DES ADOLESCENTS SANS CONCESSION
Les années lycée, cette période aussi compliquée qu’épanouissante, ont souvent été traitées sur le grand et petit écran avec plus ou moins de justesse. Premiers émois et expériences sexuelles, acceptation de soi et des autres, autant d’étapes importantes qui constituent ce passage à l’âge adulte tant redouté par de nombreux adolescents. C’est ce que va traverser Otis (Asa Butterfield), un lycéen vierge incapable de se masturber, dont les complexes s’amplifient par la présence intrusive de sa mère dans sa vie privée. Jean (Gillian Anderson) est une sexologue débridée dont les conseils avisés vont finalement aider Otis au lycée d’une manière inattendue.
Avec son meilleur ami gay Eric (Ncuti Gatwa) et la rebelle du lycée Maeve (Emma Mackey), l’adolescent maladroit va démarrer une petite cellule clandestine de thérapie sexuelle pour ses camarades de classe. Ensemble, ils vont gagner en popularité et surtout en maturité. Sex Education, loin des teen drama américains lisses, propose une galerie de personnages atypiques à l’humour noir exquis et aux problèmes proches de la réalité. Ils ne sont pas sans rappeler la bande de la série culte Skins, créée par Jamie Brittain et Bryan Elsley, qui a révolutionné le genre en traitant de thématiques importantes pour les ados en pleine crise existentielle.
La showrunneuse de Sex Education, Laurie Nunn, s’est entourée des producteurs Jamie Campbell et Joel Wilson, qui nous avaient aussi offert en 2014 la petite pépite sérielle méconnue Glue, sorte de thriller sur des adolescents campagnards porté par Callum Turner (Les Animaux Fantastiques). Comme Skins et Glue, Sex Education enterre le cliché de l’adolescent qui se laisse vivre et dévoile des personnalités attachantes à travers un récit sans concession et touchant d’une génération délurée et désabusée.
UN HUMOUR EXCENTRIQUE SO BRITISH
Comme beaucoup de séries britanniques, Sex Education bénéficie d’une intrigue simple mais efficace et surtout d’un humour british sans pareil. Irrévérencieuse mais jamais vulgaire, émouvante mais jamais mielleuse, drôle mais jamais cassante, la série portée par Asa Butterfield fait aussi penser à Lovesick et son héros Dylan (Johnny Flynn). Ce dernier décide de reprendre contact avec toutes ses ex copines lorsqu’il apprend qu’il a attrapé une chlamydia. Au-delà du devoir d’information envers ses anciennes partenaires sexuelles, Dylan se remémore à travers des flashbacks ses relations et tente d’en tirer les meilleures leçons.
Comme Dylan, Otis est un excellent conseiller en relations amoureuses qui a bien du mal à appliquer ses directives à ses propres problèmes intimes. Les deux personnages partagent aussi un humour détonant et une répartie qui fait mouche. Dans Sex Education, chacun des personnages est sans filtre et d’un sarcasme à toute épreuve. Mais l’atout haut en couleur reste Eric, le meilleur ami d’Otis qui apporte autant de chaleur et d’amour que d’émotion et de répliques assassines.
Mais Otis a aussi sa part d’excentricité et de bizarrerie qui rappelle la folie de Tracey (Michaela Coel), héroïne de la série Chewing Gum. La jeune épicière de 24 ans, élevée dans une famille très religieuse et toujours vierge, s’ouvre enfin au monde extérieur et découvre sa sexualité et sa féminité grâce à de nouvelles rencontres. Avec une personnalité lunaire et très adulte pour son âge, Otis, comme Michaela, se démarque de ses camarades et devient un héros drôle, attachant et profond qui porte la série Sex Education, à découvrir d’urgence !