Nous sommes en 1995. La comédienne Sharon Stone est au sommet de sa popularité après ses performances dans Basic Instinct, Total Recall ou encore Sliver. Quand le studio TriStar décide de lancer le projet du western Mort ou Vif, il décide carrément de nommer Sharon Stone co-productrice du long-métrage.
Forte de ce pouvoir nouvellement acquis, l'artiste a donc la possibilité de choisir ses partenaires ainsi que le réalisateur. La production envoie donc une liste de cinéastes à l'actrice mais cette dernière n'a qu'un seul nom en tête : Sam Raimi. Pourtant, à l'époque, le metteur en scène n'était connu que pour la trilogie d'horreur Evil Dead et Darkman, loin du genre western.
Sharon Stone prend le pouvoir
Sam Raimi a été très surpris d’apprendre que Sharon Stone avait cherché à le joindre pour lui offrir le poste. "Je n’y croyais pas. J’avais envie de la rappeler et de lui demander si elle était sûre d’avoir appelé la bonne personne. Mais je ne l’ai pas fait", avait-il confié.
Il semblerait finalement que cette collaboration n'ait pas été très fructueuse. Présente lors d'une conférence de presse au Torino Film Festival, Sharon Stone a fait quelques révélations intéressantes sur ses relations avec Sam Raimi.
"J'avais à mes côtés mon grand directeur de la photographie italien, Dante Spinotti, et j'ai eu la chance de produire Mort ou Vif et d'avoir l'opportunité de faire le casting de ce film. Le réalisateur Sam Raimi, que j'ai eu l'occasion de faire passer de films de série B à des films de série A, a ensuite réalisé Spider-Man et il est devenu un très grand réalisateur de blockbusters", a d'abord rappelé Sharon Stone.
"J'ai fait venir Russell Crowe d'Australie [avant Gladiator]. J'ai aussi eu l'occasion d'engager Leonardo DiCaprio [avant Titanic] et de lui donner un rôle principal, et j'ai vraiment aimé produire", a également affirmé la comédienne, qui a effectivement eu le nez fin en faisant appel à ces talents en devenir.
"Concernant Sam Raimi, j'ai vraiment aimé ses films. Je le trouvais très intelligent et très drôle. Il était différent de Martin Scorsese [avec qui elle a tourné Casino] car ce dernier est italien ; il est loyal et il a le sens de la famille. C'est pour cela que Marty et moi avons toujours au des bonnes relations, et c'est pour cela que nous travaillons toujours ensemble", précise Sharon Stone.
Sam Raimi immature ?
"Sam Raimi est comme un gamin, il n'est pas loyal. Il n'a pas le sens de la famille ; il ne m'a plus jamais adressé la parole, ne m'a pas remercié, ne m'a pas réengagé sur d'autres films et n'a même eu de considération pour notre relation", tacle l'actrice. Cette dernière encense ensuite à nouveau Martin Scorsese, le réalisateur ayant une place de choix dans l'estime de Sharon Stone.
Sam Raimi est comme un gamin, il n'est pas loyal.
"J'ai travaillé si dur avec Marty, je l'admire tellement. C'est pour cela que notre relation continue aujourd'hui. Il y a de la profondeur", a poursuivi l'artiste, désormais âgée de 66 ans. Malheureusement, Mort ou Vif sera un échec commercial en 1995, récoltant seulement 18 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget de 32 millions. Il est ensuite devenu un film culte avec le temps et l'exploitation vidéo.
J'ai travaillé si dur avec Marty, je l'admire tellement. C'est pour cela que notre relation continue aujourd'hui. Il y a de la profondeur.
Sharon Stone, qui avait envie de passer derrière la caméra à l'époque, a été freinée par ce revers. Cependant, elle accuse surtout le sexisme régnant à Hollywood, obstacle majeur selon l'actrice. "Après avoir produit Mort ou Vif, je suis retournée voir le studio ; j’ai demandé 14 millions de dollars de budget, j’avais un scénario, j’avais la musique, j’avais tout. Je l'ai présenté partout", explique-t-elle.
Sexisme à Hollywood ?
"On m’a dit que c’était le meilleur pitch jamais entendu, mais en fait, une femme qui dirige… En fin de compte, dans les années 90 et au début des années 2000, la résistance à ce que les femmes travaillent, à ce que je travaille, était si grande que je n’ai pas pu revenir à la réalisation et c’était regrettable", déplore Sharon Stone.
"J’ai l’impression que mon intelligence a été gaspillée à essayer de convaincre des directeurs de studio moins intelligents de me laisser réaliser. Ils m’ont donc demandé de venir les aider à faire le casting des films dans les studios, ce que j’ai fait parce que j’étais évidemment très douée en production", souligne-t-elle.
J’ai l’impression que mon intelligence a été gaspillée à essayer de convaincre des directeurs de studio moins intelligents de me laisser réaliser.
"Je pense simplement que la résistance à ce que les femmes soient en position de pouvoir, la résistance à ce que je sois en position de pouvoir, était très grande et la résistance à l'utilisation de mon intelligence a été énorme, et ce par des gens moins futés", regrette Sharon Stone.
Pour rappel, Mort ou Vif nous présente John Herod, campé par Gene Hackman. Ce dernier règne tel un tyran sur la petite ville de Redemption. Chaque année, la cité organise un tournoi de duels à mort à l'issue duquel la somme de 123 000 dollars est promise au meilleur tireur.
Jusque-là, Herod a toujours empoché la récompense lui-même. Mais quand Ellen (Sharon Stone), une mystérieuse inconnue, déclare vouloir participer à la compétition, les événements prennent une tournure inattendue.