Alors que l’hégémonie de Marvel au cinéma est indéniable et inébranlable, à la télévision le genre super-héroïque tend à se diversifier. Si la Maison des Idées et DC Comics se battent généralement dans le classement des meilleures séries, des programmes d’un nouveau genre émergent de plus en plus : ces adaptations de comics tentent le tout pour le tout afin de se démarquer des parfois trop classiques ou formatées Agents of SHIELD et autres Arrow et The Flash. On pense notamment aux récentes Preacher (pour son côté trash) et Legion (tirée de l’univers X-Men et totalement WTF). On attend aussi la même chose de deux séries qui débutent le même jour : Doom Patrol, le spin-off de Titans côté DC et Umbrella Academy, côté Netflix. Cette dernière est adaptée de comics écrits par Gerard Way (le leader du groupe My Chemical Romance) entre 2007 et 2008.
Umbrella Academy suit une famille dysfonctionnelle dont les membres dotés de super-pouvoirs ont tout été recueillis par un industriel milliardaire. A sa mort, les six membres restants se retrouvent et découvrent que l’Apocalypse menace la planète. Et c’est dans la singularité de ces personnages que la série Netflix se démarque : "Même si Umbrella Academy a l’enrobage d’une série de super-héros, c’est avant tout un drame familial. Leurs pouvoirs ne sont qu’un plus. Je ne dirais pas qu’ils sont inutiles mais on ne se concentre pas sur ça" nous a expliqué son showrunner Steve Blackman.
Qui sont les héros de The Umbrella Academy ?
Evoluent dans l’univers d’Umbrella Academy six personnages principaux atypiques aux pouvoirs parfois spéciaux : Luther possède le corps d’un gorille, Allison peut contrôler n’importe qui si elle commence sa phrase par "j’ai entendu une rumeur", Numéro 5 est un vieux dans un corps de jeune et Diego est un ancien bègue qui a appris à manier les couteaux. Le personnage joué par Robert Sheehan, Klaus, apporte quant à lui un côté décalé à la série : "Malgré son excentricité, Klaus est un personnage ancré dans le réel. Il ressemble à de nombreux artistes dans le milieu de la musique qui boivent et se droguent. Et c’est cette dépendance, plus le fait qu’il a peur de ses capacités, qui amenuisent son pouvoir." nous dit Mary J. Blige, l’interprète de la badass Cha Cha.
Aussi, Umbrella Academy ne serait pas ce qu’elle est sans son duo de tueurs venus du futur Hazel et Cha Cha. Le premier (joué par Cameron Britton, le glaçant Ed Kemper de Mindhunter) a une obsession pour les donuts et la seconde n’a aucun sens de la moralité. Avec leur look à la Men In Black et leurs masques colorés, se créé un décalage intéressant entre leur personnalité et leur mission (tuer Numéro 5).
Bien qu’Umbrella Academy est une série de super-héros, elle n’en a pas vraiment l’essence. Elle s’interroge même sur le genre, à travers des flashbacks à l’époque où les six protagonistes n’étaient que des jeunes enfants et qu’ils faisaient la Une des magazines en arborant fièrement leur masque et leur costume. Deux décennies plus tard, les membres de la famille mesurent enfin le poids de leurs pouvoirs et l’heure est à la gueule de bois : "La série part du postulat qu’avoir des pouvoirs n’est pas toujours drôle ou fun. Alison par exemple, peut contrôler les gens. Cela finit par la torturer." nous dit Cameron Britton. Ainsi, lorsque l’Apocalypse pointe le bout de son nez, ces "super-héros" n’ont pas pour instinct premier de sauver le monde. Bien au contraire.
Si dans sa forme, la série Netflix reste plutôt sage et classique (elle n’est ni trop trash ni visuellement recherchée), elle mise tout sur la singularité de ces personnages. Reste à voir si le spectateur arrivera à s’indentifier à eux.