Figure emblématique du cinéma français, Daniel Toscan du Plantier s'est éteint ce mardi 11 février à l'hôpital Urbanen de Kreuzberg, à Berlin, des suites d'un malaise cardiaque survenu à 11h00 à l'hôtel Hyatt de Berlin. Agé de 61 ans, le producteur et président d'Unifrance, organisme chargé de la promotion du film français à l'étranger, se trouvait dans la capitale allemande, où il participait à la 53e Berlinale. Hier soir encore, Daniel Toscan du Plantier assistait à la projection de La Fleur du mal de Claude Chabrol, puis à la réception donnée à l'ambassade de France en l'honneur du réalisateur.
Réactions de Jean-Jacques Aillagon et de Pierre Schoendoerffer
Dans un communiqué, Jean-Jacques Aillagon, Ministre de la Culture et de la Communication, a salué "le producteur de talent qui avait su se mettre au service des plus grands cinéastes de Pialat, à Bergman en passant par Losey ou Fellini". Le ministre a également rendu hommage à "son engagement inépuisable à la tête d'Unifrance Film en faveur de la création et de la diffusion du cinéma français dans le monde. Daniel Toscan du Plantier restera dans nos mémoires comme l'ambassadeur infatigable du cinéma français".
Le cinéaste Pierre Schoendoerffer, dont le dernier film Là-haut avait été produit par Daniel Toscan du Plantier, a pour sa part réagi à l'annonce de cette nouvelle : "C'est une grande, grande peine. C'était un ami. Je suis vraiment sous le choc. Il était un de ceux qui m'étaient le plus proche dans le cinéma. Il avait été très choqué par la disparition de Pialat. Après Pialat, je crois que j'étais son meilleur ami. C'était un personnage flamboyant, qui défendait le cinéma français de manière tout à fait remarquable. En tant que producteur, il aimait mon travail, il avait confiance en moi".
Un producteur hétéroclite
Né le 7 avril 1941 à Chambéry et diplômé de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, Daniel Toscan du Plantier passe dix ans dans la publicité où il dirige Régie Presse, filiale du groupe Publicis. En 1975, il devient Directeur Général Adjoint de Gaumont. C'est sous son autorité en particulier que sont produits, coproduits ou distribués des films prestigieux tels que Cousin, cousine de Jean-Charles Tacchella, Don Giovanni de Joseph Losey, A nos amours et Police de Maurice Pialat, La Cité des femmes de Federico Fellini, ou encore Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog.
En 1985, il prend la direction d'Erato disques et de sa filiale Erato Films qui deviendra en 1997 Euripide Productions. Très hétéroclite, il produit notamment Sous le soleil de Satan et Van Gogh de Maurice Pialat, Les Branches de l'arbre de Satyajit Ray, Waati de Souleymane Cissé, Quadrille de Valérie Lemercier ou La Dilettante et Mercredi folle journée de Pascal Thomas. Président d'Unifrance depuis 1988, il dirigeait également l'Académie des Arts et Techniques du Cinéma (les César) et la Cinémathèque de Toulouse.
Divorcé de l'actrice Marie-Christine Barrault, puis de la fille du cinéaste Luigi Comencini, il avait perdu sa femme Sophie, assassinée en Irlande dans des circonstances non élucidées, en décembre 1996. Il avait également écrit plusieurs ouvrages, dont un essai, L'Emotion culturelle, qui évoquait son parcours d'homme-orchestre du cinéma français.
Guillaume Martin