De quoi ça parle ?
Nous sommes à Lyon, le soir de la Fête de la musique. C'est aussi l'anniversaire de Léa, 17 ans. Comme tant d'autres ce soir-là, Léa et sa cousine Chris sortent pour s'amuser. Mais au petit matin, Léa n'est toujours pas rentrée. Son père, Julien, décide de mener l'enquête alors que sa femme, Florence, fait tout pour maintenir un semblant de normalité. Thomas, le frère aîné, est rongé de culpabilité : il avait promis à sa mère de raccompagner Léa à la maison cette nuit-là. Mais les événements en ont décidé autrement...
Dans la lignée de "Broadchurch", forcément...
Depuis le succès de Broadchurch partout dans le monde et plus particulièrement sur France 2 chez nous, les fictions télé tournant autour d'une même enquête, de préférence liée à la disparition ou à la mort d'un enfant dans une petite ville, se sont multipliées, levant ainsi un tabou qui perdurait : on ne tuait pas les enfants à la télé ! De Secrets & Lies à Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils en passant par The Missing ou encore Happy Valley, chaque nouvelle itération de cette formule possède sa petite différence, son originalité, avec toujours la même idée : sonder l'âme humaine en restant au plus proche des personnages, tandis que l'enquête rythme les épisodes de révélations et de rebondissements.
"On avait envie d'aller vers cette tendance-là car ce sont les séries qui nous plaisait. Mais on a commencé à travailler dessus avant Broadchurch. A la limite, on avait juste vu The Killing. On voulait faire quelque chose de bien français. D'où par exemple l'idée d'une famille de restaurateurs à Lyon... On voulait s'inscrire dans la lignée de ces séries modernes qui parlent des gens, de la famille, à travers une trame policière" explique ainsi l'une des créatrices, Marie Deshaires. La réalistatrice des huit épisodes, Charlotte Brandström, ajoute : "C'est un drame familial, mélangé à un polar. C'est l'humain qui prime. C'était vraiment l'inverse des Experts que l'on voulait faire. Et c'est aussi l'histoire d'une mère qui va découvrir sa fille."
Mais alors quelles sont les particularités de Disparue ?
Elle est inspirée de...
... la série espagnole Desaparecida, datant de 2007 ! Malgré un point de départ qui ne relève pourtant pas non plus d'une extrême originalité, France 2 est allé chercher un format étranger pour créer cette série. Toutefois, l'équipe se défend de parler d'"adaptation". "La situation est empruntée à une série espagnole, mais les personnages diffèrent. Il y a un gros travail de réinvention. Le personnage de la mère par exemple a beaucoup changé. Les rebondissements policiers et les secrets de Léa sont différents aussi" tient à préciser la co-scénariste, Catherine Touzet.
Une histoire de femmes...
En coulisses, ce sont les femmes qui dominent, des deux scénaristes à la réalisatrice en passant par la productrice Iris Bucher. Et c'est peut-être pour cette raison qu'il se dégage de Disparue une grande sensibilité, que l'on pourrait bien qualifier de "féminine", une finesse dans l'écriture des personnages féminins mais aussi une approche différente, inhabituelle des personnages masculins. Au coeur de l'intrigue, il y a avant tout une mère, sa fille, son autre fille, la meilleure amie de la disparue et la jeune flic qui fait tout pour la retrouver. Ce sont sans doute ces personnages, en tout cas dans un premier temps, qui nous touchent le plus. Les hommes se révélent plus tard, mais ne manquent pas d'intérêt.
La disparue, la fameuse, est un personnage à part entière et ambigü, que les auteures ne voulaient pas fantomatique comme c'est souvent le cas dans ce type de séries : "Il fallait qu'elle existe, d'où les nombreux flashbacks. Elle est différente selon les gens avec qui elle est. C'est ainsi que l'on peut comprendre les multiples facettes de cette jeune fille. Elle est vraie." Au cours de l'enquête, nous la découvrons petit à petit, en même temps que ses parents eux-mêmes. Un élément qui a plu a beaucoup plu à Alix Poisson, l'actrice principale dans le rôle de la mère : "Je trouve ça beau, drame ou pas drame, car c'est une découverte que tous les parents font un jour ou l'autre quand leur enfant leur échappe. Là c'est multiplié par mille à cause de la situation."
Alix Poisson !
De mère débordée mais amusante dans la shortcom Parents : mode d'emploi à son interprétation sobre de Véronique Courjault dans le téléfilm Parcours meurtrier d'une mère ordinaire, en passant par la douce fliquette lesbienne des Revenants et la prof très impliquée de 3 Fois Manon, Alix Poisson sait tout jouer et est devenue une valeur sûre de la télévision en l'espace de quelques années. Elle est ici bouleversante, dans l'un de ses rôles sans doute les plus difficiles, comme elle le reconnaît : "C'est rare d'avoir un role avec une telle palette d'émotions, et d'une telle complexité. Je trouve qu'elle n'est jamais là où on l'attend. Elle a des moments de survie qui ne sont pas clichés et qui la rendent infiniment touchante."
"Je l'ai choisie parce que je trouvais qu'elle était moderne. Elle ne tombait pas dans le pathos, elle savait rester très juste et crédible tout en ne proposant pas quelque chose de conventionnel. J'avais vraiment envie que ce soit elle. On a fait des essais mais elle n'était pas libre à l'origine, mais quand le tournage de la saison 2 des Revenants a été décalé, je me suis jeté sur elle !" s'enthousiasme Charlotte Brandström, tout aussi émerveillée par son partenaire, dans le rôle du père, Pierre-François Martin-Laval, qu'elle avoue avoir découvert lors du casting.
A voir tous les mercredis soirs sur France 2, au rythme parfait de deux épisodes par semaine.