Révélé par le premier Retour vers le futur, Crispin Glover est souvent interrogé sur les raisons de son absence dans le deuxième opus. Une question à laquelle il avait d'ailleurs répondu à notre micro lors du dernier Festival de Monte-Carlo en juin dernier (voir vidéo ci-dessus).
Pourtant, limiter la carrière du comédien américain à ce seul rôle serait aussi inexact qu'injuste. Car, au cours des trente dernières années, Crispin Glover a pu collaborer avec de très grands noms du cinéma mais aussi marquer de son empreinte des films aussi prestigieux que populaires. Voici un tour d'horizon de ses rôles les plus marquants, commentés par le principal intéressé !
Sailor et Lula de David Lynch (1990)
Crispin Glover : Vous savez, je suis moi-même réalisateur et David Lynch a eu la gentillesse de m’aider dans cette voie. A l’âge de 16 ans, j’ai découvert Eraserhead au cinéma et l’ai vu de nombreuses fois, c’est un film qui représente beaucoup de choses pour moi. Et d’ailleurs je l’apprécie toujours autant. J’ai travaillé deux fois sous la direction de David Lynch, dans Sailor et Lula puis sur un programme de HBO intitulé Hotel Room, et il a ensuite accepté d’être le producteur exécutif d’un film que j’ai réalisé. David Lynch a toujours été bienveillant et sympathique à mon égard, c’est un grand réalisateur et une personne attachante. Je suis très reconnaissant pour sa gentillesse envers moi, aussi bien en tant que personne qu’en tant cinéaste. Je n’ai que des choses positives à dire à son sujet.
Les Doors d'Oliver Stone (1990)
Andy Warhol est un personnage contemporain, à l’inverse de celui que j’interprète dans Texas Rising (ndlr : la mini-série qu'il présentait au Festival de Monte-Carlo) dont nous ignorons l’apparence et la façon qu’il avait de s’exprimer. Dans un sens, c’est plus sécurisant de jouer ce type de personnage qu’un rôle où l’on peut comparer votre performance avec des images d'archives. J’ai rencontré Andy Warhol lors du mariage de Sean Penn et Madonna. J’avais pu lui parler et après notre discussion, je l’avais observé attentivement pour capter ses mouvements et la façon qu’il avait de s’exprimer. Je m’étais alors dit qu’il serait très intéressant de le jouer au cinéma.
J’ai rencontré Oliver Stone quand il préparait Platoon, et bien qu’il ne m’ait pas choisi pour le film, j’avais sympathisé avec lui et nous avions beaucoup discuté ensemble. Au final, j’ai été la première personne à jouer Andy Warhol au cinéma. Quand j’ai entendu parler du film, j’ai demandé à mon agent d’organiser un rendez-vous avec Oliver Stone et j’ai décroché le rôle. J’ai beaucoup apprécié de travailler sous sa direction. A l’origine, j’avais davantage de dialogues mais je lui ai demandé s’il était possible de les réduire. Je partageais ma scène avec Paul Williams, un acteur également connu pour sa carrière de chanteur, donc une partie de mes dialogues lui a été donnée, ce qui fonctionnait très bien.
Dead Man de Jim Jarmusch (1995)
Cela m’a permis de tourner avec Johnny Depp, que je connaissais depuis plusieurs années déjà, mais également avec Jim Jarmusch. Je l’ai d'ailleurs croisé à l’occasion d’un festival il y a peu de temps, et je me suis souvenu que c’est quelqu’un qui encourage beaucoup l’improvisation. Nous avions tourné la scène dans laquelle j'apparais sur une seule journée, la majorité de mes dialogues ont donc été improvisés. Nous avions un script sur lequel nous baser et qui nous dictait les grandes lignes à suivre. Je n’ai pas revu le film depuis plusieurs années, mais je suis fier d’avoir pu jouer dedans et c’était un vrai plaisir pour moi de travailler avec Johnny Depp (avec qui j'ai fait trois films au total) et également avec Jim Jarmush.
Charlie et ses drôles de dames de McG (2000)
Nous nous sommes entraînés pendant plusieurs mois avec la famille Yuen : c’est une fratrie de trois, l’aîné Yuen Woo-ping a chorégraphié Tigre et Dragon notamment, et le second, Cheung-Yan, est celui avec qui a travaillé avec nous. Ces trois frères perpétuent la tradition familiale transmise par leur père et sont dans le métier depuis de nombreuses années. C’était passionnant de collaborer avec eux car ils comprennent aussi bien l’aspect physique que psychologique des personnages et cela a été vraiment une expérience de tournage formidable. Les mois d’entraînement ont été un excellent moyen de faire de l’exercice et de faire de très belles rencontres. C’était aussi un tournage très intéressant car nous tournions un film à gros budget mais pourtant il y avait une énergie créatrice en permanence sur le plateau, notamment parce que Bill Murray a fait venir un scénariste et qu'ensemble ils ont apporté des changements au scénario et l’ont considérablement amélioré. Grâce à ces échanges, j’ai pu jouer mon personnage d’une façon que je n'aurais jamais imaginée par moi-même.
Willard de Glen Morgan (2003)
Cela a demandé beaucoup d'énergie car j’ai travaillé tous les jours du tournage puisque j’étais dans la quasi-totalité des scènes. C’était un rôle vraiment très bien écrit et très émotionnel qui m’a demandé une concentration totale pour être dans la peau du personnage. Pour moi, il est très facile d’être dans un état d’agitation ou de colère mais ce personnage-là est plus en retrait et c’est donc à l’inverse de ma propre nature. Je ne suis pas dépressif ni quelqu’un qui pleure facilement. Cela m’a demandé beaucoup d’attention et de travail pour y parvenir mais je suis au final très satisfait du résultat.
La Légende de Beowulf de Robert Zemeckis (2007)
C’est la deuxième fois que je tournais avec Robert Zemeckis. Et cela s’est donc fait après le procès qui nous a opposé au suejt de Retour vers le futur II (ndlr : voir vidéo ci-dessus). Je ne pensais pas que nous collaborerions à nouveau, mais j’ai été heureux que cela se fasse. Cela a été même thérapeutique pour notre relation. J’aime la morale de Beowulf, à savoir que les mensonges sont néfastes. Le scénario, écrit par Roger Avary et Neil Gaiman, est excellent. La raison pour laquelle j’ai été recruté est, qu’à l’origine, Roger Avary devait mettre en scène le film lui-même mais quand Robert Zemeckis s’est impliqué dans le projet pour le réaliser, il leur a demandé quels étaient leurs choix au niveau du casting. Et ils m’ont cité parmi les comédiens qu’ils avaient en tête. J’étais très heureux de la résolution de cette affaire, car j’avais de très bons souvenirs de notre travail ensemble. Et également donc, j’aime la morale de Beowulf.
Le processus de performance capture a également été très intéressant à faire. Nous étions sur un plateau de tournage immense, entourés de caméras et des comédiens auxquels nous donnions la réplique. Angelina Jolie jouait ma mère, Anthony Hopkins mon père, Ray Winstone était Beowulf et j’avais des scènes avec chacun d’entre eux. C’était super sympa.