De "Very Bad Cops" à "The Big Short : le casse du siècle"
Adam McKay (réalisateur) : Le passage de l’un à l’autre est assez amusant. Very Bad Cops opposait des flics losers à des flics superstars. Quand il a fallu trouver un méchant à notre histoire, nous avons initialement pensé au trafic de drogue ou au crime organisé. Mais ça nous semblait un peu faible par rapport aux banques qui avaient volé aux épargnants des milliards de dollars. Nous avons donc opté pour cette approche, avec l’idée de faire une parabole de la crise économique, dissimulée au sein d’une comédie. Mais les gags étaient tellement énormes, que les gens passaient complètement à côté de cette deuxième lecture… C’est pour ça que le générique final de Very Bad Cops a tellement surpris ! Alors que le film est clairement conçu pour parler de l’effondrement de l’économie… Ce film aura au moins eu le mérite d’aiguiser mon intérêt pour ce monde. J’ai commencé à lire des livres et des articles consacrés au sujet, et je suis tombé sur The Big Short. C’était le livre de la décennie pour moi. Je n’arrivais pas à penser à autre chose. C’était tellement captivant, avec des personnages incroyables. J’avais l’impression d’apprendre tellement des choses et de découvrir une culture inconnue… J’avais le sentiment que cette histoire devait être connue du plus grand nombre, d’autant que les gens étaient un peu perdus face à ces événements. C’est LE récit qui permet de tout comprendre, et j’ai tout fait pour le concrétiser à l’écran.
"The Big Short : le casse du siècle" vu par Christian Bale
Filmer Wall Street... autrement
Adam McKay (réalisateur) : Il y a eu tellement de grands films sur Wall Street. Margin Call, Wall Street, Le Loup de Wall Street… Ce sont des films incroyables, mais qui montrent toujours ce monde de la même façon : un univers austère, avec des grands immeubles filmés entre contre-plongée et des personnages vêtus de costumes impeccables. Alors que ce n’est pas forcément ainsi, et ce n’était en tout cas pas comme ça qu’étaient ces quatre outsiders. Ils avaient des vêtements démodés, des coupes de cheveux ratées… Nous voulions que le film ait quelque chose d’imprévisible, de constamment surprenant. Car c’est ce qu’ont vécu ces gens. Ils se sont vraiment embarqués dans un grand huit avec cette histoire. Il fallait donc proposer un film aussi chaotique, tendu et surprenant que ce qu’ils ont pu vivre. C’est en ça que The Big Short : le casse du siècle se différencie des autres films sur Wall Street, plus cadrés.
"The Big Short : le casse du siècle" vu par Steve Carell
De grands acteurs au service d'une histoire
Adam McKay (réalisateur) : Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur un casting incroyable. Nos stars, mais aussi des gens comme Jeremy Strong ou Finn Wittrock : tous ont assuré. Chacun savait que le projet était ambitieux. Cela aurait été assez simple de raconter l’histoire de ces quatre hommes, sans aborder Wall Street et les détails de cet univers. Mais nous avons décidé d’y aller à fond, et chacun s’est engagé en connaissance de cause dans ce film choral extrêmement complexe et précis, quasi-chorégraphique. Nous avons choisi très spécifiquement chaque acteur de ce film, en cherchant des gens talentueux capables d’écouter, de collaborer et de jouer la vérité de cette histoire. Et nous ne nous sommes trompés sur aucun d’eux, c’est une distribution incroyable.
"The Big Short : le casse du siècle" vu par Ryan Gosling