De quoi ça parle ?
Passionné de voile, Jean-Paul traverse une passe difficile. Il accumule les dettes et s’éloigne des siens. Bien décidé à reprendre sa vie en main, il s’inscrit à Virtual Regatta, la course virtuelle du Vendée Globe.
Il se met dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin… Ce voyage pas comme les autres lui permettra de renouer avec sa famille mais surtout avec lui-même.
Après avoir réalisé Albatros, dont une partie de l'intrigue se déroulait en mer, à bord d'un voilier, Xavier Beauvois creuse le sillon maritime avec La Vallée des fous, au cinéma ce mercredi.
La voile est au cœur du film, mais celui-ci adopte ce parti pris assez surprenant : celui de montrer une course du Vendée Globe... sans bouger de son jardin ! Le long-métrage se base sur un jeu existant réellement, nommé Virtual Regatta. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une régate virtuelle.
Jean-Paul Rouve, qui tient le rôle principal de ce film, en l'occurrence celui d'un homme confronté à de nombreux problèmes (dettes, tensions familiales, alcoolisme...) et qui va s'isoler à bord d'un bateau amarré dans son jardin, et se retrouver en huis clos, face à lui même.
Cet endroit confiné et isolé va devenir le théâtre de scènes très fortes, montrant Jean-Paul Rouve dans une intensité rare, devant notamment jouer des séquences dans lesquelles il est rongé par l'alcool. Comment Jean-Paul Rouve s'est il préparé pour ce film ?
"Il n'y a pas de préparation type, ça dépend des films, de l'instinct, c'est comme la cuisine. Je regardais Xavier, j'étais avec lui, je le voyais tous les jours... C'est comme s'il m'apportait les indications de jeu sans les dire, indique-t-il dans le dossier de presse.
Je suis allé chercher des choses qui me sont étrangères, car j'ai la chance de ne pas connaître ce genre de malheurs
[Xavier Beauvois] a une façon de diriger, d'emmener son bateau au port, qui est très spéciale. Généralement, le metteur en scène parle avant la scène, puis l'acteur joue, puis le metteur en scène le corrige - ou pas.
Mais ça ne se passe pas comme ça avec Xavier : il vous dirige entre "moteur" et "coupez", ni avant, ni après, mais pendant, par les regards, comme si c'était télépathique. Comme si sa simple présence et son regard suffisaient à vous diriger."
Et d'ajouter : "Humainement, Xavier est un mec extraordinaire, il y a chez lui beaucoup de bienveillance, du mal-être aussi, mais surtout de l'amour. Je me suis dit que mon personnage devait être rempli de tout ça.
Je suis allé chercher des choses qui me sont étrangères, car j'ai la chance de ne pas connaître ce genre de malheurs. C'était fatiguant, psychologiquement et physiquement, comme si j'escaladais chaque jour une montagne."
Au sujet de Jean-Paul Rouve, Xavier Beauvois souligne le tragédien qui se cache chez tout comique.
"Jean-Paul a tout de suite saisi le personnage, c'était impressionnant. Il a une façon dingue de déstructurer son visage, sa pensée se lisait sur ses muscles faciaux. Avant d'avoir l'air complètement bourré pendant la prise, il était complètement normal, parlait au téléphone, jouait avec son chien...
Et tac, en une seconde, il déstructurait son visage pour le rôle. Je n'ai connu ça qu'avec Nathalie Baye dans Le Petit lieutenant. Le talent de certains acteurs, ça reste un mystère.
Avec Jean-Paul, on vient du même milieu, on se connaissait, je savais qu'humainement c'était un être d'une grande modestie, toujours souriant, ponctuel... Jean-Paul, c'est un amour. Quand il ne sentait pas une scène, on ne la faisait pas, parfois il faisait des propositions, il y avait une vraie symbiose entre nous. Je pense que ça se sent à la vision du film."
La Vallée des fous sort en salles ce mercredi 13 novembre.