Un an à peine après La Beuze, Michaël Youn est de retour sur grand écran avec Les 11 commandements où, avec ses potes Les Conards, il multiplie les séquences les plus osées en direct live et sans trucages, pour que l'humour règne à nouveau sur Terre. AlloCiné est allé à la rencontre de l'électron libre Youn pour converser sur ce long-métrage délirant mêlant fiction et caméra cachée trash, objet filmique irévérencieux lorgnant parfois vers le programme de télé-réalité extrême Jackass, mais surtout vers la folie débridée et sans limites de feu Le Morning Live. Explication de texte...
AlloCiné : Comment sont nés "Les 11 commandements" ?
Michaël Youn : On me proposait des comédies traditionnelles à tourner cet été, mais je me suis dit que j'avais le temps pour le traditionnel. Ensuite, avec mes potes du Morning live, on avait la frustration des conneries qu'on avait pas pu faire à l'époque de l'émission, on avait plein d'idées qui fourmillaient dans nos têtes. Enfin, je regarde un jour le DVD du film Jackass avec Abel Namias, de chez Pathé. On est morts de rire ! On se dit : "La vache, ils ont réussi à transposer leur univers télé au cinéma, pourquoi ne pas essayer de le faire avec l'univers du Morning live ?" Comme Jackass n'est pas sorti en salles, ça a facilité les choses. On a abandonné tous nos autres projets, on s'est mis au travail avec tous les Conards, deux mois d'écriture, trois de tournage et trois de montage...
L'influence Jackass est donc revendiquée ?
Un petit peu, on ne le cache pas. Il y a deux commandements où cela se sent, les séquences avec Djibril Cissé et Amélie Mauresmo. Pour le reste, je ne dirais pas qu'on a été plus loin que Jackass, mais on a été différent. On a d'autres sources d'inspiration, il y a des moments absurdes, parfois poétiques, des moments très Morning live. Les arrestations par la police, les scènes de nudité, quand on joue avec les code de l'homosexualité, tout ça c'est aussi l'esprit Morning live. Il y a de la fiction dans notre film, ce n'est pas qu'une "succession de", il y a des guest-stars aussi... Alors quand on me dit qu'on est un peu les Jackass français, ça m'emmerde, parce que ce n'est pas vrai... Les 11 commandements est vachement plus drôle et plus varié que Jackass. Pour une fois, on a fait plus fort que les Américains !
Vous avez eu des limites dans le délire ?
Non. Les seules limites ont été des limites d'assurance, car des séquences n'ont pas pu être assurées. On voulait faire une corrida avec des crocodiles et des rhinocéros, rentrer dans la cour de l'Elysée pour faire du stock-car, mais les assurances n'ont pas voulu, trop dangereux ! Sinon, c'était des limites de budget. On voulait faire un débarquement sur une plage avec 200 militaires, des avions cargo, un peu à la Apocalypse Now : trop cher ! Finalement, la seule vraie limite qu'on avait en tournant, c'était s'arranger pour ne pas mourir !
La peur est toujours présente avant chaque séquence ?
Si on ne flippait pas, ça ne vaudrait même pas le coup de le faire. Je pense qu'à un moment, en tant que spectateur, tu t'identifies. Tu arrives à ressentir ce qui peut se passer : un mélange de peur et d'adrénaline. La séquence de la centrifugeuse par exemple, j'étais mort de trouille, j'avais de l'eau qui coulait des mains... A Lyon, pour la scène du stade de football de Gerland aussi, on a flippé ! (Ils font une animation à la mi-temps, déguisés en chanteurs originaires de Saint-Etienne, la ville voisine et ennemie footbalistiquement parlant, ndlr). Les supporters pouvaient débarquer sur le terrain n'importe quand et nous péter la gueule !
Si tu avais un moment fort à retenir du tournage ?
Ce serait le calvaire en Russie, où nous nous sommes rendus pour les scènes de l'apesanteur et de la centrifugeuse. On est arrivé à la douane, ils nous ont demandé 30 000 dollars pour rentrer le matériel ! Comme on n'avait pas l'argent, il a été réquisitionné trois jours. On ne pouvait pas tourner, les gens étaient désagréables, la bouffe était dégueulasse... Même la bouffe nous agressait ! Il faisait froid, et même notre traductrice nous insultait ! On était tous malades, alors qu'on avait pas encore tourné les scènes dangereuses...
Envisages-tu les "12 commandements" ?
Ca dépend de ce que le film va faire, mais il y a déjà des retours assez énormes. Surtout, on parvient à bien dénoter la différence entre les autres et ce qu'on fait, une proposition alternative, un rire plus efficace, au détriment de la narration. Mais ça on le sait, c'est pas grave. Si tu as vraiment envie de te marrer tout le temps, c'est le film à voir. On a tellement d'idées qui ont germé dans nos petits crânes de Conards que si ça marche, on va avoir des moyens, la classe mondiale pour faire encore pire. Quand tu vois le résultat que ça fais, que je te dis qu'on a été un peu timide, imagine si on se lâche, c'est la révolution ! C'est notre objectif d'ailleurs : faire un film, et que ce soit la révolution...
Ton crédo, c'est donc d'être plus que jamais irrévérencieux ?
Oui. C'est ça qui me fait tripper : faire exactement là où on me dit de pas faire. Depuis le 11 septembre, on a tendance à être de plus en plus paranoïaque et flippé. Il y a de plus en plus d'émissions de classements, comme si demain c'était l'apocalypse et qu'il fallait tout ranger avant de mourir. Il y a de moins en moins de liberté à la télévision, alors que c'est elle qui est la face emmergée de l'iceberg et que toute l'humanité regarde ! Moi, justement, ce qui me plait, c'est de de pas respecter tout ça, d'être super libre avec mes potes. Dans la vie de tous les jours, je suis un mouton comme n'importe qui, mais quand on branche la caméra, j'ai envie de me sentir libre et de faire ces conneries de sale gosse.
Quels sont tes projets disons... plus "classiques" ? Le projet "Iznogoud" ? Un rôle dans "Les Dalton" ?
Je devais faire un petit rôle dans Les Dalton, mais le tournage tombait aux même dates que celui d'Iznogoud et c'est ce dernier projet le plus important pour moi. Je vais jouer le personnage du grand Vizir Iznogoud dans un film réalisé par Patrick Braoudé, adapté de la bande-dessinée, avec Jacques Villeret dans le rôle du Calife, mais aussi Kad et Olivier, Bernard Farcy, Franck Dubosc... On part en mars au Maroc, à Casablanca, pour soixante jours de tournage. Je ne vais pas être hypocrite, je ne suis pas très BD, mais le personnage d'Iznogoud est super intéressant, très difficile à jouer. C'est lui qui a inspiré Louis De Funès pour La Folie des grandeurs. Il est tout en énergie, très méchant, il veut être Calife à la place du Calife, c'est un peu Sarkozy qui veut être Raffarin ou Chirac...
Propos recueillis par Clément Cuyer
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