Après le succès surprise de Get Out (1,1 millions de spectateurs en France et l'Oscar du meilleur scénario original), autant dire que Jordan Peele était attendu au tournant. S'il a émergé grâce au duo comique Key & Peele, c'est pourtant avec le registre horrifique qu'il a explosé aux yeux du grand public.
Dans Us, il suit les membres d'une famille en apparence épanouie et ordinaire qui sont confrontés à la pire des menaces : leurs propres doubles. Cette idée, il n'est pas allé la chercher bien loin : "je pars toujours de mes propres démons. Qu’est ce qui me terrifie ? Ici c’était l’idée de me voir, puis, je me suis demandé ce qu’il y avait de si terrible dans le fait de se voir. En fait personne ne tient à regarder en face ses propres peurs, sa culpabilité, ses démons". À l'instar de son premier film, Us est donc un film politique qui, derrière son apparence de thriller horrifique, évoque en filigrane des questions sociales, ici la peur de l'étranger et la fin du rêve américain.
L'une des plus grosses difficultés du film a été de faire jouer à chacun des quatres acteurs principaux deux personnages. Pour faciliter les choses, une scène était tournée du point de vue de la famille Wilson puis de celui des doubles maléfiques. Un casse-tête logistique chapeauté par Grady Cofer, le superviseur des effets spéciaux. Chaque acteur avait deux doublures (cascade et lumière) pour son rôle et deux pour son double, soit 4 en tout. Cofer témoigne : "dans une scène par exemple avec Adelaïde, vous allez vous trouver en présence de Lupita [Nyong'o], sa doublure lumière, sa doublure cascades, puis la doublure lumière de Red et sa doublure cascades. Alors quand toute la famille était sur le plateau vous aviez 5 Winston [Duke], dont 3 avec des lunettes et un sweat de la Howard University et 2 en combinaison rouge… et ainsi de suite…"
Us : Hitchcock, Halloween, Génération Perdue... Les inspirations du nouveau film-choc du réalisateur de Get OutLa séquence du ballet de Casse Noisette a également été exigeante pour la chorégraphe Madeline Hollander qui a dû scinder le numéro en deux solos qui se répondent. Il fallait que le personnage de Red agisse comme un pantin guidé, malgré lui, par les mouvements d'Adélaïde : "Un exercice complètement schizophrène dans la mesure où la danseuse doit interpréter le cavalier et la fée en même temps. Pour cela j’ai décidé de me servir des murs pour les portés et de faire deux chorégraphies inversées pour qu’elles se répondent de manière étrange presque maléfique".