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    Opération finale : rencontre avec Sir Ben Kingsley dans la peau d'Adolf Eichmann

    Sir Ben Kingsley était au Festival du film américain de Deauville pour parler d'"Opération finale", un long métrage dans lequel il incarne le criminel de guerre nazi Adolf Eichmann face à Oscar Isaac. Actuellement disponible sur Netflix.

    Metro Goldwyn Mayer

    AlloCiné : Pourquoi avoir choisi de jouer cette personnalité ?

    Sir Ben Kingsley : J'ai accepté ce rôle car je le devais aux gens que j'avais rencontrés. (...) Mon portrait devait rappeler au monde cette terrible perte en Europe. Nos poètes, peintres, docteurs, scientifiques, mathématiciens, mères, pères, écrivains... Leur silence est toujours assourdissant.

    Comment se prépare-t-on à jouer Adolf Eichmann ?

    J'ai eu une préparation contrintuitive, en essayant de faire quelque chose de très différent et requérant une certaine discipline. L'ingrédient crucial qui me manquait était l'empathie. J'ai joué des gens que j'adorais, comment jouer quelqu'un que je haïssais ? Avec Eichmann, je devais être portraitiste. (...) Je me suis placé du point de vue de ses victimes, comme si elles guidaient mes pinceaux, si vous voulez. Comme si ses victimes me guidaient "va par ici, va par là, là tu l'as". Et j'ai vu des images de son procès où les gens fondaient en larmes en témoignant. La pureté vient de la victime. Comme me l'avait dit mon ami Eli Wiesel : "le dernier mot doit revenir aux victimes". (...) Ce film est un thriller très prenant et finalement, rédempteur.

    Peut-on trouver l'humanité dans un personnage comme celui-là ?

    Je pense que la tragédie, ce que nous ne pouvons pas accepter, c'est que les hommes comme Eichmann étaient de leur points de vue de bons parents et de bons Allemands (...). C'est très difficile pour nous. On préférerait qu'ils viennent de Mars et n'aient rien à voir avec nous. (...) Mais mes victimes me disaient "ce n'est pas un bad guy émouvant, désolé".(...)

    MGM

    A un moment, Suzanne Stokes-Munton me mettait ma perruque et il y avait une photo d'Eichmann à côté et j'ai demandé à ce qu'elle soit enlevée. Je ne pouvais pas le laisser approcher si près. C'est parce que j'ai pris mes distances que j'ai pu créer un portrait que les victimes auraient perçu comme exact.

    Quelles recherches avez-vous effectué ?

    J'ai regardé son procès, des photographies, rencontré des victimes de l'Holocauste.

    Vos répliques dans le film sont-elles tirées de véritables déclarations d'Eichmann ?

    J'ai joué 17 pièces de Shakespeare et j'ai un énorme respect pour le texte écrit. (...) J'ai demandé que pas une ligne ne soit changée à mes dialogues. Pour moi, cela sonnait juste quant à ce que j'avais lu dans le formidable Eichmann Before Jerusalem [de Bettina Stangneth]. Si un ou deux mots ont été traduits un peu légèrement, ils n'ont pas été tordus. (...)

    Quels ont été vos rapports avec les autres comédiens sur le plateau, notamment Oscar Isaac ?

    Je travaille avec ce qui arrive sur le plateau. Je restais beaucoup dans mon coin à Buenos Aires [où s'est déroulée une partie du tournage, NdlR], je peux décrire avec précision et intimité ma chambre d'hôtel mais je ne me suis pas sociabilisé avec mes camarades acteurs. Mon plaisir était d'interagir avec eux au tournage et de savoir combien ils avaient confiance en moi pour être leur collègue en vue de raconter cette incroyable histoire. (...)

    "Opération finale", disponible depuis le 3 octobre sur Netflix :

     

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