AlloCiné : Paul Sanchez est revenu ! repose beaucoup sur son mystère et ses rebondissements. D'où cette question très simple, qu'aimeriez-vous que le spectacteur sache avant d'aller voir le film, sans trop en dire donc ?
Patricia Mazuy, réalisatrice : C'est une gendarme solitaire, en mal d'intense qui attend une grosse affaire. le film parle de ce que provoquent les faits divers sur les gens. Il y a une déflagration qui se passe autour du Rocher de Roquebrune, qui part sur une petite embrouille de rien du tout, et à partir de ce moment, on voit Sanchez au bout de sa cavale. C'est un criminel au bord de la crise. Au fur et à mesure, on va voir toute cette petite région qu'on regarde, traversée par les réactions, les ricochets, les fantasmes que leur propose l'idée de vivre une aventure avec ce fait divers.
Tous ces personnages aspirent à mieux...
Oui, la gendarmerie est une fenêtre sur le réel d'un petit territoire où les gens voudraient autre chose.
On peut aborder ce film comme un polar, mais il y a aussi un autre aspect qui a été mis en lumière pendant la promotion du film par ses comédiens, à savoir son côté à la Coen...
Le côté film noir est assumé. Et c'est un film noir par moment complètement burlesque, donc un peu à la Coen, mais ce n'est pas un burlesque gore. Chez les Coen, il peut y avoir une cruauté physique; là, c'est une cruauté mentale. J'avais envie de faire un film devant lequel on est supris et content de découvrir des nouveaux trucs tout le temps.
Dans une interview à l'époque de la sortie de Sport de filles, votre précédent long métrage, vous aviez dit "Il ne ressemble pas du tout à l'idée que peut se faire un étranger d'un film français", et j'ai envie de vous dire que c'est la même chose pour Paul Sanchez est revenu !
Absolument. C'est vrai, ce n'est pas un film français dans les clous. Ce n'est pas un film français qui a l'air du film français. Ca se passe dans un territoire provincial peu exploré, dans le sens où ce ne sont pas des marginaux. C'est un film qui regarde la France, comme les Coen pourraient regarder l'Amérique sur chaque film. Là, on regarde ce petit coin du Var autour du Rocher de Roquebrune. Les gens peuvent se l'approprier avec leur subjectivité. Il appartient au spectateur. On peut s'amuser avec, ou s'engloutir dedans. Il a une liberté, mais en même temps, il était important de tenir une rigueur du polar, du film noir.
Vous avez évoqué cette fascination que peut avoir le public pour les faits divers. Cela faisait partie des choses qui vous ont intéressé dans ce projet, d'essayer d'explorer ce rapport particulier qu'on a avec l'horreur du fait divers, on a cette curiosité...
Oui, ou le côté dingue. Oui. Il y avait deux préalables au film : la matière mentale du film, et la matière physique du film, à savoir le rocher et son territoire autour. Après, on a construit cette histoire. En l'écrivant avec Yves Thomas, on a vraiment réfléchi à ce qui nourrit cet appétit pour la lecture ou la vision ou le suspense des faits divers. En préparation ensuite, j'étais sur des choses très concrètes. Comment mettre les cheveux de Laurent Lafitte pour qu'il ait l'air déglingué ? Comment je vais boucler Zita Hanrot pour qu'elle ait l'air un peu Blaxploitation et qu'on s'amuse un peu avec elle ? Le cinéma, ce sont des choses très concrètes, car après, il faut habiter un plan. On met un acteur et s'il est dans une situation concrète, il a de quoi exister, être dense. Sinon, on est superficiel. Il faut qu'on fasse émerger du réel. Le film n'est pas réaliste mais il est très sur le réel des personnages.
Vous avez donc travaillé sur le look de Laurent Lafitte pour le rendre crédible dans ce personnage. Cela passe par quoi ?
Ca a été un gros taff. C'était deux mois d'essai. Par exemple, trouver la veste [qu'il porte tout au long du film]. Il ne fallait pas avoir peur des choix forts car il avait un seul habit, donc c'était fondamental.
Zita Hanrot, c'était pareil : elle a fait des stages de gendarmerie. A la fin du tournage, elle n'arrivait plus à enlever l'uniforme.
La bande-annonce de Paul Sanchez est revenu!, à l'affiche ce mercredi :