Portrait d'un jeune acteur
Premier souvenir marquant de spectateur ?
Rocky !
Premier film que tu as eu la démarche d’aller voir par toi-même ?
C’était l’époque des magnétoscopes. Il y avait la démarche d’aller au vidéo-club. J’ai vu un film qui m’a profondément marqué qui s’appelle Do The Right Thing de Spike Lee. Ca a forgé une envie de cinéma. C’est le premier film qui m’a marqué. Je devais avoir 9-10 ans quand il est sorti. Sur le moment je ne comprenais pas pourquoi mais il avait une énorme résonance en moi. C’est un film d’une beauté absolue. Il y avait des acteurs géniaux comme John Turturro. Pour la première fois, je voyais un film qui faisait sens, qui posait des questions. C’est un objet de réflexion. Et dans les films que j’ai fait j’aime bien aussi l’idée de me dire que ça a du sens, que ça raconte des choses.
Comment as-tu commencé à devenir comédien ? C’était un hasard de la vie ou une envie depuis tout petit ?
Ça a commencé déjà par volonté de faire ce métier. Ce n’est pas que du pur hasard. Mais c’est un peu du hasard aussi en vrai ! Par des castings, des annonces, j’ai commencé à faire un pas dans ce métier. J’ai eu une première expérience sur un court métrage avec des potes. Et de là, on s’est retrouvé ensemble sur des films comme Un prophète, etc. Des choses qui m’ont beaucoup appris, que j’ai aimé faire.
Qu’est-ce qui a été le déclencheur, qui t’a confirmé que c’est le métier que tu voulais faire ? Est-ce que c'est Un Prophète ?
Sur ce plateau, il y avait une passion qui se dégageait de tous les comédiens. Il y a beaucoup de comédiens qui ont émergé avec ce film. Il y avait une sacrée énergie. Jacques Audiard est un metteur en scène fantastique.
A la base, j’étais venu une journée et ça s’est transformé en plusieurs jours. C’est quelqu’un qui donnait énormément d’énergie et d’envie, sur cette façon de défendre les scènes et de se donner au maximum. A partir de ce moment-là, j’ai vraiment eu envie de faire ce boulot. Et puis en voyant les comédiens de ce film, ça m'a donné encore plus envie de faire ce métier.
Ça fait quoi de se voir à l’écran la première fois ?
La première fois, c’est un peu perturbant. C'était bizarre. Je me suis dit : 'Oh là là, je suis pas beau gosse!' (rires) Je pensais que ça allait sublimer tout ça ! C’était marrant ! J’aime bien voir les autres, plus que de se voir soi-même, entendre sa voix…
As-tu des amis comédiens de ta génération ?
Oui. Dans cette génération, il y a beaucoup d’entraide, une bienveillance et une passion pour ce métier. Il y a une envie de faire, de se bouger, de faire des choses différentes, d’exploser le cadre proposé. Il y a beaucoup beaucoup de gens avec qui j’ai pris plaisir à être sur le plateau. Ce serait difficile de ne donner que quelques noms sans en oublier !
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Y a-t-il des comédiens d’autres générations qui t'inspirent ?
Il y avait un acteur, qui n’est plus là malheureusement, et qui était très inspirant : Michel Serrault. C’est un acteur qui me rendait fou, il savait tout faire ! Jacques Villeret, Patrick Dewaere… Il y avait une magie chez eux. Il y a le génie du langage, du corps, il y a tout chez aux. C’était très troublant de voir comme ils étaient connectés à la vie française. Et puis, il y a le patron : Gérard Depardieu !
Il y a des acteurs de mon enfance aussi : Sylvester Stallone ! Et puis, Jean-Claude Van Damme, pour la souplesse ! (rires)
Le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?
Ce que je garde en tête, c’est toujours la passion du jeu.
Je ne parlerais pas de conseils, même si j’en ai reçu plein qui ont été hyper bénéfiques. Mais ce qui me reste, ce sont les moments de galère. La passion qu’on mettait à l’époque, c’est celle qui me reste aujourd’hui, et c’est la plus précieuse. C’est un privilège de faire ce métier, de pouvoir raconter notre pays. On est dans un pays qui bouge, on a de la chance d’être un pays de cinéma. Et dans les moments de doute, on en revient à la passion, à pourquoi on fait ce métier.
Est-ce qu’une musique peut t’inspirer dans ton travail ?
Ca dépend des rôles et des énergies de personnages. J’aime bien écouter de la zik pour apprendre des textes. C’est vrai que la musique est inspirante, elle est un élément de travail. Quand je lis un scénario, j’aime bien parfois avoir de la musique pour m’évader.
Pour ce film, Coup de chaud, on a cherché les musiques du personnage et elles m’ont sûrement aidé à trouver une énergie. La musique choisie est de la Frenchcore, c’est une musique un peu saccadée.
Passer derrière la caméra, une tentation ?
Pour le moment, je n’ai pas d’envie de passer derrière la caméra car ça demande une maturité. Le travail d’acteur me comble entièrement. J’aime bien être à la disposition de l’histoire.
J’aime beaucoup l’écriture. C’est quelque chose de très important dans les rôles. Quand on collabore avec un réalisateur, de pouvoir dialoguer, discuter de l’écriture, c’est bien. L’écriture est quelque chose qui me branche. Quant à la réalisation, je n’ai pas de prédisposition, pour l’instant.
A propos de Coup de chaud
Quel a été le plus gros défi pour toi sur ce film ?
Ce qui était un défi permanent, c'était le sens de responsabilité. C’est tiré d’une histoire vraie, et c’est un film qui fait sens sur notre pays : j’avais une pression personnelle, qui était un devoir de responsabilité par rapport au propos.
Je crois que ça me hantait d’essayer de faire une interprétation correcte par rapport à ce que ça raconte sur ce qu’on vit actuellement. J’avais envie de défendre ce personnage à mort. Ce sens de la responsabilité m’a hanté pendant tout le tournage, même si on a pris de grandes libertés dans le scénario et dans mon interprétation par rapport aux faits réels.
Et il y a l'aspect physique : j’ai perdu pas mal de poids. Je n’ai pas pu manger d’entrecôtes et de frites pendant un moment pour pouvoir le faire ! (sourire)
Et après ?
Karim Leklou sera à l'affiche cet automne des Anarchistes, second long métrage d'Elie Wajeman (sortie le 11 novembre 2015). Il sera également prochainement à l'affiche de Toril de Laurent Teyssier, avec Vincent Rottiers, et Voir du pays, de Delphine et Muriel Coulin, avec Soko et Ariane Labed.
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Il sera au casting d'Orpheline, le nouveau long métrage d'Arnaud des Pallières, en tournage cet été. Cet automne, Karim Leklou rejoindra le casting prestigieux du nouveau long métrage de Katell Quillévéré, avec qui il avait déjà tourné pour Suzanne. Le troisième long métrage de la cinéaste, Réparer les vivants, rassemble notamment Tahar Rahim, Anne Dorval, Emmanuelle Seigner et Kool Shen.
Coup de chaud arrive aujourd'hui dans les salles. Découvrez la bande-annonce :