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    "Il y a un danger" : pour cet immense réalisateur oscarisé, les plateformes de streaming ne suffisent pas
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Le tout dématérialisé et le streaming ont beau resserrer chaque jour un peu plus leur emprise, le support physique n'a pas encore dit son dernier mot, et compte parmi ses inconditionnels des soutiens de poids, comme Christopher Nolan.

    BORDE-JACOVIDES / BESTIMAGE

    Dans un paysage numérique désormais largement cannibalisé par le tout dématérialisé, et en premier lieu le streaming, il y a quelque chose de rassurant à voir de grands cinéastes encore fermement attachés au support physique pour découvrir les oeuvres. Christopher Nolan, qu'on ne présente plus, est de ceux-là. Non seulement c'est un ardent défenseur de la pellicule 35mm, mais aussi un inconditionnel du DVD / Blu-ray et UHD, au même titre d'ailleurs que son confrère Guillermo del Toro.

    C'est l'un des plus grands documentaires de tous les temps, mais ce chef-d'oeuvre cité à l'Oscar est invisible depuis 35 ans en France

    "Je pense que sur les versions physiques de mes films, les versions définitives en Blu-ray et en 4K, il y a beaucoup moins de compression, c'est un processus très spécifique, on peut contrôler la couleur des images, la luminosité, toutes ces choses" confiait le cinéaste dans la formidable émission Vidéoclub de Konbini, alors qu'il était de passage pour assurer la promotion de son Oppenheimer.

    Ajoutant : "Quand on regarde un film en streaming, on n'a pas vraiment de contrôle sur la manière dont il est diffusé. Le fait de pouvoir tenir un film dans ses mains, de voir la pochette, l'affiche, les noms, c'est concret".

    "Vous êtes les gardiens de ces films pour les générations à venir"

    En 2023, dans un entretien accordé au Washington Post, il s'était exprimé sur sa crainte de perdre définitivement certains films s’ils n’existent plus en format physique, mais uniquement en streaming. “Il y a un danger, de nos jours, que si les films n'existent que dans une version streaming, ils soient supprimés, ils vont et viennent”, disait-il.

    C'est d'autant plus vrai que, à titre d'exemple, Disney a régulièrement supprimé des dizaines de films de son catalogue Disney +, et sont désormais invisibles. A moins d'en avoir une version en DVD ou en Blu-ray. Ou encore l'exemple de la série Willow, qui a disparue du catalogue, faute d'audience suffisante.

    Guillermo del Toro avait abondé dans le même sens que lui, en postant un message sur son compte X. "Les médias physiques représentent presque un niveau de responsabilité à la Fahrenheit 451 (où les gens mémorisaient des livres entiers et devenaient ainsi le livre qu'ils aimaient). Si vous possédez un superbe 4K HD, Blu-ray, DVD, etc. d'un ou de plusieurs films que vous aimez... vous êtes les gardiens de ces films pour les générations à venir".

    Du marché large au marché de niche

    Alors que le marché du support physique ne cesse de rétrécir comme une peau de chagrin depuis des années, les éditeurs vidéo redoublent justement d'efforts et de passion pour offrir des éditions ultra qualitatives doublées d'un complément éditorial fort, pour le plus grand bonheur des cinéphiles. Des pièces qui ne sont parfois éditées qu'en 500 ou 1000 exemplaires, s'arrachant presque instantanément lors des ouvertures des précommandes.

    En France, il y a encore de nombreux éditeurs qui font un remarquable travail, comme Potemkine, The Jokers, le Chat qui fume, Rimini, Tamasa, ESC, L'Atelier d'images, Coin de mire, Elephant Films, BQHL, Sidonis Calysta, Carlotta, et d'autres. Si le chiffre d'affaires de la vidéo physique continue de décliner, le support continue malgré tout à résister.

    "On a tendance à croire qu’avec la dématérialisation tout est disponible en VàD (vidéo à la demande) ce qui n’est pas tout à fait vrai" expliquait Vincent Paul-Boncour, directeur et co-fondateur de Carlotta Films, au Film français, en octobre dernier. "Et les éditeurs tels que nous, apportons une plus-value qui passe par de très belles restaurations et des suppléments constitués d’archives ou d’analyses.

    La notion de bel objet compte aussi beaucoup, puisque nous proposons des éditions de grande qualité dont le public est demandeur. Il semble que la vidéo physique, qui était un marché large et populaire, devienne, toutes proportions gardées un marché de niche, où le patrimoine a toute sa place, sachant qu’à présent le public cinéphile s’intéresse plus au blu-Ray qu’au DVD".

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