Alors que les gros titres des éditeurs prennent peu à peu place dans les linéaires avec en ligne de mire la hotte du Père Noël, certains en profitent déjà pour sortir leurs calculettes et faire les comptes de l'industrie du jeu vidéo à l'échelle mondiale. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ne sont pas franchement mauvais, loin de là. En 2010, ce secteur devrait générer 58 milliards d'euros dans le monde, selon le cabinet PricewaterhouseCoopers (PWC). A titre de comparaison, les revenus tirés du monde musical seront de 26 milliards et ceux du septième art de 87 milliards d'euros, à condition d'englober toutes ses composantes.
"Si l'on regarde le cinéma dans le détail, ce sera par exemple 32 milliards pour le box-office, 32 milliards également pour les DVD, 18 milliards pour la location en magasin" a précisé à l'AFP Vincent Teulade, directeur de l'activité Consulting au sein de PWC France. Du côté du jeu vidéo, les consoles vont générer 30 milliards en 2010, les téléphones portables plus de 8 milliards et le jeu sur PC près de 4 milliards. La mention spéciale est attribuée aux jeux "Online", qui rapporteront une somme astronomique : 14 milliards d'euros. On comprend mieux pourquoi les éditeurs investissent désormais en masse le créneau de la dématérialisation, et en particulier les DLC, ces contenus téléchargeables extrêmement lucratifs pour les éditeurs mais qui n'en finissent pas de diviser la communauté des joueurs...
2009 : année noire
"On a eu une année noire en 2009, avec une croissance plus faible, à cause notamment du piratage et du marché de l'occasion mais nous sommes optimistes", a expliqué Vincent Teulade, soulignant qu'il s'agissait d'une économie d'offres dépendant du succès des gros titres. Il faut dire que ces derniers ont, pour la plupart, rempli leurs objectifs cette année, et même dépassé les prévisions les plus optimistes pour certains. Les ventes mondiales de Halo : Reach, exclusivité Xbox 360, ont dépassé les 200 millions de dollars le jour de sa sortie; 2,6 millions d'exemplaires de la simulation de football "Fifa 11" d'Electronic Arts ont trouvé preneur en un week-end en Europe et aux Etats-Unis. Concernant les productions à venir, Assassin's Creed : Brotherhood d'Ubisoft a battu le record de réservations mondiales de l'histoire du groupe. Quant à Activision, son Call of Duty : Black Ops a pulvérisé le nombre de pré-commandes de son prédécesseur sorti en 2009, où il avait été le jeu le plus vendu, selon le revendeur américain Gamestop. Un pari largement gagné donc.
Une future croissance à deux chiffres
Le marché du jeu vidéo devrait connaître une croissance soutenue dans les années à venir, de l'ordre de 10,6% par an, porté par l'arrivée attendue de nouvelles machines en 2012-2013. Il se place en tout cas loin devant le cinéma et ses 4,8% de croissance; et encore plus loin devant la musique et sa faible croissance de 1,1%. Soulignant au passage que l'industrie musicale n'en finit pas de payer ses errements lors du virage du numérique... Le chiffre d'affaires mondial du jeu vidéo en 2014 devrait s'établir à 86,8 milliards, comblant une partie de son retard sur celui du cinéma (107,5 milliards), selon PWC.
Olivier Pallaruelo avec AFP