus été représenté par le cancer. C’est le sida, apparu dans les années 1980, qui aurait servi de nouveau ressort dramatique. Cet élément scénaristique s’est imposé comme une évidence pour La Ciccone elle-même engagée dans la lutte contre ce terrible fléau responsable de la mort de bon nombre d’amis et collègues.
La production débute, mais très vite la méthode Varda - peu de planification avant le tournage et choix de cadrage instinctifs - se montre guère compatible avec les contraintes des studios hollywoodiens. Le remake américain ne verra donc jamais le jour. Lors de sa dernière interview en septembre 2018 pour The Guardian, la réalisatrice a confié qu'elle aurait souhaité que l'interprète de Cléo soit une jeune femme de couleur. Elle avait même imaginé la diva Whitney Houston dans le rôle-titre.
"Adieu à l'une de mes réalisatrices préférées — Agnès Varda, un esprit curieux, créatif, enfantin jusqu’au dernier moment. Tu vas nous manquer !!"