Présenté en grande pompe lors de la conférence Microsoft de l’E3 2018, Anthem, -comprenez «Hymne» en français-, avait fait sensation. Construit comme un «game as a service», un monde persistant appelé à évoluer en termes de contenu, et reprenant les paysages d’Avatar, ce jeu de tir à la troisième personne développé par BioWare, les maîtres de la narration et du jeu de rôle vidéoludique, avait, apparemment, tout pour lui.
Proposer aux joueurs une nouvelle franchise est un exercice difficile en 2019. Car il faut à la fois satisfaire la majorité des joueurs, c’et à dire les plus amateurs, et les hardcore gamers, ceux qui passent des centaines d’heures sur un titre pour le dominer et en exploiter tous les aspects. Anthem a été dévoilé comme ça : beau, fun, simple à jouer et difficile à maîtriser au haut niveau. Alors, la promesse a-t-elle été tenue ?
Un Bastion envoûtant
Disponible depuis le 22 février, Anthem remplit en grande partie son contrat, celui de proposer des heures de fun en jeu. Commençons par souligner sa direction artistique, tout simplement splendide, que vous en profitiez sur tous les supports prévus par le titre. Avec un savant mélange d’univers, Avatar, Iron Man et même Alien, l’exploration sur Bastion, la planète du jeu, s’avère absolument magnifique. Les décors sont généreux, que ce soit au niveau des détails aussi bien qu’en architectures, avec sa flore abondante, des lacs gigantesques, des cités oubliées, des grottes humides et des temples à découvrir, le tout sur des espaces qui exploitent aussi bien l’horizontalité que la verticalité. Car oui, dans ce monde futuriste, votre exosquelette, appelé Javelin, permet de voler. Le rêve de l’Homme est devenu une réalité et jamais il n’a été aussi confortable de se mouvoir dans les airs dans un jeu vidéo.
On retrouve d'ailleurs ce confort dans les affrontements, extrêmement dynamiques et intenses. Avec l’un de vos quatre exosquelettes, répartis en autant de classes aux pouvoirs distincts, vous bataillez, tant à distance qu’au corps à corps pour des rixes agréables et superbes à la fois. Petit souci néanmoins, l’intelligence artificielle des adversaires, humains ou créatures, n’est pas meilleure qu’ailleurs. Il s’agit souvent d’éviter les tirs ennemis et de frapper au bon moment avec le pouvoir adéquat. Pas de quoi révolutionner la roue, mais le résultat final est tout de même efficace.
Narration et jeu de rôle font bon ménage
Après l’action, le réconfort, et cette partie du jeu se déroule dans Fort Tarsis, l’une des dernières villes humaines dans ce monde hostile. Là, Anthem se joue à la première personne, en explorant la cité au travers des yeux de votre héros. L’occasion de découvrir une société inspirée de Mad Max, L’Attaque des Titans, ou même de La Guerre des Etoiles, pour participer à des échanges faisant avancer la trame scénaristique principale, le tout agrémenté de plusieurs quêtes annexes. Si ces discussions permettent d’en apprendre plus sur la nature de Bastion, l’ensemble se révèlent finalement assez classique avec un scénario un peu bateau et loin d’égaler la narration de haute volée à laquelle nous avait habitué les scénaristes de BioWare avec Knight of the Old Republic, par exemple.
Les férus d’action et de jeu de rôle auront compris que les Javelin, les fameux exosquelettes utilisés lors de vos sorties de Fort Tarsis en monde hostile, sont au cœur de la progression dans Anthem. Ces armures, façon Iron Man, sont superbes et peuvent changer d’aspects, d’armes ou de catégories. A vous de les booster avec les bons équipements trouvés sur les champs de batailles pour en exploiter tout le potentiel. Si l’on peut jouer en dilettante, sans forcément s’investir dans ce que les pros appellent le «theorycraft», optimiser à haut niveau ses équipements pour être le plus performant possible, Anthem propose néanmoins aux joueurs qui veulent performer un contenu satisfaisant, même si l’aventure manque encore aujourd’hui de contenu. En effet, le titre est appelé à évoluer et les ajouts prévus régulièrement sur les prochains mois, -tous gratuits précisons-le, s’annoncent comme conséquents. Mais actuellement, une fois la trame principale terminée, on revient souvent sur les mêmes missions avec une difficulté plus importante pour relever le(s) défi(s) et obtenir de meilleurs équipements. C’est un peu léger, d’autant que l’univers semble tellement immense que l’on aurait aimé avoir plus de donjons à parcourir, seulement trois aujourd’hui, et une histoire plus longue (environ 15h pour en venir à bout), ainsi que plus de variétés dans les activités de manière générale.
Si l’on doit dresser un bilan aujourd’hui d’Anthem, le jeu marque des points importants en termes de direction d’artistique, d’univers, même s’il s’inspire beaucoup de ceux de certains films précédemment cités, de gameplay, incroyablement bien fichus et agréables à pratiquer, et d’évolution tant vous pouvez customiser vos quatre Javelins. En cela, soyons clairs, ce jeu se révèle assez jouissif. Pour autant, il y a bien certains aspects qui méritent d’être retravaillés. On pense évidemment aux ennemis, pas assez retors et qui ressemblent trop à des sacs à points de vie qu’il faut canarder trop longtemps pour les abattre. Mais aussi, et surtout, il faut souligner le manque de contenu une fois à haut niveau. Un bon jeu en somme qui doit, comme le bon vin, mûrir sur les prochains mois. C’est tout le mal qu’on lui souhaite car si l’hymne n’est pas aussi enivrant que nous l’aurions espéré lorsque nous avons vu Anthem pour la première fois, il est tout de même parvenu à nous rafraîchir dans une industrie qui en manque parfois…