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    Une intime conviction : retour sur l'affaire Viguier qui a inspiré ce thriller judiciaire
    Emilie Schneider
    Emilie Schneider
    -Journaliste
    Amatrice d’œuvres étranges, bizarres, décalées et/ou extrêmes, Emilie Schneider a une devise en matière de cinéma : "si c'est coréen, c'est bien".

    Ce mercredi sort en salles "Une intime conviction", un thriller judiciaire extrêmement documenté qui revient sur le deuxième procès de Jacques Viguier, soupçonné du meurtre de son épouse, Suzanne, disparue en 2000.

    Une intime conviction - D'Antoine Raimbault 

    Avec Marina Foïs, Olivier GourmetLaurent Lucas

    De quoi ça parle ?

    Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l'injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession.

    La disparition de Suzanne Viguier

    Le 27 février 2000, Suzanne Viguier, 38 ans et mère de 3 enfants, disparaît. Son époux, Jacques Viguier, attend 3 jours avant de signaler les faits à la police. Il ne montre aucune inquiétude, persuadé que sa compagne veut lui donner une leçon en laissant à sa charge les enfants et la maison. Le couple traverse en effet une crise depuis la découverte des infidélités de Jacques. Par ailleurs, décrite comme dépressive par son mari, Suzanne a l'habitude de disparaître quelques jours sans donner de nouvelles. Pourtant, sa voiture et ses affaires n'ont pas quitté le domicile familial.

    Une heure après le départ de Jacques Viguier, un autre homme déclare la disparition, à la surprise des policiers. Olivier Durandet, ami de la famille, semble bien plus bouleversé que Jacques Viguier lors de sa déposition. Il finit par admettre qu'il est l'amant de Suzanne, qu'il décrit comme une personne très sociable et drôle, aux antipodes du portrait qu'en fait son mari. Il accuse d'ailleurs ce dernier d'être violent et le soupçonne d'être à l'origine de la disparition de Suzanne. 

    Séverine Brigeot

    Le procureur s'empare de l'affaire et convoque les deux hommes mais Jacques est en vacances au ski avec les enfants et ne semble pas disposé à écourter son séjour. Lors de la perquisition de son domicile le 10 mars 2000, des traces de sang minuscules sont trouvées et le matelas sur lequel Suzanne dormait a disparu. Le comportement de Jacques Viguier, jusque-là impassible, change brusquement. Il devient nerveux, expliquant qu'il saisit désormais la gravité de la situation. Le 11 mai 2000, Jacques Viguier est mis en examen pour assassinat sur la personne de son épouse. Il est remis en liberté au bout de neuf mois. Du 20 au 30 avril 2009 se tient son procès aux assises de Haute-Garonne à l'issue duquel il est acquitté. Le parquet fait appel et un second procès, très médiatisé, a lieu du 1er au 20 mars 2010 aux assises du Tarn. Les avocats Jacques Lévy et Éric Dupond-Moretti représentent alors Jacques Viguier, succédant à Henri Leclerc et Georges Catala.

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    Quand le cinéma s'en mêle

    Une intime conviction revient sur le deuxième procès dont Jacques Viguier a fait l'objet. C'est par le biais d'un de ses amis cinéastes, Karim Dridi, que le réalisateur Antoine Raimbault s'est intéressé à l'affaire. Il a ainsi assisté aux deux procès et a même fait la connaissance des enfants du couple. Il décide de faire de cette affaire le sujet de son premier long-métrage, en respectant scrupuleusement ce qui s'est dit aux audiences et dans les écoutes téléphoniques. À ses yeux, ces deux procès se sont bâtis sur la rumeur et la calomnie, bien décidés à faire de Jacques Viguier le coupable idéal : "On se raconte une vérité qui paraît logique, rationnelle, satisfaisante et définitive. Et peu importe que d’autres doutent, peu importe l’absence de preuve, une fois qu’elle s’est insinuée, la conviction emporte tout. C’est précisément de cette mécanique obscure que le film traite : l’emprise de la conviction sur la raison". 

    Empruntant largement à la réalité, Une intime conviction repose pourtant sur un personnage principal inventé, Nora, interprétée par Marina Foïs. Bien que fictif, ce rôle est nourri en partie par Émilie, compagne de Jacques Viguier après la disparition de son épouse. Durant neuf ans, elle accompagne Jacques pour faire triompher la vérité. Le réalisateur explique ce choix : "Tout est vrai. Mais il faut trouver un personnage car sans personnage il n’y a pas de point de vue. De mon obsession pour l’affaire est née une obsession de cinéma qui a engendré un personnage obsessionnel. La boucle est bouclée".

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