Bill Skarsgård aime disparaître à l'écran. C'était le cas pour le film d'horreur Ça dans lequel il interprète le clown Grippe-Sou. Avec le Nosferatu de Robert Eggers, il pousse tous les curseurs à l'extrême. Sa transformation dans la peau du célèbre vampire est telle que l'acteur est absolument méconnaissable.
Cette nouvelle version est bien plus proche de l'originale, signée Murnau en 1922, que celle de Werner Herzog sorti en 1979. Le réalisateur tente de recréer l'essence du film muet en proposant une autre lecture du point de vue du personnage féminin - brillamment interprété par Lily-Rose Depp - et tournée vers la sexualité - à la manière du Dracula de Francis Ford Coppola.
Une transformation intense
Pour entrer dans la peau de son personnage, Bill Skarsgård a dû passer six heures sur la chaise de maquillage. "La première fois qu'il a vu la sculpture du maquillage prothétique, il était intimidé, révèle Robert Eggers à AlloCiné. Au troisième test d'écran avec tout le costume complet, il avait simplement disparu."
L'acteur ne s'est pas arrêté au corps. Il a également changé sa voix d'une façon radicale en s'entraînant avec un chanteur d'opéra qui a baissé sa voix d'une octave. "C'était la chose la plus compliquée qu'il ait eu à faire", ajoute le cinéaste. Pendant plus d'un mois et demi, Bill Skarsgård s'est enregistré et il poursuivait ses exercices sur le plateau.
L'aventure a tellement été intense pour l'acteur qu'il ne souhaite plus travailler avec des prothèses. "Jamais je ne referai quelque chose d'aussi sombre dans ma vie", a-t-il lancé à Empire.
Pourquoi aime-t-on autant les vampires ?
Pour Robert Eggers, la pression de refaire un Nosferatu est grande : "Je ne fais pas seulement un film de vampire. C'est le film qui a en, d'une certaine manière, inventé les films d'horreur et il y a déjà eu d'autres remakes. Et donc vous êtes aux prises avec votre propre orgueil et votre propre manque de confiance." Afin de dompter ses peurs, le réalisateur a fait énormément de recherches sur l'époque pour rester le plus réaliste possible.
Pourquoi le vampire suscite-t-il autant de fascination ? Le cinéaste a sa petite idée : "Ce qui est formidable chez le vampire à bien des égards, c'est son adaptabilité. Il y a de la place pour mon vampire folklorique traditionnel. Il y a de la place pour Blade. Il y a de la place pour Edward Cullen. L'essence de tout ça, c'est le conte de fées à l'intérieur, les idées, ces inspirations... Je ne vois pas comment ces thématiques peuvent mourir un jour, elles sont éternelles... comme un vampire."
Propos recueillis par Mégane Choquet, à Paris, le 6 décembre 2024.
Nosferatu de Robert Eggers, le 25 décembre au cinéma.