AlloCiné : Comment est née l'idée de votre film ?
Lyes Salem : C'est une pièce que j'ai montée quand j'étais au Conservatoire et qui ne m'a jamais vraiment quitté. Je savais que je voulais en faire un film. J'en ai gardé le noyau dur. Le thème principal, que j'évoque à travers les deux personnages principaux, Mounir et Khliffa, c'est le poids des traditions face à l'aspiration à plus de modernité. Et il y a bien sur le thème de l'amour. C'est une comédie de moeurs algérienne qui fonctionne sur les codes de la comédie romantique et de la comédie à l'italienne.
Pourquoi avoir choisi un ton humoristique ?
Ça me correspondait mieux à ce moment-là et c'est un ton qui correspond beaucoup plus à l'Algérie que la douleur dramatique, même si l'Algérie vit des heures difficiles. C'est une société où l'autodérision est très présente et donc on rit beaucoup de nos malheurs. J'avais aussi envie de rompre avec les sempiternels clichés : l'Algérie a le droit de faire un cinéma de genre. J'ai voulu faire du cinéma, pas de la chronique sociale.
Comment le film a-t-il été accueilli en Algérie ?
Il a très bien marché, même s'il a suscité beaucoup de débats, que ce soit dans la presse ou auprès du public... Car le film remet en question certains aspects de la société algérienne, notamment le sexe avant le mariage, les relations hommes-femmes... On s'en moque un peu et forcément ça provoque bon nombre de réactions.
Avez-vous souhaité grossir le trait ?
C'est une comédie donc les choses sont un peu grossies. Il y a une part d'imagination, d'allégorie, de métaphore... Mais je ne pense pas que ce soit caricatural. Au contraire, je pense que le film évite les clichés.
Comment avez-vous choisi vos acteurs principaux?
Sara Reguigue, je l'ai rencontrée en faisant des castings à la Cinémathèque en Algérie : elle n'avait pas beaucoup d'expérience, mais ça a tout de suite collé. Mohamed Bouchaïb, c'est un comédien de télévision en Algérie. Au départ je n'étais pas convaincu par sa prestation, puis j'ai vite compris qu'il pourrait apporter une dimension nouvelle au personnage, quelque chose de comique, de burlesque qui n'était pas dans le scénario.
Vous avez écrit le rôle de Mounir en pensant à vous ?
Je suis comédien et tout part de là : mon envie de réalisation et d'écriture part d'abord de mon envie d'acteur donc j'ai effectivement écrit ce rôle pour moi. Mais j'aurais aussi bien pu jouer le rôle de Khliffa.
Le sens du titre "Mascarades" est il le même en français qu'en arabe ?
Oui, c'est un mot qui veut sensiblement dire la même chose, à ceci près que dans le mot français, il y a une notion de masque qui est très forte tandis que dans la traduction arabe, il y une notion de ridicule qui est plus présente que dans le mot français.
Comment en êtes-vous venu à la réalisation ?
Comme comédien, j'avais été parrainé par Canal Plus dans le cadre de leur opération "Talents". Un jour, je leur ai emprunté une caméra et j'ai commencé à faire des images et à élaborer une histoire dans ma tête. A coté de ça, j'avais écrit pour le théâtre un texte que j'ai adapté en court métrage. Au début, j'ai vraiment fait ça juste pour voir, je suis devenu réalisateur sans vraiment m'en apercevoir.
Que tirez-vous de cette expérience de premier long métrage ?
Une confiance en moi un peu plus importante. Grâce à Mascarades, je sais que j'ai des choses à dire et que je prends du plaisir à les dire.
Propos recueillis par Mathilde Degorce
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