Allociné : Quel a été le point de départ de ce projet ?
Laurent Teyssier, réalisateur : L'idée première, c'était de faire un film noir. L'envie était aussi de la placer dans le monde agricole dans le Sud de la France, parce qu'avec mon scénariste, Guillaume Grosse, on est issus de ce monde là. Parler de la filiation également, l'histoire du père et du fils, l'histoire d'héritage, des terres, etc. Le trafic de drogues aussi. C'est quelque chose de très présent dans notre région. Il y a vraiment une économie parallèle.
L'idée était de faire un drame social, mais à travers le film de genre. Je voulais mixer les deux. Que les gens qui aiment les drames sociaux s'y retrouvent, et que les gens qui aiment les films de genre s'y retrouvent, ce qui n'est pas évident.
Il y a un élément très cinématographique, qui est l'univers taurin...
Alors ça, ça vient du fait que où est ma famillle, il y a beaucoup de manades, il y a beaucoup d'élevages de taureaux. Quand j'étais gamin, j'allais voir les taureaux. C'était juste au bout du chemin, c'était pour aller se faire peur. Les taureaux m'ont toujours fascinés.
A un moment donné, on cherchait un métier pour José, le traficant, qui est le "méchant" du film. Je suis allé fêter un anniversaire dans une manade et je suis revenu le soir et j'ai appelé mon scénariste. On va aller tourner là-bas ! José sera un manadier et on va développer tout ça, jusqu'à donner le titre au film.
Pouvez-vous nous expliquer justement ce titre, ce qu'est le Toril ?
C'est l'endroit où l'on met les taureaux juste avant qu'ils rentrent dans l'arène. C'est en général sous les gradins de l'arène. Pour moi, ce film est un toril, c'est à dire un endroit où on enferme le personnage et qui se débat pendant 1h30 pour s'en sortir.
Parlons du choix de vincent Rottiers. Est-ce un film en particulier qui vous a donné envie de faire appel à lui ?
Le premier film dans lequel je l'ai vu était Le Passager d'Eric Caravaca. A chaque fois, il imprime sacrément la caméra. Ce n'était pas mon tout premier choix, j'avais travaillé longtemps avec Guillaume Gouix et il n'a finalement pas pu faire le film.
Le seul petit truc qui faisait que ce n'était pas mon premier choix, c'était que j'avais du mal à l'imaginer en paysan dans le Sud de la France, avec l'accent. Blond aux yeux bleus, ça fait plus mec du Nord ! Donc c'est con, mais c'était un truc physique. J'ai eu la chance qu'il aime le scénario
Vous aviez fait un court métrage précédemment dont le film s’inspire ?
Oui. Enfin bizarrement, ce n’était pas l’idée mais c’est revenu avec mon scénariste. On s’était éloignés et puis au final on a remis pas mal de choses qui étaient dans 8 et des poussières.
8 et des poussières était déjà à l’époque une espèce de préquel d’un long métrage qui était écris mais qu’on n’a jamais tourné. Mais c’était déjà dans l’idée d’en faire un long.J’ai fait plusieurs courts métrages, mais, en fait au début, je voulais faire le long. J’ai été chef opérateur pendant longtemps et je me suis dit ‘tiens, je vais faire un long’. Et je suis arrivé, on m’a dit que je ne pouvais pas faire un long comme ça, qu’il fallait que je fasse des courts d’abord. J’avais toujours l’idée du long derrière.
Quels sont les réalisateurs qui vous ont nourri ?
Il y en a un. Ce n'est pas très original. C'est Stanley Kubrick. Je l'ai découvert au lycée. C'est en découvrant ses films que j'ai eu envie de faire du cinéma. J'aime beaucoup aussi Milos Forman. Il y a aussi le film Hud, Le plus sauvage d'entre tous, de Martin Ritt. Quasiment tous les films avec Paul Newman en fait. Il y a Animal Kingdom aussi. Les films de James Gray aussi. Après, j'ai essayé de ne pas trop revoir de films quand je préparais Toril.
La bande-annonce de Toril :
Propos recueillis au Festival du film francophone d'Angoulême 2016