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    Quand Jim Jarmush résume à John Cassavetes l’essence de ce qu’est pour lui le cinéma...

    Lorsque les talents du cinéma prennent la plume pour écrire, ça donne une prose parfois teintée d'admiration. Comme celle de Jim Jarmusch dans cette lettre adressée au grand John Cassavetes, où il résume ce qu'est pour lui l'essence du cinéma.

    Lorsque les talents du cinéma prennent la plume pour écrire, ça donne une prose parfois étonnante, lucide, cruelle, drôle, émouvante, dévoilant aussi quelques fois les coulisses de la création d'un film, l'humeur de l'intéressé(e)... En partenariat avec le site DesLettres.fr, nous vous proposerons au gré du Festival de Cannes quelques lettres écrites par certains cinéastes venus présenter leurs oeuvres sur la Croisette.

    Après Steven Spielberg ce week end, place à Jim Jarmusch, en compétition cette année pour Paterson. Cette fois encore, Jim Jarmush s’attaque à l’errance et aux rencontres fortuites pour narrer le périple d’un chauffeur de bus du New Jersey (joué par Adam Driver), poète à ses heures perdues. Dans cette lettre qu'il adresse au grand John Cassavetes, Jarmusch résume ce qu’est pour lui l'essence du cinéma, nous permettant de comprendre davantage sa façon d’envisager le 7ème art.

    "Dès que le film commence, il m’apporte la vision d’un monde tout autre, je me sens perdu..."

    Je ressens une étrange sensation d’anticipation lorsque je suis sur le point de regarder l’un de vos films. Peu importe si je l’ai déjà vu auparavant  ou non (je les ai au moins tous vus plusieurs fois), je continue d’éprouver ce sentiment. Comme le fan ou bien le réalisateur (il n’y pas réellement de différence pour moi), j’anticipe toujours une explosion d’inspiration. Je veux un éclaircissement formel. Je veux que les conséquences secrètes d’un faux raccord me soient révélées. Je veux savoir comment la dureté des angles de la caméra ou encore le grain du film peuvent faire partie de l’équation émotionnelle. Je veux apprendre de l’interaction de ces performances, de l’atmosphère de la lumière et des différents lieux de tournage.

    Mais le fait est que : dès que le film commence, il m’apporte la vision d’un monde tout autre, je me sens perdu. Les expectations d’une explication définie s’évaporent. Je me retrouve alors dans le noir, seul. Les êtres habitent alors ce monde à l'intérieur de l'écran. Eux aussi semblent perdus, seuls. Je les regarde. J’observe le moindre détail de leurs mouvements, de leurs expressions, de leurs réactions. J’écoute avec attention ce que chacun dit à l’autre, les contours effilochés du ton de la voix d'un des personnages, la sottise cachée derrière le rythme du discours d’un autre. Je ne pense alors plus au jeu. J'ai oublié le dialogue.  J’ai oublié la caméra.

    Cette conscience de vos films que j'anticipe est [...]

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