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    Décès de la comédienne Claude Jade

    L'actrice Claude Jade, qui prêta ses traits à Christine Darbon, le grand amour d'Antoine Doinel dans "Baisers volés" et "Domicile conjugal" de Truffaut, est décédée ce vendredi à l'âge de 58 ans.

    Derniers baisers. La comédienne Claude Jade, inoubliable interprète de Baisers volés et Domicile conjugal, s'est éteinte ce vendredi à l'âge de 58 ans des suites d'un cancer. Claude Jade, c'est d'abord évidemment Christine Darbon, jeune fille sage et gracieuse, un personnage imaginé par François Truffaut, et qui forma avec Antoine Doinel (le héros incarné par l'alter ego du cinéaste Jean-Pierre Léaud) un des plus célèbres couples du cinéma français. Une romance qui s'étend sur plus de dix ans, puisque le spectateur assiste à la naissance de cet amour dans Baisers volés en 1968, à la vie quotidienne du couple dans Domicile conjugal (1970) et enfin à sa séparation dans L'Amour en Fuite, dernier volet des aventures de Doinel en 1979.

    De Truffaut à Hitchcock

    Cinéaste qui aimait les femmes (et particulièrement ses actrices), François Truffaut est très vite tombé amoureux de Claude Jade, se déclarant "absolument conquis par sa beauté, ses manières, sa gentillesse et sa joie de vivre", comme le rapportent Antoine de Baecque et Serge Toubiana dans leur biographie de l'auteur des 400 coups. Il l'avait choisie après l'avoir vue sur scène -elle avait alors 19 ans- dans Henri IV de Pirandello monté par Pitoëff en 1967. Car la comédienne, née à Dijon d'une famille d'universitaires protestants, rêvait avant tout de théâtre. Montée à Paris, elle eut pour professeur Jean-Laurent Cochet. Mais après sa rencontre décisive avec Truffaut (qui faillit l'épouser, avant de se défiler à la suite des événements de Mai 68), elle enchaîne les rôles au cinéma : sa jolie frimousse fait fondre Jacques Brel dans Mon Oncle Benjamin (1969), et la même année Alfred Hitchcock la dirige dans L'Etau, film d'espionnage peuplé de comédiens français, parmi lesquels figurait aussi le regretté Philippe Noiret.

    Jade, rare et précieuse

    Trop discrète pour accéder au statut de star, Claude Jade ne cessera pourtant jamais de travailler, passant au cinéma de la comédie (Le Pion en 1978) au drame (L'Honneur d'un capitaine de Pierre Schoendoerffer), et partant tourner en Belgique ou en Italie. Mocky lui offrit un de ses tout derniers rôles sur grand écran en 1994 (Bonsoir). Mais celle qui fit ses débuts, avant même Baisers volés, dans un téléfilm intitulé Le Crime de la rue Chantilly en 1967, sera surtout de plus en plus présente à la télévision : héroïne de L'ile aux trente cercueils en 1979 ou de Cap des pins en 1998, elle apparaît dans la plupart des séries policières à succès, de Navarro à Julie Lescaut. En 2004, elle se raconte dans un livre de souvenirs au titre évocateur et nostalgique : Baisers envolés.

    Julien Dokhan

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