AlloCiné : Qu'est qui fut le plus dur dans cette saga ? Tourner par moins 20 dans le froid polaire canadien pour "Resident Evil: Apocalypse" ou dans l'humidité infernale du Mexique pour ce nouveau volet ?
Milla Jovovich : Dans les deux cas ce fut un défi et un souvenir éprouvrant, surtout sur le plan physique. Dans ce nouveau volet, Resident Evil: Extinction, nous avons tourné pas mal de scènes en plein désert de Mexicali qui se trouve en plein coeur de Baja Mexico. Les températures sont montées jusqu'à 50 degrés : c'était vraiment trop dangereux ! La chaleur, c'est pire que le froid car une fois que vous êtes nue, il est difficile d'enlever plus pour pouvoir respirer. Il nous a donc fallu toute sorte de sytèmes d'air conditionné et d'aération pour tenir le coup... Ce fut vraiment éprouvant. Mais en fin de compte, je suis heureuse d'avoir vécu ceci car à l'écran, on s'y croit vraiment, on est dans le vrai total et quand vous me voyez en sueur et épuisée, c'est que je le suis vraiment. Ce n'est pas du cinéma. Ces lieux et cette chaleur me rappellent un peu le ton des Mad Max.
Sauf que là, il s'agit de "Mad Alice" qui reprend du service et casse la barraque ! Cela vous a fait plaisir de remettre les bottes d'Alice ?
Bien sûr ! J'adore ce personnage et je suis vraiment heureuse que l'on ait pu tourner un troisième volet de cette saga apocalyptique. Même si c'est un défi permanent et un casse-tête pour faire mieux que les deux précédents volets, cela en vaut vraiment la peine. Et puis je crois qu'Alice a muri, elle a vécu tant de chose qu'elle n'est plus la même femme, elle a gagné en agilité mais aussi en intelligence, en prudence. Et puis son point de vue sur le futur a changé : elle ne cherche plus qu'à survivre au jour le jour car elle sait que malgré sa colère elle ne peut pas résoudre seule l'épidémie qui ravage la planète. On la découvre également comme une louve solitaire dans ce film, on rentre en son for intérieur, et sur le plan psychologique on comprend mieux ce qui la motive. Mais évidemment, il n'y a pas de répit pour elle puisque la Umbrella Corporation est à ses trousses et veut la récupérer. Dans sa quête, elle va rencontrer un groupe de survivants, d'humains, qui comme elle sont à la recherche d'un havre de paix. En vain d'ailleurs... Dans tous les cas vous verrez, le film décoiffe et Alice casse tout sur son passage. Une vraie boucherie !
Comment vous êtes vous préparée pour ce rôle, sur le plan physique ?
C'est amusant parce que croyais vraiment que cela allait être facile de me metttre en forme pour ce film et surtout après en avoir fait deux autres et Ultraviolet, qui fut hyper tonique également. Et bien pas du tout, j'ai dû vraiment bosser dur pour retrouver toute ma souplesse et mon agilité afin de pouvoir faire la plupart des cascades que vous verrez. Vraiment, au final, j'étais totalement vidée et épuisée. Peut-être que je vieillis un peu car on dirait que je n'ai pas le même niveau d'énergie pour pouvoir surmonter ce genre d'épreuves aussi facilement qu'avant. Et puis j'ai remarqué que pendant le tournage de ce Resident Evil: Extinction que j'ai eu peur sur certaines scènes. La peur c'est un truc nouveau chez moi car j'étais plutôt du genre kamikaze avant. Je me souviens par exemple que pour une scène où je devais sauter du haut de la Tour Eiffel, celle du Las Vegas du futur dans le film, et bien je me suis retrouvée totalement paralysée et incapable de faire le grand saut... Mais grâce à ces films, je suis devenue une experte en flingues et je sais manier toutes sortes d'armes.
D'avoir fait tant d'effort pour être en forme, acquis tant d'agilité, de force et de confiance en soi, est-ce que cela vous a donné le complexe de la "Supergirl" qui veut mettre des baffes à tout le monde?
(Rires) Vous êtes amusant, vous ! Non, pas du tout et fort heureusement, Dieu merci ! Mais c'est vrai que de vous maintenir en forme physiquement maintient aussi en forme votre moral et votre intellect. Vous avez comme un rush d'endorphines et cela vous met de bonne humeur de vous bouger le derriere. Faire du sport vous aide à voir le soleil au delà des nuages. Personnellement, je sais que j'ai besoin de me remuer, cela me défoule, et je suis vraiment de mauvaise humeur si je ne fais pas de sport. Si je n'en fais pas pendant quelques jours cela me donne totalement le cafard. Alors je sais me discipliner et garder la forme.
Russell Mulcahy est une légende chez les fans français du genre, pour ses films comme "Highlander" et "Razorback". Quelle a été votre relation avec lui, en comparaison de votre collaboration avec les autres réalisateurs des deux précédents "Resident Evil" ?
Effectivement, moi aussi j'adore Russell Mulcahy. Il a un style et des méthodes de travail totalement différents de Paul Anderson (Resident Evil) et Alexander Witt (Resident Evil: Apocalypse). J'aime son fort degré d'énergie. Et puis il est partout sur un plateau et au courant de tout ce qui se passe, c'est un perfectionniste. Il sait à 100% ce qu'il veut, c'est un réalisateur ultra-efficace à qui rien n'échappe. Et puis c'est quelqu'un qui a un sens visuel aigu et qui est capable d'orchestrer des scènes à vous couper le souffle. Je crois que ce film a une dimension épique qu'il n'y avait pas dans les deux premiers.
Dans ce film avez-vous cherchée à être fidèle au jeu vidéo ? Etez-vous une gamer vous-même ?
Disons que l'on essaye d'être fidèle au jeu même si la structure d'un film est forcément différente : il nous faut prendre certaines libertés et s'adapter au format cinématographique. Si nous tournions le film comme un jeu vidéo, cela serait répétitif et fort ennuyeux. Le gros changement par rapport au jeu video c'est que l'action se déroule pratiquement en plein jour alors que dans le jeu tout se passe la nuit. Ce fut la décision de Russell et je pense qu'il a bien fait, tout le monde est d'ailleurs d'accord. La raison c'est que cela rend le tout beaucoup plus "vrai" et montre bien l'univers impitoyable que doit affronter Alice. Dans le noir, on ne voit pas grand chose tandis que là, vous allez être soufflés par le réalisme des monstres et des décors. Vous allez vous croire au coeur de l'action. Et puis comme Russell tourne avec un jeux d'ombres et de lumières, le tout est vraiment flippant, dérangeant. C'est vraiment un voyage en enfer de première classe!
Parlez-nous des effets spéciaux...
Vu que le script de ce film, plus complexe, je pense que les effets spéciaux vont suivre et seront d'une autre dimension. Au delà des effets qui sont largement à la hauteur des chapitres précédent, c'est en même temps un film beaucoup plus intimiste car il suit les galères d'une groupes d'hommes et de femmes plongés au coeur de l'horreur. C'est donc un film visuellement et psychologiquement dérangeant.
On m'a dit que vous aimez vous impliquer à fond dans le film, au delà de votre prestation d'actrice...
Absolument, pour moi c'est essentiel de me sentir à fond dedans, de faire partie intégrante de l'équipe de fabrication du film. J'ai mon point de vue sur telle ou telle chose, j'ai des idées en tête et j'ai besoin de les exprimer. Mais cela ne veut pas dire que je m'impose et que j'ennuie tout le monde pendant le tournage.
Je donne le maximum du maximum et les gens prennent ce qu'ils veulent prendre de moi. J'essaye de ne pas taper sur les nerfs des autres, mais c'est vrai que de temps en temps j'ai besoin moi aussi d'obtenir des réponses à des questions que je me pose sur mon personnage ou sur le scénario. Parfois, vous vous y perdez avec tous ces effets, toutes ces cascades et bien entendu rien n'est tourné dans l'ordre, donc j'ai besoin que l'on me guide et qu'on resitue mon personnage à tel ou tel moment de l'histoire. Un bon tournage, c'est une question de bonne logistique et de bonne communication, il ne faut pas avoir peur de l'ouvrir au lieu de courir le risque de faire une erreur. Russell est génial en tant que capitaine du navire car c'est un maître en communication, il sait vous mettre en confiance et vous doper pour une meilleure prestation. Et puis j'aime bien regarder après chaque prise ce que cela donne sur le moniteur : cela me permet de corriger telle ou telle chose, d'améliorer, de sculpter une meilleure performance pour la prochaine prise.
Parlons maintenant des thèmes du film comme les manipulations génétiques, l'Homme jouant à Dieu... Cela vous intrigue ?
C'est vrai que ce film montre qu'il y a pas mal d'ordures qui s'amusent à jouer à Dieu mais qu'il en reste une poignée qui peut se révolter et se batttre pour un futur meilleur. C'est un film sombre mais qui porte en lui beaucoup de lumière et d'espoir. Et ça c'est super, surtout que l'on vit à une époque difficile et qu'en plus de divertir les gens c'est bien si on peut leur donner un peu de punch dans leur vie. Mais bon, nous n'essayons pas non plus de prêcher quoi que ce soit et c'est à chacun d'y voir le message qu'il veut y voir. Dans tous les cas, pour moi, c'est plus excitant de faire partie d'un film qui tente de dire quelque chose plutôt que juste donner des baffes sans aucune raison. Dans tous les cas, je crois que ce film est un sacré manège, un grand huit à vitesse maximale qui va vous faire passer un bon moment et vous faire oublier la grisaille du dehors. Et puis ce film a aussi un message de solidarité, il dit que le futur sera si on s'entraide, si on joue le jeu de "l'union fait la force". Je crois que c'est impossible dans le monde d'aujourd'hui de survivre seul. Il faut se créer sa famille si on n'en a pas, créer sa tribu et affronter l'avenir ensemble.
On dirait de part le titre que c'est le dernier volet de cette saga. Ceci dit, seriez-vous prêtre à revenir pour un quatrième "Resident Evil" ?
Qui sait ? Si le scénario et le réalisateur assurent, pourquoi pas ? Moi, je suis toujours prête à partir au combat !
Propos recueillis par Emmanuel Itier en juillet 2007 à Mexico
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