Un séisme frappe la ville de Paris. À peine quelques minutes plus tard, une brume épaisse et mortelle submerge la capitale. Seuls les derniers étages des immeubles semblent échapper à l'asphyxie. Mathieu et Ana trouvent refugent chez leur voisin du dessus mais doivent trouver un moyen de sauver leur fille, prisonnière dans l'appartement du dessous. Les secours ne viendront pas, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour survivre...
Tel est, en quelques mots, le pitch de Dans la brume. Réalisé par Daniel Roby, ce film de science-fiction a la particularité d'être profondément ancré dans le réel. Au micro d'AlloCiné, Romain Duris et Olga Kurylenko nous racontent leur expérience sur ce long métrage singulier et fantastique qui, à aucun moment, ne fait l'impasse sur l'émotion.
AlloCiné : Les films de science-fiction français sont assez rares. Pourtant, le réalisateur, qui est canadien, a décidé de prendre pour cadre la ville de Paris. Pourquoi ?
Romain Duris : Parce que c’est beau. Il y a quelque chose de visuel, d’assez puissant avec cette brume étrange et silencieuse, surplombée par les toits de Paris. Ils ont fait le choix d’un Paris authentique, d’un Paris qui est là depuis des années. On n’est pas à la Défense, on n'est pas dans des immeubles modernes ou, d’un coup, une fumée pourrait être plus logique. Il y a une contradiction entre l’authentique parisien, l’âme, le charme de la capitale et cette brume qui est plus un élément de film dramatique, de cinéma fantastique.
Olga Kurylenko : Et puis c’est inattendu, car il n’y pas beaucoup de film catastrophe qui se déroule à Paris.
Justement, pourquoi est-ce si compliqué de produire du cinéma de genre en France ?
RD : Ce n’est pas difficile, c’est juste qu’il y a des vagues dans le cinéma français. Il va y avoir plusieurs productions qui vont s’atteler aux films de genre, puis ça va disparaître. On va donc faire autre chose, de la comédiepar exemple, parce que ça marche. Jusqu’au jour où ça s’essouffle… Et ainsi de suite. Là, j’ai l’impression que le film de genre revient.
C’est quoi cette brume à votre avis ?
RD : Je pense que c’est quelque chose qui s’échappe de la terre après un séisme.
OK : Moi je pense que c’est dû aux changements climatiques, aux problèmes que l’on a en ce moment avec notre planète. Il neige au printemps, il fait 20 degrés en hiver, il y a de plus en plus de séismes, de plus en plus d’ouragans, dans des endroits où il n’y en avait pas avant. Je pense que notre planète souffre avec tout ce qu’on lui fait subir et pour moi, cette brume résulte de cela.
Selon Alain Jessua, il y a une différence entre anticipation et science-fiction : dans quelle catégorie joue "Dans la brume" ?
OK : Pour moi, c’est un peu les deux. Il suffit de voir le monde dans lequel on vit. Rien qu’ici à Paris, lorsque la ville est sujette aux pics de pollution.
RD : Je pense que c’est plus un film catastrophe, un thriller fantastique, qu’un film d’anticipation. En tout cas ça ne m’a pas effleuré lorsque l’on jouait. Pour ma part, j’ai toujours pensé que ça pouvait être aujourd’hui.
On perçoit diverses influences dans le film : on pense notamment à The Mist. Avez-vous travaillé avec des références en tête ?
RD : Pas du tout ! Nous, notre défi, c’était de ramener ça à quelque chose de concret. Nous voulions être très réaliste, afin que le spectateur s’identifie aux personnages. On ne voulait pas faire référence à tel ou tel long métrage. D’ailleurs, je me suis vraiment tenu à l’écart de ces films pour mettre l’accent sur le réel, les sentiments, quelque chose d’humain.
Ce film est bouleversant parce qu’on peut s’identifier
Il fallait arriver à faire de la place à l’émotion : certaines personnes ont été terrifiées, d’autres n’arrivaient pas à respirer… Je pense que ce n’est pas que la vue de la fumée qui fait ça. Ce film-là est plus bouleversant parce qu’on peut s’identifier.
De la fumée en permanence, un environnement urbain quasi désert… Parlez-nous un peu des conditions de tournage.
OK : On a beaucoup tourné en studio mais paradoxalement, c’est ce qui nous a permis d’obtenir ce réalisme. Il y avait des grosses machines qui nous envoyaient de la fumée tout le temps, du matin au soir, c’était très perturbant. L’apnée n’était pas feinte, tout était vrai : les masques, les bouteilles, la valise, qui était d’ailleurs très très lourde… On devait courir sur plusieurs étages en apnée, dans la fumée, parfois 50 fois d’affilée. C’était très éprouvant mais le résultat n’en est que plus réussi.
RD : C’est vrai qu’il fallait de l’endurance. Daniel Roby est le genre de metteur en scène qui aime bien répéter, faire beaucoup d’axes différents, afin d’avoir du matériel pour son montage C’était rythmé ! Mais il avait sa façon de mettre en scène les effets et il a pris le temps de faire des plans plus recherchés, plus compliqués.
La bande-annonce de "Dans la brume", actuellement dans les salles