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    "Narco" : rencontre avec les deux réalisateurs

    Avec le déjanté "Narco", aujourd'hui en salles, Tristan Aurouet et Gilles Lellouche co-signent un premier long-métrage original et audacieux. Rencontre.

    Un film sur la narcolepsie et la notion de rêve au sens large. Un film qui brasse dans un même élan comédie débridée, drame, science-fiction et action. Vous en rêviez ? Tristan Aurouet et Gilles Lellouche l'on fait ! Avec Narco, le duo signe un petit ovni cinématographique aussi déjanté que touchant. Nous avons voulu en savoir plus. Rencontre.

    AlloCiné : On peut rapprocher "Narco" d'"Atomik Circus" : deux réalisateurs, un premier film en marge, à l'ambition affichée, Benoît Poelvoorde au générique...

    Gilles Lellouche : C'est vrai que les gens font la comparaison avec Atomik Circus. C'est un peu normal, on a en commun avec les frères Poiraud un univers assez poussé, assez développé. Mais si tu regardes bien, on ne fait pas du tout le même truc. Eux, ils ont fait une série Z proclamée série Z. De notre côté, on a réalisé un film qui parle de série Z mais qui a d'autres vélléités. Nous ne sommes pas tout à fait dans le même créneau de cinéma. Eux font un peu du Sam Raimi à ses débuts alors que nous, on est un peu dans une critique de ce cinéma.

    "Narco" est truffé de références au cinéma américain, ne serait-ce que dans les décors. A quelle point la culture US vous a-t-elle influencé ?

    Tristan Aurouet : On a été influencés par le cinéma américain des années 70 et 80, celui avec lequel on a grandi. Après, cela se ressent logiquement dans notre film, il y a des choses plus ou moins conscientes à l'écran.

    Gilles Lellouche : A titre personnel, mon premier choc cinématographique a été américain. C'était Star Wars. Une claque, j'ai du le voir dix fois dans l'année ! On a grandi avec la culture "Spielberguienne", avec les Indiana Jones, les E.T., tout un cinéma qui a eu une grosse influence sur la culture française. Spielberg nous montrait tout d'un coup l'image d'une Amérique moyenne, avec toutes ces petites maisons bien rangées. C'était exotique, c'était très loin de nous. Aujourd'hui, on a, à la péripérie de nos grandes villes, ces petits lotissements à l'américaine. Les Etats-Unis sont à deux pas de chez nous. Dans Narco, on a voulu montrer ça. Pas seulement montrer des décors à l'américaine, mais montrer l'influence que les Etats-Unis ont eu sur nous et comment on a intégré et digéré cette influence.

    Comment en êtes-vous arrivés à imaginer un film aussi original sur la narcolepsie ?

    Gilles Lellouche : Pour être tout à fait honnête, l'idée vient de notre producteur. Avant d'être producteur, il était restaurateur. Tous les midis, un mec se pointait dans le restaurant. Il n'avait pas fini son entrée qu'il avait déjà la tête dans l'assiette. Tout le monde hallucinait. En parlant avec lui, notre producteur a appris qu'il était narcoleptique et qu'il s'endormait n'importe quand et n'importe où. Ca l'a tellement fait halluciner qu'il a eu l'idée d'un film où un mec s'endormirait tout le temps, serait un naze dans la vie et un super-héros dans ses rêves. Il nous a proposé l'idée avec un traitement qui n'était pas exactement celui que l'on souhaitait, alors on en a fait un scénario avec notre vision et voilà comment Narco est né.

    Parler d'une pathologie comme la narcolespie à l'écran est assez ambitieux...

    Gilles Lellouche : On a essayé de ne pas trahir ce qu'est le quotidien de ces gens-là. On a essayé d'être le plus juste possible. On avait vu des émissions sur le sujet, on s'est documenté un maximum, on a évidemment rencontré des narcoleptiques. Le scénario n'a en aucun cas voulu ni se moquer, ni profiter de cette pathologie. Le truc était de montrer de façon assez objective la complexité de ce que peut représenter une vie pour ces gens-là. On n'envisage pas vraiment ce que peut être un handicap, quel qu'il soit. Pour celui-ci en particulier, te réveiller tous les matins et te confronter à des gens qui te voient comme un drogué ou comme un fainéant, qui n'arrivent pas à comprendre que c'est une maladie, c'est très dur. Narco est une comédie, mais on voulait aussi sensibiliser les gens avec de la douceur et de la poésie.

    Pour un premier film, les effets spéciaux du film, qui matérialisent les rêves du héros, sont particulièrement bluffants...

    Tristan Aurouet : On s'est bien entouré. On avait avec nous des jeunes de notre génération qui ont totalement compris notre univers. Il y a eu beaucoup de boulot pour que les effets spéciaux s'accordent à notre vision. C'est passé par beaucoup de story-boards, beaucoup d'essais en animatic (ndlr : pré-visualisation d'une animation en 3D). Il y a eu jusqu'à huit mois entre l'exposition d'une idée et le produit fini. C'était un vrai travail d'horlogerie.

    Au final, comment définiriez-vous ce "Narco" qui brasse tellement de genres ?

    Tristan Aurouet : C'est difficile pour nous de ranger le film dans des cases en particulier, mais je dirais que c'est une comédie avec une part de poésie. Une comédie poétique.

    Propos recueillis par Clément Cuyer

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