Tout au long de sa très scrutée et très commentée deuxième saison, The Handmaid's Tale a fait l'objet de nombreux débats mettant en lumière ses contradictions, ses faiblesses parfois, sa capacité folle à éclairer l'actualité et le réel par son prisme singulier et, par conséquent, celle de ne jamais laisser indifférent. Si la saison 2 n'a pas perdu en force ni en lyrisme -l'épisode 11 est de ce point de vue un petit chef d'oeuvre dans le chef d'oeuvre- elle a aussi dérangé en persistant à montrer de manière frontale et répétée la violence à laquelle les femmes de Gilead sont constamment soumises, au risque de tourner au "torture porn" comme certains le lui ont reproché, au point de s'en détourner.
Elle a sans doute aussi souffert d'un nombre d'épisodes trop important -13 au lieu des 10 que comptait la saison 1- et d'une ambition de s'inscrire dans la durée et dans les années alors que le roman dont elle est l'adaptation a déjà été entièrement utilisé. The Handmaid's Tale n'aurait-elle pas été plus puissante si elle n'avait été qu'une mini-série ou qu'une série en 3 saisons, lui permettant ainsi d'aller toujours en avant, plutôt que d'opérer de nombreux retours en arrière, donnant le sentiment que les scénaristes, comme June, sont condamnés à faire du surplace ? Le créateur a dit à plusieurs reprises vouloir faire au moins 8 saisons... Ne faudrait-il pas également qu'elle abandonne un peu plus souvent June et les Waterford pour s'intéresser à la multitude de personnages secondaires au potentiel énorme rarement exploité ?
Ce final était à l'image de la saison 2 : aussi frustrant que brillant. Voilà ce qu'il faut en retenir à travers ses 3 principales protagonistes et les questions qui restent en suspens en attendant la saison 3 prévue pour 2019...
SERENA
Serena est sans aucun doute le personnage qui aura eu la trajectoire la plus imprévisible et le plus passionnante de cette deuxième saison, après avoir passé la première dans l'ombre de son mari. La prestation d'Yvonne Strahovski a été, du début à la fin, une merveille absolue. Passant tour à tour de bourreau à victime, puis de victime à bourreau et à nouveau de bourreau à victime, Serena est pêtrie de contradictions, sans cesse habitée par des vents contraires, construisant une relation intime mais extrêmement complexe avec Offred, faite de respect, d'empathie, d'admiration parfois, mais aussi de rejet, de jalousie et d'intenses coups de sang et de paroles blessantes.
Dans le final, Serena fait un choix qui est à la fois surprenant mais rétrospectivement très bien préparé par les scénaristes -la mort d'Eden l'a definitivement fait basculer- au point qu'il en devient crédible, aussi fou qu'il puisse paraître. Malgré son attachement à la petite Nicole, Serena accepte de la laisser partir car elle a compris, enfin, que la pire chose qui puisse arriver à cette enfant, et à une fille en général, est de grandir à Gilead, où aucune femme, même parmi les plus puissantes, n'est épargnée. Est-ce qu'une femme comme elle, profondément conservatrice, changerait d'avis comme elle fait dans "la vraie vie", dans notre réalité ? Probablement pas. Mais c'est aussi ça l'intérêt de la fiction, de montrer la voie, de montrer non pas ce qui est mais ce qui devrait être.
Que va-t-il advenir de Serena désormais ? Peut-elle se délivrer des griffes de son mari ? Le veut-elle seulement ? June va-t-elle revenir l'aider ? Son avenir s'annonce extrêmement sombre...
EMILY
Emily n'a pas bénéficié de la même attention que Serena, et a longtemps disparu avant de revenir sur le devant de la scène en intégrant le foyer du Commandant Lawrence, impeccablement incarné par Bradley Whitford. Un nouveau personnage prometteur, qui a certainement encore beaucoup à offrir. Si bien qu'Emily reste encore une énigme au bout du compte. Malgré les flashbacks sur sa vie passée, déchirants, malgré ses agissements, violents. Dans ce final, elle n'hésite pas à s'en prendre à Tante Lydia. L'a-t-elle tuée ? Probablement pas, il y a encore trop à dire sur ce personnage et on imagine mal les producteurs se passer du talent d'Ann Dowd, en tout cas pour le moment. Le public réclame d'en savoir plus sur cette femme qui est la méchante iconique que l'on ne peut pas s'empêcher d'adorer dès qu'elle apparaît à l'écran tant elle est fascinante.
Quel parcours attend Emily et Nicole de l'autre côté ? On l'imagine mal se dérouler sans accrocs. Le commandant Lawrence va-t-il jouer un rôle prépondérant dans la révolte ? Va-t-il croiser le chemin de June ? Vont-ils s'allier ?
JUNE
June n'a évidemment pas été épargnée cette saison, c'est le moins que l'on puisse dire, du premier épisode où elle passe plus près de la mort que jamais, à sa grossesse compliquée dans un contexte aussi affreux, à ces moments où elle a cru, et où on a cru avec elle, que son calvaire était peut-être sur le point de se terminer, ou au moins de s'atténuer, de prendre une nouvelle direction loin des Waterford. De ce moment crucial où elle aurait pu décider de les tuer d'un coup de fusil. De cet accouchement solitaire qui aurait pu la tuer. De ces impossibilités d'échapper à son destin funeste est née une frustration chez les téléspectateurs. Mais alors jamais elle ne pourra trouver la paix ? La série est-elle condamner à l'enfoncer toujours plus ? Le chemin de la délivrance semble encore loin...
... et pour la pemière fois dans ce final, elle prend la décision, controversée, de ne pas partir au Canada avec Emily et sa fille, mais de rester à Gilead. Pourquoi ? Certainement pour sauver son autre fille, Hannah, qu'elle ne peut se résoudre à abandonner définitivement. Un sacrifice maternel qui est la suite logique, naturelle de son évolution. Plus tôt dans la saison, un homme est mort parce qu'il voulait l'aider. Cette fois, elle semble avoir compris que la seule solution est de risquer sa propre vie, chose qu'elle ne pouvait pas se permettre de faire réellement tant qu'elle était encore enceinte. Sa décision n'est pas maligne, elle est folle, elle est irraisonnée, elle est héroïque. Mais June croit-elle réellement qu'elle peut sortir vivante de tout ça ? June est un être intelligent qui a pris une décision qui ne l'est pas. June est toujours profondément humaine dans un monde qui ne l'est plus depuis longtemps...
Et vous, qu'en avez-vous pensé ?
La bande-annonce du final de la saison 2 :