AlloCiné : A l'image des sagas américaines, s'emparant de franchises connues, comment présenteriez-vous Les Aventures de Spirou et Fantasio. Peut-on parler d'un reboot ?
Alexandre Coffre, réalisateur : Je parle plus de préquelle. Parce qu'on ne réinvente pas les personnages. On essaye de raconter leur rencontre qui n'a pas été racontée en bande-dessinée. Ca a été la bonne idée de Juliette Salle et Fabien Suarez, les scénaristes. Ils avaient posé deux pages de traitement, et quand j'ai lu ces deux pages qui racontaient la rencontre en fin de compte, et d'une certaine manière deux personnages, comme on ne les connaît pas tout à fait, un un peu plus dépressif, et l'autre, un jeune homme qui ne fait pas forcément ce qu'il faut dans la vie pour bien démarrer. Ca m'intéressait car c'était une manière de construire des vrais personnages.
De partir de la bande-dessinée et d'avoir de vrais personnages de cinéma, avec une profondeur, des problématiques, des conflits. Créer leur rencontre était intéressant. L'objectif était que dans les 20 dernières minutes du film, on ait les vrais Spirou et Fantasio que l'on connaît en bande-dessinée. Et avant, on va raconter comment ces deux hommes se construisent.
Dans la mise en scène, on sent que vous avez mis un soin particulier à donner une esthétique BD, par exemple avec l'utilisation du split screen...
A l'inverse, quand j'ai relu Spirou et Fantasio, j'ai trouvé qu'il y avait un potentiel cinématograhique énorme. C'est très cinématographique, Spirou et Fantasio. Dans l'idée de l'aventure, de la comédie, du dépaysement, de l'action, des cascades... Il y a déjà tout ça dans Spirou et Fantasio. J'ai essayé de mêler bande-dessinée et cinéma en permanence. On a utilisé le split-screen, quelque chose de complètement cinématographique, mais qui en même temps peut rappeler les cases de bande-dessinée. On a essayé de mêler tout ça. Mais je voulais donner un vrai potentiel cinématographique au film, en tournant en Scope, avec de grands paysages... Raconter une grande aventure, grande dans le sens visuel. J'avais envie de développer ça. C'est vrai que c'était important de trouver cette énergie. Ne pas simplement faire courir des gens !
Aviez-vous des références cinématographiques en tête ?
Oui, bien sûr. Pour moi, un film très référencé bande-dessinée, c'est L'Homme de Rio de Philippe de Broca avec Belmondo, où l'on retrouve du Tintin avant l'heure. C'est une belle référence parce que Belmondo passe son temps à courir tout le long de ce film, et il y a plein de paysages. Donc c'était intéressant de revoir ce qu'ils avaient fait. Indiana Jones,et là on met évidemment des guillemets, était une référence intéressante, dans le sens où Spielberg était un grand fan de Tintin. Indiana Jones était aussi une référence à Tintin.
Mais on a aussi beaucoup pensé à A la poursuite du diamant vert avec Kathleen Turner et Michael Douglas. Je suis assez fan. La Chèvre aussi. Tous les films de Jean-Paul Rappeneau également, comme Le Sauvage, avec Yves Montand et Catherine Deneuve. Toujours des films très différents mais qui racontent une aventure et qui ont une énergie.
Comme pour les franchises américaines, qui font des prequels, reboots, etc. pensez-vous déjà à réaliser une suite pour le film ?
Forcément mes producteurs ont envie qu'il y ait une suite, c'est logique. Si le film fonctionne, une suite est possible. Il faut que les spectateurs aiment le film et qu'un certain nombre aille le voir. Chaque chose en son temps. Et forcément, l'univers est tellement grand, vaste, il y a tellement d'épisodes, d'aventures, il y a tellement eu d'évolution des personnages qu'on peut s'amuser à raconter beaucoup de choses. Je trouve ça même plutôt excitant et très intéressant de travailler là-dessus.
Notre reportage dans les coulisses du tournage du film :