Le 25 mai 1977, le studio Twentieth Century Fox sort dans les salles américaines un film intitulé Star Wars signé de George Lucas, et qui rapporte 775 millions de dollars, soit (en 2024) presque 4 milliards de dollars ! Dès lors, le cinéma d'exploitation plonge dans la science-fiction pour surfer sur la tendance et les autres studios américains s'y lancent avec l'envie de faire le même succès.
Un film catastrophe dans l'espace = un succès assuré ?
Le Trou noir est un vieux projet qui avait été imaginé dès 1974 pour surfer sur le genre du film catastrophe après les succès de La Tour infernale (1972) et L'Aventure du Poséidon (1974). Sauf que le projet subi plusieurs revers, dont l'abandon successif de ses scénaristes et de ses réalisateurs.
Ce n'est que trois ans plus tard, grâce aux effets spéciaux révolutionnaires de La Guerre des étoiles, que le projet peut enfin se concrétiser. Le studio Disney y voit l'occasion d'avoir un film catastrophe... dans l'espace ! Soit les deux genres les plus populaires du moment.
Le studio choisit Gary Nelson pour réaliser le projet, un cinéaste qui a déjà travaillé pour Disney sur un téléfilm (littéralement titré "Le Garçon qui parlait aux blaireaux") et Un vendredi dingue, dingue, dingue alias Freaky Friday avec Jodie Foster. Une fois aux commandes, Nelson jette une bonne partie du scénario existant avec à l'intérieur "tous les personnages typiques de Disney, les familles" comme il l'a évoqué au Hollywood Reporter, et repart de zéro.
L'histoire se déroule en 2130, lorsque des explorateurs en route pour regagner la planète Terre découvrent un vaisseau abandonné, situé à proximité d'un trou noir. L'équipe du Palomino décide de s'approcher et c'est à ce moment-là que les choses s'aggravent...
Le tournage du film se déroule dans le plus grand secret d'octobre 1978 à fin avril 79, soit "26 semaines de 7h à 19h". Les plans sont coûteux et peu de prises sont réalisées par jour, mais l'ambiance est bonne, le casting se prête de bonne grâce à ce tournage de grande ampleur. Les nombreux matte paintings du film (plus de 150, un record pour Disney), des décors somptueux... tout est réuni pour faire un succès.
La fin du tournage approche... Il nous faut une fin !
Mais léger "détail" : le film n'a pas de fin. 125 jours de tournage sur 130 se sont écoulés, et la fin n'est pas écrite, donc encore moins tournée !
Le scénario s'arrête à "Le vaisseau entre dans le trou noir". Il est finalement opté pour qu'une fois le vaisseau entré dans le trou noir suive une séquence assez inattendue, dans laquelle on voit une montagne infernale rappelant celle de Fantasia, puis des flammes et des ruines menant à une sorte de palais de verre avec une apparition féminine et onirique sur une magnifique partition de John Barry. Une séquence étrange mais osée pour un blockbuster... mais qui déconcertera plus d'un spectateur.
Le Trou noir sort le 20 décembre 1979 aux Etats-Unis, soit six mois environ avant L'Empire contre-attaque mais se retrouve en compétition avec le premier long métrage Star Trek, sorti 10 ans après la fin de la série, avec les acteurs de retour. Autre complication, Le Trou noir est le premier long métrage Disney à ne pas avoir la classification "G" (pour toute la famille), notamment à cause des (gentils) jurons proférés et d'une scène marquante du personnage joué par Anthony Perkins.
Et le film est un échec, boudé par le public qui lui reproche notamment son aspect sombre. Pour un coût d'un peu moins de 20 millions de dollars, il n'en a rapporté que 35 dans le monde. Nelson commente des années plus tard : "Nous pensions tous que nous allions avoir le prochain Star Wars, ce qui n'a pas été le cas. Mais le film a bien marché avec le temps, je ne peux donc pas me plaindre."