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    A voir au cinéma... Marmaille : pourquoi ce film est une grande première en France ?
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Le long métrage "Marmaille" de Grégory Lucilly constitue une grande première en France. On vous explique pourquoi.

    De quoi ça parle ?

    Thomas, un adolescent réunionnais de 15 ans, n’aspire qu’à remporter un concours de breakdance et partir pour la métropole. Mais quand sa mère le met brutalement à la rue ainsi que sa sœur Audrey, leur monde s’effondre. Placés chez leur père inconnu et livrés à eux-mêmes, ils doivent surmonter l’abandon et se reconstruire.

    Marmaille
    Marmaille
    Sortie : 4 décembre 2024 | 1h 32min
    De Grégory Lucilly
    Avec Maxime Calicharane, Brillana Domitile Clain, Vincent Vermignon
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    3,5
    Séances (69)

    L'île de La Réunion a souvent accueilli des tournages de films français. Mais Marmaille constitue une grande première : il s'agit du premier film tourné à La Réunion, 100% réunionnais, parlé en créole réunionnais, et bénéficiant d'une sortie au cinéma en France métropolitaine.

    "Si La Réunion est devenue depuis plusieurs années maintenant un lieu réputé de tournage accueillant les plus grosses productions, un studio de cinéma à ciel ouvert et un terreau d’histoires inspirantes, c’est la première fois qu’un réalisateur du pays va tenter de conquérir les salles de la métropole", explique le réalisateur Grégory Lucilly dans sa note d'intention.

    Et d'ajouter : "Je le fais avec l’honneur d’avoir mis des jeunes de mes rues en premiers rôles, avec le respect dû à notre musique héritée des temps de l’esclavage, le maloya. Je le fais avec l’intime conviction qu’après ce film, vous voudrez danser la vie et vous réunir."

    Un décor en phase avec le propos fort du film

    Marmaille bénéficie d'un cadre de tournage singulier et exceptionnel. Mais il est à noter qu'à aucun moment, son réalisateur n'a cherché à rendre cliché ce lieu de tournage. Bien au contraire. Ce décor est en tout cas totalement en phase avec le propos du film, comme Grégory Lucilly de façon très pertinente dans le dossier de presse.

    "Je considère que cette île est encore à son âge adolescent. Elle est habitée seulement depuis 400 ans, et est encore en train de se chercher. Je voyais donc là un parallèle avec mes personnages, qui doivent, eux aussi, se battre pour leur avenir. La Réunion est magnifique par son paysage, son métissage culturel – beaucoup d’ethnies et de religions s’y mélangent – comme par la solidarité qui y règne. Je suis fou amoureux de mon île, qui est aussi un personnage central de mon film. Son caractère sauvage, fougueux, par ailleurs, devait déteindre dans le tempérament de Thomas, qui incarne aussi, à cet égard, l’île où je vis."

    Une histoire basée sur des faits réels méconnus

    La force de Marmaille repose beaucoup sur son sujet, rarement abordé au cinéma, et avec son parti pris assez radical. Grégory Lucilly explique d'où lui est venue cette idée de s'emparer de ce sujet : "Un jour, alors que j’épaulais un jeune en difficulté, je me suis retrouvé au service de l’Aide Sociale à l’Enfance à Saint-Leu, à La Réunion. J’y ai rencontré une assistante sociale, qui m’a dit ceci : « Les mères qui abandonnent leur enfant, c’est, pour nous, une situation banale ».

    Les mères qui abandonnent leur enfant, c’est, pour nous, une situation banale

    Cette phrase m’a beaucoup choqué et a suscité en moi le désir d’en savoir plus. Je suis ainsi allé à la rencontre de magistrats, d’officiers de police judiciaire, d’assistants sociaux et tous m’ont dit la même chose que cette femme. Pour moi qui ai eu la chance de grandir dans une famille aimante, cela relève de l’impensable. Cette « situation banale » m’a sauté aux yeux le jour où un employé de la Protection de l’enfance m’a fait entrer dans une grande pièce sécurisée : j’y ai découvert des centaines de dossiers suspendus concernant ces enfants abandonnés. Cette quantité faramineuse de dossiers m’a bouleversé. J’ai donc décidé de partir de ce sujet en adoptant le point de vue d’un adolescent."

    La radicalité du sujet passe par le fait qu'on ignore pourquoi la mère a choisi d’être absente. "La situation est d’autant plus violente que le père de ces deux enfants les a abandonnés, lui aussi."

    Et d'ajouter : "Cela fait écho à de nombreuses situations que j’ai rencontrées lors de mon enquête préalable à l’écriture. Malgré la violence de la situation, mon envie était de poser un regard positif sur la famille en racontant l’histoire d’une réconciliation, non pas autour de la mère, défaillante, mais autour du père, qui refait surface par la force des choses et qui va se sublimer grâce à cette situation."

    Marmaille sort au cinéma ce mercredi 4 décembre 2024.

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