AlloCiné : Vous êtes-vous intéressée au milieu de la prostitution pour ce film?
Micaela Nevarez : Oui, car Fernando León de Aranoa voulait que nous rencontrions ces filles pour nous en inspirer. Pour la préparation de Princesas, nous avons donc passé toute une nuit avec une cinquantaine de prostituées afin qu'elles nous montrent de quelle façon arrêter une voiture, comment parler au client, etc... Elles ont également témoigné sur leur vie personnelle et chacune a ses raisons propres. Il y a des étudiantes, des mères seules et même des filles qui veulent se faire de l'argent pour s'acheter des vêtements de marque... Certaines disent que c'est une vie facile car une passe dure dix minutes et donc elles peuvent gagner en une heure ce qu'elles gagneraient en passant huit heures dans un bureau ! C'était impressionnant, j'ai vu des femmes au visage abîmé car elles avaient été battues, d'autres avec des dents cassées...
Comment ont réagi les prostituées ?
Elles ont presque toutes accepté de parler, sont venues à l'avant-première de Princesas et se sont bien reconnues dans le film car le réalisateur avait travaillé sur le scénario pendant deux ans. Chaque personnage est inspiré d'une prostituée qu'il avait rencontrée. Contrairement à la France, en Espagne la prostitution est légale donc elles ont parlé sans problème. Seules certaines ont hésité car elles avaient honte et ne voulaient pas être reconnues par leur famille.
Pensez-vous que le film changera la vision des gens sur les prostituées ?
C'est précisément le but de Princesas, donc je l'espère. Le sujet principal c'est l'amitié entre Caye et Zulema mais le but est de provoquer la compassion du public face aux prostituées et non le dégoût.
Comment avez-vous rencontré le réalisateur Fernando Léon de Aranoa?
Une rencontre en forme de rêve typique new-yorkais ! Fernando León de Aranoa est venu manger dans le restaurant d'un très bon ami à moi, il dînait là-bas pour la promotion de Les Lundis au soleil, nous avons donc été présenté par le patron. Un an après, il m'a rappelée pour faire des essais. Javier Bardem m'a auditionnée chez Julian Schnabel où il y avait ce soir-là Nicole Kidman et Sean Penn. J'admire beaucoup ce dernier, c'est pour moi le meilleur acteur au monde, donc je ne pouvais pas dire non devant ces légendes !
Connaissiez-vous votre partenaire, Candela Pena?
Je suis une grande admiratrice de Candela Pena et de Fernando León de Aranoa depuis longtemps. J'ai eu peur quand il m'a proposé le film car je n'avais pas d'expérience au cinéma alors que c'est une grande actrice et lui, un grand réalisateur. Je ne suis rien à côté d'eux ! C'était un vrai challenge pour moi...
Le tournage a eu lieu à Madrid, connaissiez-vous l'Espagne ?
Je connaissais déjà l'Espagne car c'est notre mère patrie. Je suis Portoricaine. Je ne connais pas uniquement Madrid, j'ai voyagé un peu partout en Espagne. Jusqu'à l'âge de quinze ans, j'ai vécu à Porto Rico puis à New York. Mon personnage est Dominicain, je n'y suis jamais allé mais j'ai énormément d'amis qui sont de là-bas.
Quel genre de rôles aimeriez-vous jouer maintenant, quels sont vos projets ?
Une méchante, une criminelle (rires). Je vais bientôt rencontrer deux réalisateurs portoricains et un autre américain. Je suis plus attirée par les films européens car les personnages sont bien écrits et il y a plus de liberté pour apporter du contenu à son personnage, contrairement à Hollywood où c'est beaucoup plus contrôlé. Je suis fan de cinéma français mais je meurs également d'envie de travailler avec Pedro Almodovar... D'ailleurs, il a appelé mon agent, mais à ce moment-là, j'attendais mon bébé. Maintenant, je suis impatiente de tourner un nouveau film.
Propos recueillis par Alexandrine Follin le 5 septembre 2006 à Paris
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