Le cinéaste franco-polonais Roman Polanski a été arrêté samedi soir sur mandat d'arrêt américain à son arrivée en Suisse, où il devait être honoré par le Festival du film de Zurich. Agé de 76 ans, il fait l'objet d'une procédure ouverte contre lui par les autorités américaines il y a plus de trente ans pour une affaire de moeurs. Le réalisateur avait fui les Etats-Unis pour l'Europe en 1978, à la suite de poursuites pour des relations sexuelles avec une mineure âgée de 13 ans. En 1977, Roman Polanski avait plaidé coupable à Los Angeles et passé 42 jours en prison avant de s'exiler, la peine devenant supérieure à ce qui avait été convenu. L'arrestation du cinéaste pourrait conduire à son extradition vers les Etats-Unis.
"Pas d'autre solution...", selon le ministère de la justice suisse
La Suisse "n'avait pas d'autre solution" que d'arrêter Roman Polanski, a affirmé la ministre de la Justice suisse Eveline Wildmer-Schlumpf. "La Suisse n'a pas subi de pression des Américains. (...) La politique n'a rien à voir là dedans". La Suisse n'a fait qu'appliquer l'accord d'extradition qui la lie aux Etats-Unis comme elle l'a fait dans d'autres occasions, a-t-elle fait valoir. "Dans un Etat de droit, il n'est pas possible de faire des différences. Il serait incompréhensible qu'une personne sortant du lot bénéficie d'un autre traitement", a-t-elle ajouté.
Frédéric Mitterrand : une arrestation "épouvantable"
De son côté, Frédéric Mitrerrand, le ministre de la Culture et de la Communication, s'est montré solidaire de Roman Polanski, se déclarant "stupéfait" par cette arrestation et précisant s'être "entretenu avec le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui suit le dossier avec la plus grande attention et partage le souhait (...) d'une résolution rapide de la situation." "De le voir ainsi jeté en pâture pour une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens et de le voir ainsi seul, emprisonné, alors qu'il se rendait à une manifestation où on allait lui rendre hommage, c'est-à-dire ainsi pris au piège, c'est absolument épouvantable", a conclu le ministre. La Pologne et la France vont demander ensemble à Washington la libération de Roman Polanski, a annoncé dimanche le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski. Polanski était en train d'apporter les dernières touches à L'Homme de l'ombre, son nouveau film.
Clément Cuyer avec AFP