J'ai toujours été attiré par les thèmes ouvertement religieux.
Le 8 février, Silence, le film que Martin Scorsese souhaite porter à l'écran depuis près de 30 ans, sort enfin dans les salles. Le metteur en scène a dû faire face à de nombreuses difficultés qui expliquent pourquoi il a fallu tant de temps avant que cette adaptation du roman de Shusaku Endo ne voit le jour sur grand écran.
Scorsese a été épaulé au scénario par Jay Cocks ; les deux hommes ont déjà travaillé ensemble sur Le Temps de l'innocence (1993) et Gangs of New York (2002). Le scénariste a également collaboré à l'écriture du script de La Dernière tentation du Christ (1988) sans être crédité. Pour rappel, Silence se situe dans le Japon du 17ème siècle et suit le périple de 2 prêtres jésuites à la recherche de leur mentor disparu.
Comment peut-on se regarder dans la glace quand on trahit des gens qu’on aime ?
Un des thèmes majeurs de Silence est la trahison, un sujet qui fascine Martin Scorsese et qui jalonne toute sa filmographie, de Mean Streets à La Dernière Tentation du Christ en passant par Les Infiltrés. Cette fascination pour la trahison lui vient tout droit de son enfance à New York, dans le quartier de Little Italy. Pour en savoir plus sur l'obsession qui hante le metteur en scène, un excellent livre a été écrit sur le sujet par René Marx : "Martin Scorsese : Regards sur la trahison".
J’ai toujours envié les gens qui ont une Foi infaillible, totale.
Le fait est bien connu, Scorsese a voulu entrer dans les ordres quand il était adolescent, sous l'impulsion de son mentor, le Père Principe, avant de se rendre compte que cette vie n'était pas faite pour lui. Elevé dans la religion catholique par ses parents, Charles et Catherine Scorsese, le réalisateur nourrit depuis une relation tumultueuse avec la Foi et cela se ressent dans l'ensemble de son oeuvre. Evidemment, Silence, dont la religion est au centre du récit, est le point d'orgue d'une carrière placée sous le signe de la spiritualité.
En réalité, ce sont les lieux qui dictent la manière de concevoir les plans.
Le réalisateur new-yorkais est réputé pour la virtuosité de sa mise en scène depuis ses débuts dans le cinéma. Mouvements de caméra maîtrisés, gros plans, zooms stylisés, plans-séquences, "God watching shot"... Scorsese aime jouer avec la caméra et injecter du sens dans sa mise en scène. Toutefois, pour Silence, le cinéaste signe sans doute son film le plus épuré formellement, le distinguant de ses réalisations passées, un vrai virage à 180 degrés après le tourbillon Le Loup de Wall Street.
Andrew Garfield et Adam Driver ont été mes piliers.
Le casting de Silence a été une vraie épreuve pour "Marty" et son équipe. Au départ, Daniel Day-Lewis, Gael García Bernal et Benicio Del Toro devaient incarner les rôles principaux de Silence. La production du film étant sans cesse retardée, les acteurs n'ont pas pu suivre le réalisateur dans son projet rêvé. Finalement, Liam Neeson, Andrew Garfield et Adam Driver interprètent respectivement les personnages du Père Ferreira, du Père Rodrigues et du Père Garupe.