De quoi ça parle ?
Mona vit avec son fils trentenaire, Joël, qui est "en retard". Il travaille dans un établissement spécialisé, un ESAT, et aime passionnément sa collègue Océane, elle aussi en situation de handicap. Alors que Mona ignore tout de cette relation, elle apprend qu’Océane est enceinte. La relation fusionnelle entre mère et fils vacille.
En cette fin d'année, Laure Calamy est et sera très présente, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Après la série Une amie dévouée sur la plateforme Max, un film pour Arte Je ne me laisserai plus faire, réalisé par Gustave Kervern, et en attendant le thriller façon frère Coen de Franck Dubosc (Un Ours dans le Jura, le 1er janvier au cinéma), l'actrice partage l'affiche, ce mercredi, de Mon Inséparable : un drame très touchant dans lequel elle joue la mère d'un jeune homme en situation de handicap, Joël (incarné par le remarquable Charles Peccia Galletto).
Ce film, sélectionné au Festival de Venise (festival où Laure Calamy avait été primée pour A plein temps), aborde avec beaucoup de subtilité et de justesse des sujets forts, rarement abordés au cinéma. Mon inséparable s'intéresse notamment à la question du handicap, avec un prisme singulier. Aborder le handicap par le biais des relations parents/enfants, des liens que l'on tisse.
"Le handicap crée une loupe pour parler de la complexité des relations parents/enfants. La vulnérabilité d’un enfant en situation de handicap radicalise les craintes de son ou ses parents, elle rend le détachement plus difficile à opérer, elle crée du ressentiment, de la culpabilité des deux côtés, des ressorts de fiction puissants, qui existent à plus ou moins grande échelle dans toutes les relations familiales", explique la réalisatrice Anne-Sophie Bailly, dans le dossier de presse.
Donner une vraie place, artistiquement, à des protagonistes « différents »
"Un personnage en situation de handicap n’implique pas que le sujet soit nécessairement le handicap ; et c’est donner une vraie place, artistiquement, à des protagonistes « différents » que de les mettre au coeur d’histoires qui émeuvent au-delà de la maladie, d’un ralentissement ou d’un empêchement."
Le film est porté par trois acteurs tous remarquables : Laure Calamy qui montre une facette très touchante, mais aussi deux jeunes acteurs, tous deux en situation de handicap : Charles Peccia Galletto et Julie Froger, eux-mêmes handicapés...
"Il n’était pas question d’imiter ou de jouer le handicap, explique la réalisatrice Anne-Sophie Bailly. Charles comme Julie ont des points communs avec leurs personnages, mais ne sont pas leurs personnages. (...) Personne ne peut être réduit à son handicap : toutes les personnes dans cette situation ne se pensent pas de la même façon, il est parfois extrêmement délicat de démêler ce qui relève de l’invalidité et de la personnalité."
Elle poursuit : "De mon côté, je voulais travailler en connaissant les troubles dont souffraient mes personnages et les rapprocher de Charles et Julie, mais à aucun moment poser un diagnostic médical dans le film. C’est un surplomb que je ne voulais pas avoir."
La réalité est tellement plus forte que tout ce qu’on peut imaginer
Pour Mon Inséparable, la réalisatrice a fait un grand travail de documentation, notamment en passant du temps dans l'établissement social d’aide par le travail (ESAT) de Ménilmontant, à Paris. "La réalité est tellement plus forte que tout ce qu’on peut imaginer... Dans ce centre de Ménilmontant, j’ai rencontré un jeune homme porteur de trisomie 21 qui s’habillait de façon incroyable. J’aurais filmé ça, on m’aurait reproché d’en rajouter..."
Mon Inséparable d'Anne-Sophie Bailly, avec Laure Calamy, Charles Peccia Galletto et Julie Froger, sort au cinéma ce mercredi.