Derrière la folie de The Substance, il y a une femme : Coralie Fargeat. Ce projet, elle l'a réalisé mais aussi scénarisé, comonté et coproduit. À l'heure où nous écrivons ces lignes, son film a rapporté plus de 50 millions de dollars au box-office mondial. C'est plus de trois fois son budget et surtout l'un des plus importants - si ce n'est le plus important - succès pour une Française outre-Atlantique.
Oui, elle est Française !
Que la France se réjouisse : malgré son casting hollywoodien, The Substance a été pensé par une femme française et fabriqué par une équipe entièrement française. Par ailleurs, l'intégralité du film a été tourné dans l'Hexagone, bien que l'intrigue se déroule uniquement à Los Angeles. Les extérieurs, notamment les séquences où les personnages se déplacent dans la rue, ont été filmés à Cannes.
Pourquoi faire un film en anglais ? Simplement parce qu'il était plus simple pour la réalisatrice de monter son projet dans cette langue, comme ce fut le cas pour son premier long métrage, Revenge. C'est ce qu'elle expliquait dans une interview dans Mad Movies pour la sortie de ce premier film :
"Pour le financement en lui-même, là aussi, le parcours a été assez difficile. C’est finalement le choix du mélange des langues anglais/français qui a permis de trouver une configuration viable, où le film gardait son ancrage français – ce qui était super important pour moi – tout en bénéficiant d’une plus-value à l’international, ce qui a permis de faire venir les derniers partenaires dont nous avions besoin."
Son parcours étonnant
Avant de filmer Demi Moore, Coralie Fargeat, passionnée de cinéma depuis toujours, a commencé comme stagiaire sur le plateau d'un film américain tourné en France. Elle est ensuite devenue deuxième assistante - un poste rattaché au premier assistant du réalisateur qui, lui, est en contact direct avec le cinéaste.
Pour faire ses armes, Coralie Fargeat réalise d'abord un premier court métrage, Le Télégramme, en 2003. Ce premier court est remarqué dans les festivals, avant d'être acheté par France 2. Elle signe des années plus tard, en 2014, un deuxième court, Reality+, un film de science-fiction qui s'inscrit beaucoup plus dans son genre de prédilection.
Elle fut une fée sur TF1 !
C'est l'un des faits les plus étonnants sur Coralie Fargeat. Avant de noyer les spectateurs et spectateurs sous des litres de sang, elle fut la cocréatrice du programme court Les Fées cloches avec Anne-Elisabeth Blateau. Cette série, qui ciblait un jeune public, était diffusée sur TF1 en 2007. Coralie Fargeat jouait l'une des fées, nommée Pata.
Sur les réseaux sociaux, comme X ou TikTok, l'apparition de la réalisatrice dans ce programme n'a pas manqué de faire sourire quand on connaît son univers radicalement différent aujourd'hui.
Voici un extrait retrouvé grâce à des internautes :
Une femme engagée
Ses films parlent pour elle-même. Coralie Fargeat est engagée pour le droit et la liberté des femmes. Engagement qu'elle souligne dans son travail mais aussi dans ses interviews où elle en parle librement. Récemment, la réalisatrice a également agi en retirant The Substance du festival polonais Camerimage.
La cause : le directeur Marek Żydowicz avait tenu des propos misogynes, affirmant qu'une meilleure visibilité des cheffes opératrices et réalisatrices dans les sélections de festival pourrait augmenter la présence de "films médiocres". L'organisateur s'est excusé pour ses propos mais Coralie Fargeat a tout de même tenu à quitter cet événement, à l'instar du réalisateur Steve McQueen.
"The Substance parle justement de l'impact de ce type de comportements dans notre monde. Nous ne pouvons plus les tolérer", a-t-elle écrit sur Instagram.
Le succès de The Substance va justement dans le sens de son engagement. Pour AlloCiné, la cinéaste expliquait que de nombreuses femmes lui envoyaient des messages de remerciements : "Elles me disent : "Merci d'avoir fait ce film", "J'ai l'impression d'avoir été vue, d'avoir été comprise.", "J'aurais aimé avoir ce film quand j'étais plus jeune." Je pense que ce sont les choses qui me touchent le plus, parce que j'aurais également aimé voir ce film quand j'étais plus jeune."
Passionnée de science-fiction
La passion de Coralie Fargeat pour le cinéma est née grâce à son grand-père. "[Il] nous montrait, à moi et mon frère, les films violents qu’on n’avait pas le droit de voir à la maison", explique t-elle dans Mad Movies. Elle se lie d'affection pour le cinéma de genre et particulièrement celui de la science-fiction. L'un de ses premiers grands chocs de cinéma fut le tout premier Star Wars de George Lucas.
"Ces films m’ont fait plonger dans des univers qui me faisaient sentir vivante, et m’ont permis d’explorer – de façon inconsciente à l’époque – plein de thématiques liées à nos peurs, à nos angoisses… C’est vraiment le cinéma de genre qui m’a donné envie d’être réalisatrice."
Propos AlloCiné recueillis par Thomas Desroches, à Paris, le 5 novembre 2024.
The Substance de Coralie Fargeat est à découvrir au cinéma.