Le 27 janvier 2019, CW se distingue dans le paysage télévisuel américain. Les téléspectateurs de Supergirl sont sur le point de découvrir le premier personnage super-héroïque transgenre. Nial Nal fait ainsi ses débuts et possède les traits d’une actrice elle-même transgenre : Nicole Maines. La série se pose ainsi à l’avant-garde des mouvements LGBTQ+ sur les écrans US où rarement une série de network (les grandes chaînes nationales) aura autant concentré la question des représentations dans une seule oeuvre.
Nicole Aimes où la première super héroïne à la télévision
Pour que l'avancée soit significative, il faut qu’elle s’accompagne d’un traitement à la hauteur de l’investissement. Si Nia est caractérisée selon sa transidentité, elle n’est pas réduite à cet aspect et certains arcs narratifs la concernant n’en font pas mention. Pour Nick Adams, le responsable média et représentation pour le GLAAD (Gay and Lesbians Alliance Against Diffamation) « il est important que l’on raconte des histoires à propos de jeunes personnes trans dans la pop culture grand public. Et choisir Nicole Maines est un important pas dans la bonne direction ».
Avant d’embrasser une carrière à Hollywood, le parcours de la jeune actrice fut déjà révolutionnaire. En 2013, elle et sa famille engagent des poursuites contre son école qui lui refuse l’accès aux toilettes pour fille. Elle a 16 ans et porte l’affaire jusqu’à la cour suprême du Maine. Le retentissement médiatique est important et sa victoire fera jurisprudence pour offrir aux personnes transgenres la possibilité de choisir leurs toilettes. Nicole Maines devient le symbole d’une génération qui n’entend pas se laisser faire et affirme sa transidentité. Et la voir incarner une super-héroïne aujourd’hui lui permet d’être le vecteur d’une communication positive : vous pouvez être qui vous voulez, même super-héros.
Donner des rôles aux acteurs transgenres
Si le paysage évolue, si les personnages transgenres gagnent en épaisseur, en nuance, en richesse, devant la caméra les choses sont encore timides et peu sont les acteurs et actrices transgenres à tenir les rôles de ces personnages. Pour Stéphane Gaillard, directeur de casrting « incarner un personnage transgenre par un acteur ou un actrice cis-genre, c’est voler la possibilité de donner à voir au monde une juste représentation de la transidentité ». Une idée que partage également Steven Canals, le créateur de Pose dans Les Inrocks : « Le casting authentique est un enjeu majeur pour nous. Ce projet [Pose] célèbre la beauté et la variété de la communauté trans, cela n’aurait aucun sens de ne pas en tenir compte et de ne pas inclure concrètement cette communauté ». Il poursuit : « J’espère que d’autres créatrices et créateurs reconnaîtront l’importance de l’inclusion. Si vous racontez une histoire spécifique, ne mettez pas de côté les premiers concernés ».
Candis Cayne dans Dirty Sexy Money, Laverne Cox dans Orange is the New Black, Jamie Clayton dans Sense8, Alexandra Billings dans Transparent, Brian Michael Smith dans Queen Sugar, Elliot Fletcher dans Shameless, Erika Ervin dans American Horror Story (saison 5 et 6), Riley Carter Millington dans Eastenders, Alex Blue Davis dans Grey’s Anatomy, Ian Alexander dans The OA, Ellie Desautel dans Rise, Tom Phelan dans The Fosters,... L’ouverture des rôles aux acteurs et actrices transgenres se développe, s’intensifie, devient de moins en moins une exception. Bientôt, la liste sera beaucoup trop longue pour être exhaustif. C’est ainsi que l’on mesurera l’avancée vers l’inclusion.