Synopsis : Alice et Nadia sont deux femmes françaises et pourtant étrangères l'une à l'autre. Leurs univers sont étanches et tout les sépare : leurs origines, leur classe sociale, leurs convictions, et leur mode de vie. Face à la drogue, elles sont pourtant brutalement confrontées au même défi : sauver leurs fils de la prison, puis de la mort... Seul point commun entre elles : l'amour maternel, qui va les conduire à remettre leurs préjugés en question et à s'allier jusqu'à former un duo complice... et prêt à tout.
Prêtes à tout, réalisé par Thierry Petit et écrit par Lorène Delannoy, Laure de Colbert, et Pierre Tonachella.
Avec Anne Charrier, Alika Del Sol, Jules Houplain, Julien Boisselier, Abderahmane Cherif, ...
Mercredi 14 mars à 21h sur France 2, suivi du débat "Drogue, un échec français", animé par Julian Bugier
AlloCiné : Qu'est-ce qui vous a plu dans Prêtes à tout et dans le personnage d'Aline lorsqu'on vous a proposé le projet ?
Anne Charrier : Au-delà du personnage d'Aline, il y avait le projet. Le projet était plus fort, l'histoire était plus forte. L'histoire de ces deux mères et de ces adolescents, ainsi que le côté tragédie dans la façon dont le récit va très vite déraper, ça m'intéressait beaucoup.
On ne vous avait pas encore vue dans ce registre de la mère courage. C'était une motivation pour vous, le fait de vous essayer à ce genre de rôle ?
Non, c'est vrai, je n'avais jamais fait la mère courage encore. Mais ce n'était pas ça la motivation. Je n'ai pas ces réflexes-là. Je pense au projet mais je ne m'inscris pas dans une orientation de carrière. Après c'est vrai qu'il peut arriver qu'on ait l'impression d'avoir déjà joué un personnage, et dans ce cas-là ça peut être une retenue. Mais si le projet est bien, on est au service du projet et c'est ça qui importe le plus.
La diffusion de Prêtes à tout sera suivie d'un débat animé par Julian Bugier et s'inscrira donc dans une grande soirée autour du sujet de la drogue chez les adolescents notamment. Est-ce que vous avez l'impression de faire de la "télé utile" grâce à ce téléfilm, d'aider à sensibiliser le public ?
La télé peut interroger à des endroits où on ne l'attend pas, donc de ce point de vue là ça peut être utile. Quand on se plante sur son canapé après une journée de boulot, on n'a pas forcément envie de se poser des questions de fond. Et si une fiction permet de nous interroger, tant mieux, mais je trouve ça un peu prétentieux de dire que c'est de la télé qui va faire réfléchir. Mais quand même, un sujet aussi fort ça fait inévitablement réfléchir un peu.
Vous serez présente sur le plateau ? Vous allez participer au débat ?
Oui, mais comme candide. Je suis la spectatrice lambda qui vient assister à un débat avec des gens qui s'y connaissent vraiment. Car le débat va être orienté autour de la drogue et des trafics, et moi je n'ai pas un point de vue d'expert sur ce sujet.
Comment est-ce qu'on se prépare à un rôle aussi fort, aussi intense ?
En se laissant aller, en essayant d'arriver sur le tournage le plus disponible possible à la surprise, au chaos, à ce que les scènes vont amener. J'avais lu bien sûr les histoires autour de ces fusillades à Marseille, mais je ne peux pas vous dire que j'ai fait un travail de documentation comme sur Maison close par exemple, où on rentrait dans une autre époque. Là je me suis juste dit "Aline c'est moi". Et "Moi dans cette situation qu'est-ce que je ferais ?". Et je savais que c'était un gros travail de concentration. Il fallait être très concentré pour être disponible au moment où les scènes fortes arrivaient.
Votre fils dans Prêtes à tout est incarné par Jules Houplain, que l'on a vu récemment dans Les Innocents sur TF1 et avec qui vous aviez déjà travaillé sur le film On voulait tout casser. Le fait de vous connaître, ça vous a aidé à construire plus facilement cette illusion de famille à l'écran ?
Oui, ça a beaucoup aidé dans le rapport filial inévitablement, dans la confiance. Tout est question de confiance en fait. Plus on est en confiance avec nos partenaire et notre metteur en scène et plus on aura de la facilité à livrer quelque chose d'original ou d'organique. Donc j'espère que c'était le cas de Jules aussi. J'étais en confiance avec lui, je savais que ça pouvait être mon fils. Et pour l'anecdote, je connaissais Jules avant même d'avoir tourné avec lui. Je l'avais croisé à plusieurs reprises lorsqu'il était enfant car je connaissais ses parents, et ça a rendu les choses très simples, très faciles.
On vous retrouvera prochainement sur France 2 dans la mini-série Maman a tort, adaptée du roman éponyme de Michel Bussi. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur votre personnage ?
C'est un personnage nouveau pour moi, qui, contrairement à Aline, Delphine [dans Chefs], ndlr, ou Marjorie, a une forme de virilité. Elle évolue dans un milieu d'hommes et elle a un aspect plus rugueux. J'aimais bien l'idée de me frotter à ça. Elle n'est pas du tout dans la bien-pensance, elle n'a pas envie d'être aimée. L'autre jour je regardais des images et je me disais "C'est vrai que c'est réussi, on ne l'aime pas". Même si évidemment j'espère qu'on va l'aimer quand même un peu (rires). Mais c'est une nana qui ne fait aucun effort, qui est rentre-dedans, qui est désagréable.
Et alors que la télévision pullule de séries policières, vous avez très rarement joué les femmes flics, hormis dans La Crim' il y a quelques années...
Oui, mais La Crim' c'était des policiers différents. Et la police a énormément évolué depuis. Mais j'avais hyper envie de jouer un flic. C'est la base de notre métier de comédien, de nos envies de jeu. Le gendarme et le voleur. Courir après des méchants, gueuler après ses hommes, faire un chef. J'avais envie de jouer un chef, j'aime bien faire les chefs (rires).
Et c'est vraiment une mini-série bouclée ?
Oui, il n'y aura pas de suite. C'est vraiment bouclé, on ne pourrait pas aller plus loin.
La fin de Chefs après deux saisons, en 2016; c'est un regret ou vous aviez l'impression que la série était arrivée au bout de quelque chose au terme de la saison 2 ?
Non, je crois qu'on avait encore beaucoup de choses à raconter. Moi, personnellement, j'aurais continué volontiers avec cette équipe, et avec ce personnage. Chefs c'était vraiment une expérience très heureuse. On a eu l'impression de proposer quelque chose de nouveau à la télévision, avec un point de vue particulier. C'était vraiment un projet excitant, donc oui on était déçu que ça s'arrête.
Vous avez une double actualité car vous êtes également à l'affiche de la pièce de théâtre En attendant Bojangles, adaptée du roman d'Olivier Bourdeaut, qui se joue du mardi au samedi à 19h à La Pépinière Théâtre à Paris. Qu'est-ce qui vous a tout de suite séduit dans cette pièce ? Vous aviez lu le roman dans un premier temps ?
Oui, j'avais lu le roman et j'avais adoré l'écriture et l'aspect onirique et conte de l'histoire. Traiter d'un drame mais de manière complètement joyeuse, décalée, et lumineuse. Et puis ce personnage, je m'étais dit "Ça doit être un pied énorme de jouer ça". Et voilà, quelques mois plus tard on m'a dit que j'allais le jouer et j'étais ravie.
Est-ce qu'on appréhende de jouer dans une pièce qui est adaptée d'un roman qui a été un immense succès de librairie, par rapport à l'accueil du public ?
Oui, bien sûr. Si on était un peu raisonnable on n'irait pas d'ailleurs je pense. Car on a peur de ne pas être à la hauteur de quelque chose qu'on a aimé. Donc, au-delà de la peur de ne pas plaire aux autres, on ne veut pas se décevoir soi. Et en même temps c'est aussi un challenge. Et on a aussi peur de trahir la pensée de l'auteur. Je devrais en parler à mes camarades, mais moi en tout cas j'avais peur oui.
On vous retrouve là encore dans un tout autre registre, très décalé, très excentrique. Est-ce qu'il y a des rôles ou des registres que vous n'avez encore jamais joués et qui vous font rêver ?
J'aimerais bien jouer une mafieuse. C'est mon créneau en ce moment, je lis beaucoup de polars. J'adorerais jouer une méchante vraiment très très méchante. Avec une dent en moins (rires).
Vous avez d'autres projets à venir dont vous pouvez nous parler, que ce soit au cinéma, à la télévision, ou au théâtre ?
Je vais attaquer le nouveau film de Roschdy Zem mi-avril. J'ai un très joli rôle, je suis vraiment très heureuse. Et dans le même temps je commence des répétitions pour une pièce qui s'appelle Canard à l'orange. Un authentique boulevard qui avait été monté par Jean Poiret il y a des années. Ça c'est pareil, c'est un peu comme la flic, c'est quelque chose que j'avais très envie de faire. Et puis j'y vais avec une bande de grands complices, dont Nicolas Briançon, François Vincentelli avec qui j'ai joué dans Marjorie, Sophie Arthur, Alice Dufour.