En 2018, Franck Dubosc réalisait Tout le monde debout, son premier long métrage. Plus de 2,4 millions de spectateurs découvraient alors que l'interprète de Patrick Chirac dans la saga culte Camping avait un vrai talent de mise en scène et une grande sensibilité.
Avec une note presse moyenne de 3,6 étoiles et une note spectateurs moyenne de 3,9, la comédie romantique également emmenée par Alexandra Lamy est d'ailleurs le film le mieux noté de la filmographie de Dubosc à ce jour. Après sa comédie Rumba la vie en 2022, le cinéaste revient aujourd'hui avec Un Ours dans le Jura.
Dans ce film, Michel (Dubosc) et Cathy ((Laure Calamy), un couple usé par le temps et les difficultés financières, ne se parle plus vraiment. Jusqu’au jour où Michel, pour éviter un ours sur la route, heurte une voiture et tue les deux occupants. 2 morts et 2 millions en billets usagés dans le coffre, forcément, ça donne envie de se reparler. Et surtout de se taire.
Avec ce long métrage qu'il co-écrit avec Sarah Kaminsky, Franck Dubosc change de registre et nous livre pour la première fois de sa carrière une comédie noire qui tire vers le thriller. Le cinéaste y partage l'affiche avec Laure Calamy, Benoît Poelvoorde, Joséphine de Meaux et Kim Higelin.
Un casting plus "cinéma d'auteur"
Des comédiens avec lesquels Franck Dubosc n’avait encore jamais tourné. Le metteur en scène précise, d’ailleurs, dans le dossier de presse, qu’il a changé de directeur de casting pour Un Ours dans le Jura.
"J'ai changé de directeur de casting sur ce film pour en prendre un plus spécialisé dans le film « d'auteur ». Au final, il n'y a qu'un seul acteur qui vienne de mon univers, celui qui joue le curé, Christophe Canard. Tous les autres, du garde-forestier en passant par la serveuse de bar viennent d'un autre registre. Ces choix de casting correspondaient à mon envie de donner une autre teinte, plus réaliste avec ce film."
Il ajoute: "Laure, je savais qu'elle pouvait être aussi drôle que tragique. Mais c'est ce qu'elle fait dans A plein temps qui m'a convaincu : elle y est à la fois dans une énergie débordante et une fragilité. C'était cette Laure que je voulais, pas celle, plus dans un registre plus comique."
Changement de registre pour Franck Dubosc
Franck Dubosc nous parle de son évolution et se confie sur la prise de conscience qui a influencé son travail en tant que metteur en scène : "En tant qu’acteur, j’ai beaucoup tourné pour recevoir de l'amour, pour essayer d'être aimé. Tout à coup, je me suis dit : peut-être qu’à un moment, moi aussi, je dois m’aimer un peu, faire ce dont j’ai envie et être honnête. J’ai toujours été honnête dans ma démarche, mais je veux l’être encore davantage. C’est pour ça que j’ai attendu si longtemps avant d’oser réaliser.
Au final, Patrick Chirac, est un personnage très éloigné de moi.
Et puis, forcément, les films que je fais me ressemblent davantage, parce que je les ai écrits seul, sauf le dernier que j’ai coécrit avec Sarah Kaminski. Mais oui, ça me ressemble plus. Cela dit, avant de pouvoir faire quelque chose qui me ressemble, il a fallu que je passe par d’autres rôles, d’autres personnages, pour me trouver moi-même. Au final, Patrick Chirac, est un personnage très éloigné de moi. C’est compliqué à jouer. Je ne me balade pas comme ça dans la rue."
Pour leur part, Benoît Poelvoorde et Laure Calamy avouent avoir été étonnés de voir qu'il s'agissait d'une comédie noire en recevant le scénario d'Un Ours dans le Jura.
Laure Calamy - qui interprète Cathy, la femme du personnage joué par Franck Dubosc dans le long métrage - explique à notre micro : "Je ne vais pas mentir, j’ai été surprise. Je m’étais fait une idée de l'univers dans lequel Franck évoluait, et ce n’était pas forcément ce genre de film. Mais j’ai trouvé le scénario vraiment exceptionnel, je l’ai adoré. J’ai trouvé ça fascinant de voir quelqu’un qui, tout à coup, bifurque et va là où on ne l’attend pas. Et en fait, je pense que c'est là où il s'attendait lui-même."
Je ne vais pas mentir, j’ai été surprise.
Benoît Poelvoorde ajoute : "Je ne connaissais pas Franck auparavant. On s’était croisés sur le tournage d’Astérix, mais c’est tout, et je ne regarde pas la télévision. Du peu que j’avais vu, Franck, pour moi, c’était la comédie. Quand j’ai reçu le scénario et que j’en ai parlé autour de moi, mes amis proches – qui ne sont pas dans le milieu du cinéma – avaient tous des idées reçues sur ce à quoi s’attendre. Comme je ne le connaissais pas vraiment, j’avais peu d’a priori pour ma part, et en terminant le scénario, j’ai été bluffé. Les a priori, c’est terrible, vraiment."
Une comédie sérieuse
Dans le digne lignée de Fargo des frères Coen, Un Ours dans le Jura nous fait rire de manière involontaire et c'est en partie ce qui fait la force de ce film qui se joue des codes. Tourné dans le Haut-Jura en hiver dernier, le long métrage est décrit par Franck Dubosc comme une comédie sérieuse. Le cinéaste expliquait au micro de France 3 Franche-Comté en mars dernier : "J’avais envie de changer un peu de genre. D’être dans un genre avec toujours de la comédie, mais un peu plus noire, plus dans l’humour des frères Coen, comme Fargo… Tous ces films où l’on rit, mais d’un premier degré, avec des personnages très ancrés dans le réel. Je n’avais pas envie d’une comédie rigolote, mais d’une comédie sérieuse, un comique sérieux.”"
A notre micro, il ajoute : "La comédie noire, pour moi, c’est faire rire sans recourir aux gaffes. Ce que j’apprécie dans ce genre de comédie, c’est qu’à l’écriture, je n’essaie pas d’imposer le rire. On ne dit pas : « Attention, il faut rire ici. » On propose. D’ailleurs, je l’ai dit à mes acteurs dès le début du tournage : on ne cherche pas à faire rire, on joue tout au premier degré, avec beaucoup de sérieux. Et c’est justement cette sincérité qui, au final, amuse.
Pour moi, la comédie noire, c’est ça : le public décide de rire, soit parce que ça le soulage, soit parce que c’est tellement énorme qu’il finit par éclater de rire. Par exemple, le premier grand éclat de rire dans le film survient quand un personnage se fait transpercer par un arbre. En écrivant cette scène, je n’aurais jamais imaginé qu’elle provoquerait du rire. Et pourtant, à chaque projection, les gens rient à cet instant précis. C’est un moment d’horreur, pas un gag."
Un Ours dans le Jura est à découvrir au cinéma.