Que s'est-il passé le samedi 26 septembre 2009 ?
Une arrestation choc. Le week-end dernier, le cinéaste franco-polonais Roman Polanski (Rosemary's Baby, Le Pianiste) est interpellé à sa descente d'avion à Zurich, en Suisse, sur mandat d'arrêt américain. Alors qu'il était sur le point de recevoir une distinction pour l'ensemble de sa carrière, il est immédiatement placé en détention. Le mandat d'arrêt international était délivré par l'Etat de Californie.
Pourquoi a-t-il été arrêté ?
Pour une affaire de moeurs datant de plus de trentre ans et pour avoir fui les Etats-Unis en plein procès. Accusé de "relations sexuelles illégales" avec avec une mineure de 13 ans, Samantha Geimer, Roman Polanski nie le viol mais plaide coupable en 1978 "d'abus sexuel sur mineur" et paraphe un acte de reconnaissance de culpabilité. Après 42 jours d'emprisonnement, il est remis en liberté, en attente de son jugement. Alors que le procès est en cours, il fuit alors les Etats-Unis. Il n'y a plus remis les pieds depuis. Plusieurs années plus tard, la victime, Samantha Geimer, indemnisée, déclare à de nombreuses reprises souhaiter l'interruption des poursuites. Ce que n'a jamais véritablement fait la justice américaine.
Que risque-t-il ?
Il risque gros. A compter du 26 septembre, date de l'arrestation du réalisateur, les Etats-Unis ont quarante jours (délai pouvant être augmenté de vingt jours) pour présenter une demande d'extradition officielle à la Suisse, où est actuellement détenu Roman Polanski. Le procureur de Los Angeles souhaite "suivre la voie diplomatique." Si l'extradition est validée, le cinéaste risque la prison, sans qu'il soit véritablement possible de quantifier sa peine. En 1977, il avait purgé 42 jours de prison avant de fuir le pays. En plus de l'affaire, jamais classée, il devrait avoir à répondre de cette fuite si le procès reprenait.
Quelles ont été les réactions ?
Les réactions ont été divisées. Rapidement soutenu par Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture et de la Communication, qui qualifie son arrestation d'"épouvantable", puis par Bernard Kouchner ou encore Jack Lang, Roman Polanski obtient également la mobilisation de nombreux artistes internationaux dont Michael Mann, Pedro Almodóvar, Isabelle Adjani et Woody Allen. Mais d'autres ne soutiennent pas le cinéaste et demandent, pour la plupart, une application stricte de la loi, qui doit être la même pour tous : Luc Besson, en France, et la majorité de la presse américaine partagent cet avis. Ainsi, pour USA Today, "ce qu'il a fait est indéfendable." (...) "La célébrité de Polanski l'a aidé à échapper à une peine significative pendant plus de trois décennies. Maintenant il est temps de montrer que la justice, pas la célébrité, a plus de poids."
Et son futur artistique?
Il est très flou. Au moment de son arrestation, Roman Polanski était en plein montage de son nouveau film, The Ghost, avec Pierce Brosnan et Ewan McGregor. Sa sortie française était prévue pour le mois de mars prochain. Même s'il était quasiment bouclé et que des images étaient déjà en ligne, le futur du film s'inscrit désormais en pointillés. Tout comme celui de son créateur...
Clément Cuyer avec l'AFP, Reuters et L'Express