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    Victoria sur OCS City : l'exploit d'un tournage en temps réel et plan-séquence
    Yoann Sardet
    Rédacteur en chef depuis 2003 - Fan de SF et chasseur de faux raccords et d’easter-eggs, cet enfant des 80’s / 90’s découvre avec passion, avidité et curiosité tous types de films et séries.

    5h42 - 7h56 : une fin de soirée qui dérape dans les rues de Berlin, c'est l'expérience dans laquelle nous plonge "Victoria" de Sebastian Schipper, un film en temps-réel et en plan-séquence. Comment ont-ils fait ? Voici quelques éléments de réponse.

    Un vrai film-séquence - Contrairement à certains plans-séquences majeurs mais arrangés au montage (on pense à Snake Eyes ou La Corde, par exemple), Victoria a été véritablement tourné en une seule séquence de 2h14, sans trucage ni coupure.

    Trois tentatives. Le réalisateur Sebastian Schipper et son équipe ont tourné trois versions du film : la première était trop sage et ennuyeuse ; la seconde trop folle ; la troisième a su trouver le ton juste (et inespéré, l'équipe pensant abandonner le projet après ces deux premiers essais infructueux).

    © Jour2fête / Version Originale / Condor

    Berlin sur mesure - Afin que les lieux de tournage soient proches les uns des autres, le décor de la boîte de nuit fut spécialement construit pour les besoins du film.

    10 jours de répétition - Même si les dialogues du film furent improvisés par les acteurs, Sebastian Schipper avait tout de même un scénario d'une douzaine de pages sur lequel figuraient les scènes, les lieux et les actions des personnages. L'équipe a travaillé en amont du tournage sur cette base de scénario, en rodant le tournage à travers des prises de 10 minutes (par exemple : "action-dancefloor-rue-voiture américaine-marche-traversée de la rue-vol de bières-retour-police-monter sur le toit-coupez"). Soit un découpage de 13 x 10 minutes.

    © Jour2fête / Version Originale / Condor

    Au coeur de l'action... - Le réalisateur Sebastian Schipper était constamment au plus près de ses acteurs, juste derrière la caméra. Il pouvait ainsi les diriger par gestes, mais sans pouvoir suivre le rendu en temps réel : en effet, l'écran de contrôle de la caméra avait été retiré afin d'alléger le poids du matériel pour le cadreur, chargé de filmer dans la continuité.

    ... ou presque - Sebastian Schipper n'a cependant pas pu descendre avec ses acteurs dans la boîte de nuit, et ne pouvait pas toujours monter avec eux en voiture. Quand il l'a fait, il lui est notamment arrivé de se retrouver enfermé dans le véhicule et de devoir attendre que l'action et la caméra s'éloignent pour taper à la vitre et se faire ouvrir par ses techniciens !

    © Jour2fête / Version Originale / Condor

    Un faux raccord... en plan séquence ??? - Dans la scène "de la chambre d'hôtel", l'un des personnages, blessé quelques minutes plus tôt, dévoile sa blessure à l'héroïne. Or le comédien, après s'être écroulé sur le lit, oublia de récupérer le faux sang sous la couverture et de l'étaler sur son abdomen ! C'est pour cette raison que Laia Costa, sur les indications en temps réel du réalisateur, rabat (trop) rapidement le drap sur lui et s'éloigne dans un coin de la chambre, afin de laisser le temps à son partenaire de rectifier son erreur. Une erreur qui aurait pu mettre à mal la troisième et dernière prise donc.

    Figurants ou vrais passants ? - Si les passants "à répliques" faisaient partie de l'équipe, d'autres étaient de véritables noctambules. A l'image d'un homme qui traverse littéralement le champ sans interrompre les acteurs ni se retourner vers la caméra. Trop éméché pour réaliser qu'un tournage avait lieu ?

    © Jour2fête / Version Originale / Condor

    Bagarre hors-champ - Deux touristes russes très alcoolisés faillirent interrompre le tournage, croyant véritablement à la crise de panique de l'un des comédiens : repoussés par le réalisateur, ils faillirent même en venir au main avec ce dernier avant que les choses ne se calment. Les acteurs et le cadreur ont donc continué à tourner alors qu'une bagarre était sur le point d'éclater hors-champ : professionnels jusqu'au bout !

    Bière de cinéma ou vrai alcool ? - Et en parlant d'alcoolémie, tout ce qui est bu par les comédiens dans le film est du vrai alcool ! De quoi nourrir -du moins imbiber- la véracité du ton et de l'ambiance du long métrage, véritable expérience de cinéma.

    Le saviez-vous ? Comme Femme Fatale de Brian de Palma en son temps, la bande-annonce de Victoria dévoile -parfois en très accéléré, parfois à vitesse normale- l'intégralité du film.

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