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    Cigarettes et chocolat chaud : rencontre avec l'équipe du feel-good movie de cette fin d'année
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Gustave Kervern, Camille Cottin, Fanie Zanini, Héloïse Dugas et la réalisatrice Sophie Reine nous ont accordé une interview pour la sortie ce mercredi de Cigarettes et chocolat chaud, un feel-good movie attachant pour petits et grands.

    AlloCiné : Comment pourrait-on décrire cette famille ?

    Fanie Zanini, comédienne (Mercredi) : Elle est soudée mais elle est fofolle. Entre mon personnage qui fait du catch, le père qui n’arrive pas trop à les gérer mais qui fait ce qui peut sans oublier Janine… 

    Sophie Reine, réalisatrice : C’est une famille hors norme, qui fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle est. Avec un Papa qui a mis ses lunettes roses et qui ne veut pas du tout que ses filles soient confrontées à la réalité. C’est comme ça que j’ai envie de décrire la famille Patar. Et d’ailleurs chez nous, c’est devenu une expression ! On dit faire des trucs Patar ! C’est-à-dire que tu fais des trucs comme tu peux, avec beaucoup d’enthousiasme, de bric et de broc. Sur le tournage, tout était Patar quoi !

    Ce film est dédié à votre famille. Est-ce qu’on peut dire que c’est un peu votre famille que l’on voit dans ce film ?

    S.R. : Il y a une bonne part autobiographique. J’ai vraiment pioché dans ma famille. J’ai perdu ma Maman beaucoup plus tard que les filles. Ma famille elle a toujours été comme ça, on était complètement hors normes. C’est sûr que j’ai du mal à rentrer dans les cases.

    Après, c’est un peu dur quand on grandit de se confronter aux normes mais on s’en sort ! Ma Maman n’est plus là mais elle nous embarquait dans des trucs dingues, et j’ai un Papa qui a fait ce qui peut et qui est tendre comme celui du film. J’ai vraiment puisé là-dedans.

    2015 Mandarin Cinema / Alexis COTTIN

    Quelles sont vos références cinématographiques pour ce film ?

    S.R. : On assume ce côté feel-good movie, teen-movie… Il y a évidemment Little Miss Sunshine, Juno… Des films où tu ris, tu pleures, et tu pleures de choses qui te font rire. Des films où le rire n’est jamais loin des larmes, ça j’adore !

    Et ce projet de long métrage, c’était quelque chose que vous gardiez secrètement dans un coin de la tête ?

    C’est encore une façon Patar, en fait ! Je suis monteuse. J’ai beaucoup travaillé avec Mandarin Cinéma, Isabelle Grellat, notamment sur les films de Rémi Bezançon. Je fabriquais des petits making-of que je projetais à l’équipe à la fin des films, comme un petit cadeau. Isabelle aimait beaucoup ces petits objets. Elle m’a dit, il faut qu’on fasse un film ensemble. J’ai dit : "oh là là, mais moi je suis monteuse, c’est mon truc. Jamais, jamais, jamais". Elle est revenue à la charge un an, deux ans.

    On a d ‘abord fait un court qui s’est super bien passé. Et du coup on s’est dit : partons sur un long. C’est une aventure complètement folle parce que je ne me suis jamais imaginé réalisatrice. Ils m’ont tellement porté, cadré, qu’on est arrivé au bout comme ça.

    Quand j’ai rencontré Gustave Kervern, il m’a dit : "pourquoi tu veux travailler avec moi, je ne suis pas très acteur?" Et moi je lui ai dit : "je ne suis pas très réalisatrice. Viens, on va essayer de faire un truc". Et c’est le film qu’on a là !

    2015 Mandarin Cinema / Alexis COTTIN

    Héloise, est-ce que tu avais une expérience de cinéma avant ce film ?

    Héloise Dugas (Janine) : Je n’avais aucune expérience, c’était vraiment mon premier tournage. Comme je suis rentrée dans une agence, ça m’a permis de faire d’autres films comme L’avenir ou Les Témoins. 

    Comment t-es-tu retrouvée sur ce film ?

    H.D. : En fait j’avais dit à mes parents que je voulais faire du cinéma. Ils regardaient les annonces de casting et un jour ils ont vu une annonce qui me correspondant complètement. Ils ont envoyé une photo, avec mon nom, etc. J’ai été appelée par Dorothée Auboiron et voilà j’ai passé le casting, une fois, deux, trois fois. J’ai rencontré Sophie.

    S.R. : Fanie, elle a beaucoup tourné. 6 longs métrages, on a une pro quoi !

    F.Z. : Et sans mensonge, c’était le plus long et le plus beau film que j’ai fait.

    S.R. : Voilà, vous pouvez commencer votre interview comme ça ! (rires) J’ai vraiment besoin de voir et revoir avant d’être sûre sûre sure. C’est vrai que les pauvres, elles ont passé 10 fois les trucs quoi ! J’ai adoré la fragilité d’Héloïse qui a un rôle tellement dur. Elle doit moduler plein de choses. Déjà quand on voit sa petite bouille… oh ! C’était dingue à quel point elle incarnait ma Janine.

    H.M. : Quand j’ai découvert le personnage, je me suis reconnue dedans en lisant le scénario. J’avais l’impression que c’était un peu mon histoire. 

    Fanie, est ce que toi aussi tu t’es reconnue dans ce personnage ?

    F.Z. : Oh oui ! Bon, je ne fais pas de catch, mais Mercredi c’est une fille assez fofolle, dynamique. Et je dirai que j’ai beaucoup d’énergie !

    S.R. : Les parents confirment ! C’était hallucinant à quel point c’était le truc qu’on avait écrit quoi !

    Bestimage

    Le film s'intéresse à des stages d’aide à la parentalité. Est-ce que ce dispositif existe vraiment ?

    Oui, ça existe vraiment. C’était le point de départ. C’est un outil qui est peu utilisé car justement les assistantes sociales essayent de privilégier une relation avec les familles de longue durée. C’est un dispositif qui est arrivé sous Sarkozy. Pour moi c’est complètement contre-productif : c’est comment t’apprendre à devenir Super Nanny. Comment t’apprendre à être un parent en 5 leçons en uniformisant les choses. Ca existe, mais d’autres méthodes sont privilégiées. C’est vraiment l’équivalent de Super Nanny : il faut leur parler, etc. Certainement qu’il y a des choses bien dedans. Mais en tout cas moi ce n’est pas du tout comme ça que je vois l’éducation.

    Et le choix de Camille Cottin ? J’ai lu que vous aimez beaucoup la série Connasse…

    S.R. : J’aime beaucoup tout ce qui est impro, ce qui est le plus réaliste possible dans le jeu. Evidemment Camille incarnait complètement ça. Mais on pensait que c’était pas possible car elle était enceinte. Son agent lui a fait passer le scénario et nous a encouragé à la rencontrer. C’était en plein été, elle était en vacances et on s’est "skypé". On s’est aimées direct par le Skype. Elle a accouché je crois une semaine ou 15 jours avant le tournage. Donc on a un peu décalé les choses. Tout a été au coup de foudre sur le film : Gustave, Camille, les filles…

    Je suis encore impressionnée à chaque fois que je vois le film. C’était le personnage le plus dur à écrire pour moi. Je le trouvais caricatural, et en même temps je travaillais avec des assistants sociaux qui ne l’étaient pas du tout. Ce sont juste des gens qui font leur boulot comme ils peuvent, avec les outils qu’on leur donne. Je ne voulais vraiment pas critiquer une profession. Elle a amené un truc où elle est cadrée, en même temps elle a ses failles et elle est quand même assez barrée. Quelque part cette famille lui amène ce qu’elle n’a pas encore trouvé. Gustave et Camille étaient très investis dans le projet. Il y a eu cet esprit sur le film.

    2015 Mandarin Cinema / Alexis COTTIN

    Qu’est ce qui vous a le plus amusé sur le tournage ?

    F.Z. : Il y a beaucoup de très bons souvenirs.

    H.D. : Globalement le tournage de la scène à Noël, le spectacle de cirque. C’était super drôle.

    F.Z. : Un des meilleurs souvenirs, c’était le bowling. On avait fait la scène et Sophie nous a dit impro ! Et alors, alors là ! (rires)

    S.R. : C’est pour ça qu’elle a fait le film, pour cette séquence ! (rires)

    Pour terminer, un petit mot sur David Bowie dont la musique est très présente dans le film…

    Elles font un oh à l’unisson…

    S.R. : J’étais en larmes. J’étais en montage (quand j’ai appris sa mort). Je suis passée à deux doigts de lui envoyer mon film ! David Bowie, je suis archi-fan, c’était écrit dans le scénario depuis longtemps, longtemps. Via son agent, on a envoyé le scénario traduit, accompagné d’une lettre d’amour parce que moi ça correspond à toute mon adolescence. Il avait donné un principe d’accord pour l’utilisation via les T-Shirt, etc. On était un tout petit budget, donc ils se sont adaptés à notre budget. Sauf que quand il est décédé en plein montage, on avait pas d’accord écrit. On a vraiment, vraiment flippé. Et finalement, ils ont dit : on respecte sa volonté. De toute façon, je ne vois pas comment on aurait pu faire sans. On a Modern Love, Let’s Dance, Life on Mars.

    La bande-annonce de Cigarettes et chocolat chaud 

    Propos recueillis au Festival du film francophone d'Angoulême 2016

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