Franchise la plus lucrative de toute l'Histoire des jeux vidéo, la saga des Call of Duty est une authentique mine d'or pour son éditeur Activision. Call of Duty Black Ops, le dernier opus en date sorti en novembre 2010, s'est même payé le luxe d'enfoncer le record de recettes détenu jusque-là par Call of Duty : Modern Warfare 2. Il a ainsi rapporté en l'espace d'à peine 40 jours près d'un milliard de dollars (!). Du jamais vu. Le prochain volet, Call of Duty : Modern Warfare 3, dont la sortie est prévue le 8 novembre prochain, aura donc la lourde tâche de faire aussi bien que son aîné. Activision n'hésite donc pas à mettre les petits plats dans les grands pour son titre estampillé triple "AAA", en annonçant par exemple il y a quelques jours s'être offert les services de Ridley Scott pour développer du contenu additionnel futur pour Modern Warfare 3 (VOIR NOTRE ARTICLE).
L'an dernier, l'éditeur Electronic Arts a bien tenté en octobre de ressusciter une autre franchise culte, Medal of Honor. Et même si les ventes ont été jugées très satisfaisantes par l'éditeur (en mai 2011, les derniers chiffres font état de 5 millions d'exemplaires écoulés depuis la sortie), le jeu n'a pas réussi à s'imposer face au rouleau compresseur Call of Duty. Qu'à cela ne tienne, EA est bien décidé cette année à tailler des croupières à son concurrent, en lui opposant un poids super-lourd : Battlefield 3, dont nous vous avons longuement parlé dans un Game in Ciné consacré aux futures sorties de EA.
Montée en pression et artillerie lourde
Depuis plusieurs mois, au fil des présentations successives des deux titres concurrents, les tacles se sont multipliés, au point que, de duels de bons mots à fleurets mouchetés, les éditeurs sont depuis passés à la vitesse supérieure, et ont carrément sorti l'artillerie lourde pour se pilonner mutuellement...En juin dernier, le PDG d'Activision - Blizzard, Bobby Kotick, se déclarait sceptique sur la qualité des versions de Battlefield 3 destinées aux consoles. Réplique quasi immédiate de John Riccitiello, PDG d'Electronics Arts, qui déclarait au site Industrygamers "qu'Activision se sentait menacé par Battlefield", avant d'enfoncer violemment le clou en déclarant durant l'E3 au même site vouloir "voir la franchise d'Activision pourrir jusqu'à la moëlle". Et d'ajouter : "en fait, pour être honnête, je pense que Modern Warfare 3 sera vraiment un bon jeu. Mais étrangement, j'ai l'impression que le jeu devient une sorte de Disneyland des jeux de guerre"...
Round 2, fight !
La semaine dernière, en plein salon de la Gamescom qui se tient chaque année à Cologne, Eric Hirshberg, PDG d'Activision Publishing, est monté au créneau, fustigeant l'attitude de EA, qu'il qualifiait de "totalement contre-productive et préjudiciable pour l'industrie vidéoludique. Est-ce que vous imaginez les têtes pensantes de Dreamworks Animation sortir un nouveau film, et aller voir la Presse en lui disant vouloir voir la franchise Toy Story pourrir jusqu'à la moëlle ?" s'est-il agacé. Match nul et hache de guerre enterrée ? Pas vraiment.
Car Electronic Arts ne l'entend pas tout à fait ainsi. "Bienvenue en première division, Eric" a lâché Jeff Brown, le responsable de la communication chez EA, qui n'a, c'est le moins que l'on puisse dire, pas vraiment mâché ses mots... "Je sais que tu es nouveau dans le métier, mais quelqu'un aurait dû te dire que c'est une industrie de compétitions. Tu as toutes les raisons d'être nerveux. L'an dernier, Activision monopolisait 90% des parts du marché dans la catégorie des FPS. Cette année, Battlefield 3 va vous ramener à 60-70%. A ce taux et rythme là, vous serez hors-course d'ici 2-3 ans. Si tu ne me crois pas, va donc faire un tour en magasin et essaies d'acheter un exemplaire de Guitar Hero ou Tony Hawk". Une allusion à peine voilée sur deux franchises longtemps lucratives d'Activision, en nette perte de vitesse depuis. Ambiance...
OP avec Industrygamers et MCV