De qui s'inspire Un homme pressé incarné par Fabrice Luchini, ce mercredi au cinéma ? L'histoire est basée sur celle de Christian Streiff, patron de Peugeot Citroën, qui, un matin de mai 2008 est terrassé par un AVC dans son bureau. Le corps est intact, mais une partie de sa mémoire s’en est allée.
Christian Streiff va raconter cette histoire dans un livre (J'étais un homme pressé, réédité (éditions du Cherche Midi) dans une version actualisée à l'occasion de la sortie du film) : il y fait le récit de son combat pendant trois ans pour se libérer de son handicap, l'occasion d'une terrible confrontation avec lui-même. Le capitaine d’industrie, celui qui fut l’un des plus importants patrons de France, ne renoncera jamais à se projeter dans l’avenir, avec une seule ambition : accomplir ses rêves coûte que coûte. Parcourir le monde à pied, traverser le Pacifique à la voile, découvrir la nature en solitaire.
Aujourd'hui, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, Christian Streiff a retrouvé les mots de la vie ordinaire, et construit une nouvelle carrière dans l’industrie, - mais il laisse désormais "du temps au temps" pour nourrir la part intime de lui-même.
Un homme pressé prend-il beaucoup de libertés avec l'histoire vraie de Christian Streiff ?
Dans une interview avec le journal Le Monde, Christian Streiff dit sans détour que cette "histoire n’a rien à voir avec la [s]ienne". La raison ? "Ce PDG très autoritaire, méprisant, ce vrai salaud qu’incarne Luchini au début, ce n’était pas moi. Cela, c’est le patron tel que les Français aiment le détester, et c’est dur de se dire que j’ai pu avoir quelque chose en commun avec lui". Si le récit de cet homme frappé par un AVC est bien inspiré de faits réels, Christian Steiff assure donc que la personnalité décrite dans le film est bien éloignée de la sienne.
Autre différence de taille : Fabrice Luchini y est veuf, alors que Christian Streiff n'a pas perdu sa femme dans la vraie vie. En montrant un Luchini solitaire, cela laisse le champ libre à une histoire plus romancée, notamment dans l'amitié qui va se créer avec le personnage de Leila Bekhti.
Le film prend aussi un certain nombre de libertés avec la façon dont est dépeinte la maladie, en mettant l'accent sur un certain nombre de situations comiques, notamment lorsque Fabrice Luchini confond certains mots. Ce qui est bien réel, en revanche, dans l'inversion des mots : Christian Streiff appelait bel et bien les orthophonistes "ses psychopathes", mais sans s’en rendre compte ! Un certain nombre de différences donc, mais Christian Streiff assure à nos confrères du Monde avoir beaucoup aimé le film.
Des premiers pas au cinéma pour Christian Streiff
Pour l'anecdote, Un homme pressé marque les premiers pas au cinéma de Christian Streiff. L'ancien PDG du CAC 40 y joue un petit rôle, "celui d’un chômeur qui fait la queue à Pôle emploi", révèle Le Monde. "Je suis venu souvent sur le tournage, j’ai longuement discuté avec Leïla Bekhti et Luchini, à qui j’ai tenté d’expliquer sans grand succès mon métier de patron, confie Streiff au journal." Et d'ajouter : "A force de m’intéresser à tout, j’ai dû taper sur le système de l’équipe…"
La bande-annonce d'Un homme pressé, à l'affiche ce mercredi