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Arte propose ce soir à 22h15 le téléfilm Je vous ai compris, une histoire se déroulant à Alger en 1961, durant le Putsch des Généraux au cours de la guerre d'Algérie. A mi-chemin entre le tournage en prises de vue réelles et film d'animation, il s'agit peut-être d'un premier pas entre la fiction télévisée et les nouvelles technologies numériques.
A noter que le 15 févier, Arte proposera sur son site une adaptation du film sous forme de bande dessinée numérique, enrichie de repères historiques rédigés par l'historien Georges Fleury (également co-auteur du scénario).
Pour l'occasion Allociné a interrogé le réalisateur Franck Chiche :
Allociné : Au cinéma et encore plus à la télévision, les films mêlant animation et prises de vue réelles sont très rares, pour ne pas dire inexistants. Quel a été le déclic qui vous a donné l’envie d’utiliser cette technique, qui plus est sur un sujet historique dramatique ?
Franck Chiche : Parce que justement le contexte de notre projet était historique et notre budget tout petit par rapport aux ambitions du scénario. L'action du film se déroule en 1961 à Alger. Et plus précisément dans Alger. Une ville qui aujourd'hui a beaucoup changé. Le mobilier urbain n'est plus le même. Les paraboles fleurissent sur les toits et les balcons de nombreux immeubles. Une reconstitution crédible et dans le réel était hors de notre portée. Et puis bien sûr ce choix est directement lié à l'histoire que nous avions à raconter. Avec pour toile de fond le fameux Putsch des Généraux, il nous a semblé malvenu à quelques mois du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie d'accrocher des drapeaux français aux balcons de la ville et de défiler dans les rues en chantant : "Vive l'Algérie française" !
Quels sont les avantages et inconvénients du tournage en fond vert en comparaison avec un tournage de fiction « live » ?
Franck Chiche : Un tournage sur fond vert demande en amont une très grande préparation. Surtout dans le cadre d'une fiction. Faire en sorte par exemple que les comédiens, malgré l'absence de décors, parviennent à se repérer. En ce qui nous concerne, nous avons d'abord réalisé un storyboard de l'intégralité du film puis un animatic (c'est à dire le montage animée du storyboard) : à partir de ce travail, chaque plan a été modélisé en 3D afin de savoir exactement où nous devions poser nos caméras et afin que le chef opérateur puisse savoir comment diriger sa lumière. Pendant le tournage une équipe d'infographistes récupérait chaque jour les plans tournés afin de procéder à un premier compositing (ndlr : procédé consistant à retoucher les images pour y ajouter des trucages numériques) permettant de vérifier que les plans que nous tournions fonctionnaient comme il le fallait. Le seul inconvénient que je vois à cette technique c'est sans doute qu'elle n'autorise pas ou peu l'improvisation.
Grâce à ce premier essai, pensez-vous que le format télévisé puisse se tourner davantage vers les nouvelles technologies ? Avec le développement des écrans 3D par exemple, on imaginerait un film tourné spécialement pour le relief…
Franck Chiche : Pour tout vous dire je pense que la télévision n'a pas vraiment le choix. Les nouvelles technologies et surtout leur accessibilité démultiplient la créativité. Et donc l'exigence du spectateur. Face à internet, face à l'arrivée des tablettes, les concepteurs de programmes télé n'ont pas d'autre choix que de se renouveler. Reste que -et c'est une très bonne chose, nouvelles technologies ou pas-, un bon programme c'est d'abord une bonne idée, un concept solide et, pour ce qui est de la fiction, une belle histoire à raconter.
"Je vous ai compris" de Franck Chiche
Vendredi 1er février à 22h15 sur Arte
La bande-annonce :
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Clément Cusseau avec Arte