Tueurs de François Troukens, Jean-François Hensgens
Avec Olivier Gourmet, Lubna Azabal, Kevin Janssens...
De quoi ça parle ? Alors que Frank Valken réalise un casse fabuleux, un commando de tueurs entre en action et exécute tous les témoins. On relève parmi les cadavres celui de la magistrate qui enquête sur l’affaire des Tireurs fous. Trente ans plus tard, ils semblent être de retour. Arrêté en flagrant délit et face à la pression médiatique, Frank n’a d’autre choix que de s’évader pour tenter de prouver son innocence.
François Troukens a fait le choix de baser le scénario de son film sur la célèbre affaire non élucidée des Tueries du Brabant qui ont eu lieu en Belgique au début des années 1980. De 1982 à 1985, dans la province de Brabant, des tueurs lourdement armés surgissaient dans des supermarchés et assassinaient froidement des personnes présentes sur les lieux. Leur but n'était pas l'appât du gain mais le meurtre, puisqu'ils ne volaient pas grand chose et n'hésitaient pas à tuer femmes et enfants. Le metteur en scène se rappelle :
"Enfant, j’habitais à une centaine de mètres d’un supermarché dans la périphérie de Bruxelles, devant lequel mon frère et moi aimions jouer de la musique déguisés en mendiants. Ce jour de septembre 1985, trois tueurs masqués firent feu sur tout ceux qu’ils croisèrent. Femmes, enfants, vieillards... Une dizaine de victimes furent exécutées sur ce parking. Sauvagement. Sans raison apparente. Par miracle, nous venions, mon frère et moi, d’échapper à ce massacre. Durant cinq ans, ces tueurs terrorisèrent la Belgique. Ils ne furent jamais identifiés et l’on n’a jamais pu déterminer leur mobile. Ils semblaient tuer pour tuer."
Au total, 28 personnes ont été assassinées et 22 autres blessées. Le mode opératoire était toujours le même : une grande surface, des des tirs à-tout-va et le braquage des caisses. En 1985, les tueries se sont arrêtées, mais malgré le travail de la police et les nombreux suspects, cette affaire reste encore aujourd'hui non élucidée. Les thèses expliquant ces attaques sont extrêmement nombreuses. Parmi elles, celles du complot visant à terroriser la population pour légitimer le renforcement sécuritaire (policier et militaire), de la bande dirigée par un tueur psychopathe, du règlement de comptes ou encore plus simplement du grand banditisme.
Dans le dossier de presse du film, François Troukens confie : "Certains pensaient qu’ils agissaient pour le compte du Stay Behind, une cellule secrète de l’OTAN, en pleine guerre froide. Ils auraient pratiqué la « Stratégie de la tension » comme ils le firent en Italie. 80 morts dans un attentat à la gare de Bologne. Tout indiquait que la piste était politique, pourtant le responsable de l’enquête préféra orienter celle-ci vers le milieu du banditisme. Années de plomb. Celles-ci ont commencé par la disparition de Patrice Lumumba, l’homme politique congolais assassiné par les services secrets belges. Quelques années après, c’était les tueurs du Brabant qui sévissaient."
"Afin de mener certaines missions compromettantes, les services secrets manipulent et utilisent le grand banditisme. Lorsqu’ils sont pris, ces gangsters ne peuvent se défendre. Tous les éléments se retournent contre eux. Ils n’auront aucune crédibilité. En prison, ils vivent dans les pires conditions. Mesures sécuritaires drastiques. Régime particulier, isolement total, privations sensorielles. Tout les pousse à s’évader, s’enfonçant encore plus dans les méandres de la justice. Le destin m’a fait croiser la route d’une série de personnes ayant été mêlées de près ou de loin à toutes ces affaires."
Cette affaire aussi sordide que complexe a à nouveau fait parler d'elle en octobre 2017, lorsqu'un ancien du GIGN belge particulièrement grand (l'un des tueurs masqués du Brabant avait marqué les témoins de par sa taille impressionnante...) a reconnu, avant de mourir, avoir participé aux tueries. "Ce géant mesurant entre 1 mètre 95 et 2 mètres faisait non seulement partie du GIGN belge, mais en plus, à chaque fois qu'il y avait une attaque, il était en congé maladie. L'enquête est complètement relancée, certains disent que le film créé un truc en Belgique... Parce que c'est vraiment une affaire d'état", raconte François Troukens.