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    Grey's Anatomy : pourquoi la série est toujours au top 12 ans après !

    Cette semaine, "Grey's Anatomy" entame sa saison 12 sur TF1. Toujours puissante auprès des téléspectateurs américains mais aussi français, comment a-t-elle réussi le miracle de traverser les années sans lasser ?

    Une partie du casting des deux premières saisons de "Grey's Anatomy" face à celui de la saison 10... Il a pratiquement doublé et beaucoup changé !

    Parce que... la formule est toujours efficace !

    Le mélange comédie-drama qui a fait le succès de Grey's Anatomy -et quelques autres comme Desperate Housewives- a souvent été copié mais rarement égalé (Mercy, Rookie Blue, Chicago Fire ont tenté leur chance avec plus ou moins de succès). Bien entendu, on ne rit plus autant qu'avant. On s'est habitué aux répliques cinglantes de Cristina, aux coups de sang de Bailey et les cas médicaux sont de plus en plus rarement amusants et/ou originaux. Pour autant, la formule reste globalement efficace. Les ménagères désespérées ont attendu beaucoup moins de temps pour tourner en rond et nous lasser.

    On écoute ainsi religieusement les monologues de Meredith qui ouvrent et ferment les épisodes (et on prend plaisir à entendre une autre voix-off de temps à autres); on ne se lasse pas du jeu de miroir -pas toujours subtile- entre les problèmes des patients et les états d'âme de leurs médecins; on se laisse régulièrement surprendre ça et là par une larmichette qui coule lentement mais sûrement sur notre joue avant que l'on ne l'écrase, gênés, parce qu'on s'est fait avoir à nouveau, bon sang; et on cherche parfois partout sur internet le titre et le nom de l'interprète de la chanson qui nous a tant fait vibrer en fond d'épisode. Tout ça, on le fait moins souvent qu'avant, certes, mais on le fait encore.

    Grey's Anatomy nous laisse tout sauf indifférents, quitte à verser dans la déception ou la colère. On se souvient du fantôme de Denny Duquette qui en a fait enrager plus d'un. C'était il y a 7 ans. Les auteurs ne se sont pas laissés abattre. La suite a relevé le niveau. Face à des intrigues qui nous plaisent moins voire qui nous ennuient carrément, il y en a d'autres réussies pour compenser. Si bien qu'encore aujourd'hui, la série reste un modèle d'efficacité, un éternel ascenseur émotionnel. La saison 12, actuellement diffusée sur TF1 et qui vient de s'achever aux Etats-Unis, confirme la bonne santé du programme. Les excellents épisodes s'enchaînent !

    Le générique stylisé oublié, à revoir ci-dessous :

    Parce que... Shonda Rhimes !

    La créatrice, productrice et showrunner de Grey's Anatomy était une quasi-inconnue avant 2004, elle n'avait alors commis que Crossroads et Un Mariage de princesse, deux films destinés à un jeune public. Une décennie plus tard, elle figure parmi la petite dizaine de poids lourds que compte la télévision aux côtés notamment de J.J. Abrams, Dick WolfKevin Williamson ou Greg Berlanti... et c'est la seule femme !

    Prolifique, elle a déjà à son actif trois autres hits : Private Practice, la petite soeur californienne de Grey's Anatomy qui s'est achevée en 2014; Scandal, une des séries phares du moment qui passionne les Américains et qui affole à chaque diffusion les réseaux sociaux; et How To Get Away With Murder en tant que productrice, qui fait sensation depuis son lancement. Elle occupe ainsi toute la soirée du jeudi sur la chaîne ABC, de 20h à 23h. Et elle ne délaisse pas son premier bébé pour les autres !

    Shonda Rhimes est une working girl woman on ne peut plus moderne, en plus d'être maman, à l'image des héroïnes qu'elle a créées, de Meredith Grey à Addison Montgomery en passant par Olivia Pope. Il suffit de lire les quelques interviews qu'elle accorde pour comprendre que ces personnages qu'elle a imaginés, elle les aime comme des membres de sa propre famille et ils lui ressemblent, tout comme ils reflétent les téléspectateurs dans toute leur diversité. Tant que Grey's Anatomy pourra compter sur Shonda, Grey's Anatomy tiendra. Une seule inquiétude à l'horizon : si elle décidait d'arrêter la série, ABC pourrait la continuer sans elle. Et là, le Seattle Grace perdrait son âme... Elle a toutefois récemment révélé qu'elle avait passé un pacte avec Ellen Pompeo : si l'actrice s'en va, elle arrête !

    La dernière production de Shonda, The Catch, vient d'être renouvelée pour une saison 2 :

    Parce que... Meredith Grey !

    La trajectoire de cette héroïne autrefois détestée est unique en son genre. Dès le départ, elle était atypique pour un premier rôle, Ellen Pompeo n'étant pas une gravure de mode et qui plus est une totale inconnue pour le public. Elle a été choisie pour sa simplicité, son naturel, ses airs de "Mademoiselle tout le monde". Bref, elle ne faisait pas vraiment rêver et la personnalité de Meredith, sombre, amère ("dark & twisted"), suicidaire même à ses heures perdues, a mis du temps à révéler tout son potentiel. On ne s'est pas attaché à elle instantanément mais petit à petit, au fil des coups durs et des lueurs d'espoir. Elle est si humaine, si réelle.

    En dix ans, celle qui ne faisait que survivre a appris à vivre et a accepté le bonheur. Son évolution est remarquable. Elle a pansé ses plaies, soigné ses blessures et celles des autres, de ses patients à ses amis, à "sa personne", Cristina. Elle a su sortir de l'ombre de sa brillante mais mal-aimante maman. Elle est devenue une grande chirurgienne, elle aussi. Elle a su construire une relation stable, profonde, avec son Dr Mamour qui n'était pourtant à la base qu'un coup d'un soir. Elle s'est mariée avec lui, sur un post-it. Elle a fondé une famille en devenant maman à son tour, de deux beaux enfants. Elle a appris à s'aimer en somme, comme nous avons appris à l'aimer.

    A partir de la saison 12 et la mort de son âme soeur, c'est une nouvelle Meredith qui évolue sous nos yeux. Face au drame et sans Cristina à ses côtés, elle doit se reconstruire, réapprendre à vivre, pardonner. C'est un nouveau chapitre de sa vie qui s'ouvre, et qui s'annonce aussi passionnant que les précédents. 

    Découvrez les stars de la série sous un autre jour !

    Parce qu'on les aime tellement tous !

    On ne peut évidemment pas réduire Grey's Anatomy à Meredith. Il s'agit avant tout d'une série chorale avec des personnages qui arrivent, qui restent, qui partent, qui reviennent, qui repartent... qu'on aime, qu'on aime moins, qu'on n'aime plus, qu'on aime à nouveau, qu'on déteste, qu'on adore détester.

    Outre l'héroïne, du noyau dur de départ il ne reste plus que Miranda, Alex et Richard, qui ont su faire une place à Callie, Arizona, Mark, Owen, Lexie et Teddy au fil des saisons. Un George, un Dr Burke ou même une Izzie finissent par ne plus nous manquer, c'est là la force de la série. Les derniers arrivés font rarement l'unanimité, qu'il s'agisse d'April et de Jackson, ou bien de Jo encore plus récemment. Mais ils finissent toujours par nous emporter. La nouvelle soeur de Meredith, Maggie, a fait une entrée remarquée et a réussi à s'intégrer au show avec aisance. On l'a très vite adoptée jusqu'à aujourd'hui l'adorer. Amelia, soeur de Derek et transfuge de Private Practice, donne l'impression qu'elle a toujours fait partie de la bande.

    Les intrigues sont ainsi sans cesse renouvelées, reboostées par ces héros tous très différents. La méthode Urgences en quelque sorte, qui a fait ses preuves 15 saisons durant ! Grey's Anatomy durera-t-elle aussi longtemps ? C'est bien parti pour en tout cas... Pendant ce temps-là, aucune autre série médicale ne parvient à prendre la relève malgré les nombreuses tentatives des chaînes américaines.

    Chyler Leigh a quitté la série à la fin de saison 8. Elle nous en parle :

    Parce qu'elle a osé !

    Parler d'avortement comme Grey's Anatomy l'a fait autour du personnage de Cristina et son non-désir d'enfant, sans engendrer de polémique malgré l'aspect très sensible du sujet aux Etats-Unis, c'est une des audaces que s'est permise Shonda Rhimes et son équipe. Et c'est loin d'être la seule. Ces initiatives méritent d'être saluées car c'est grâce à elles, aussi, que les mentalités changent. Elle refléte ainsi son époque, comme toute bonne série se doit de le faire.

    On pourrait également citer le couple lesbien formé par Callie et Arizona, traité sur un pied d'égalité avec les couples hétéros. Elles s'embrassent, font l'amour et se déchirent comme les autres. Sans oublier ce dont on s'est habitué mais qui n'est pas anodin : la distribution hyper diversifiée, les cas médicaux qui permettent d'évoquer des thèmes sociétaux très variés et le féminisme qui se dégage de ces héroïnes fortes, intelligentes, audacieuses, faillibles. Libres. Grey's faisait partie des pionnières. Elle a lancé un mouvement qui permet aujourd'hui à la télévision américaine de ressembler à ses téléspectateurs dans toute leur diversité.

    Parce que... le Seattle Grace est maudit !

    Bombe à l'hôpital, accident de ferry, de voiture, fusillade, crash d'avion, tempête... avouons-le, on prend plaisir à les voir souffrir nos médecins et les scénaristes s'en donnent à coeur joie depuis 10 ans pour nous combler de ce point de vue-là. Les catastrophes s'amoncellent, les corps s'entassent, on ne compte plus les accidentés et les morts. Too much ? Probablement. Mais c'est aussi comme ça que la série continue à créer l'événement et maintient la tête hors de l'eau.

    De plus, ce n'est jamais gratuit ! Shonda Rhimes met un point d'honneur à traiter en profondeur les conséquences de tels traumatismes pour les personnages. Bien entendu, n'importe qui à la place de Meredith ou de Cristina serait interné dans un asile depuis longtemps, personne ne peut être aussi solide, mais on les a toujours vu flancher et lentement se relever. Grey's Anatomy soigne l'avant, le pendant mais aussi l'après.

    Bref, le Seattle Grace, on l'aime ou on le quitte !

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