Après les échecs au box-office de The Marvels et Wish, le PDG de Disney, Bob Iger, est monté au créneau afin de rectifier la situation. Présent à New York au DealBook Summit organisé par le New York Times, le big boss du studio a fait des déclarations fracassantes.
"Les créateurs ont perdu de vue ce que devait être leur objectif n°1. Nous devons d'abord divertir. Il ne s'agit pas d’envoyer des messages politiques", a d'abord asséné le patron de la firme de Mickey. "À trop vouloir embrasser le multiculturalisme et à multiplier les séries et films dérivés de ses grandes franchises au détriment de la qualité, Disney reconnaît qu’il a fait fausse route", explique Le Figaro.
"Nous avons diverti avec des valeurs et avons eu un impact positif sur le monde de différentes manières. Black Panther en est un excellent exemple", a poursuivi Bob Iger. "J'aime pouvoir divertir en insufflant des messages positifs et avoir un bon impact sur le monde. Fantastique ! Mais cela ne devrait pas être l'objectif. Quand je suis revenu, ce que j'ai vraiment essayé de faire, c'est de revenir à nos racines", a-t-il martelé.
Des échecs marquants
Ces propos arrivent après l'échec cuisant du blockbuster The Marvels, qui a réalisé le plus mauvais démarrage de la saga au box-office. À l'international, la super-production n'a récolté que 180 millions de billets verts pour un budget estimé à 220 millions de dollars.
Même constat pour Wish, le Disney de Noël. Le film d'animation a coûté la modique somme de 200 millions et n'a pour l'instant rapporté que 51 petits millions dans le monde. Ces deux échecs successifs ont conduit Bob Iger à vouloir revenir aux racines de la firme : le divertissement pur et dur.
"Ces dernières années, Disney a enchaîné les prises de position en faveur de la diversité. Le géant du divertissement s’est ainsi retrouvé au cœur d’une bataille politique avec Ron DeSantis. Le gouverneur conservateur de Floride accusant la firme de Burbank d’être devenue un agent du 'capitalisme woke'. Et à force de vouloir imposer aux Américains des valeurs 'woke', Disney s’est mis à dos une partie du public", analyse Caroline Sallé dans Le Figaro.
Disney et le "wokisme"
"Critiquée pour son 'wokisme', la compagnie a fait l’objet d’attaques sur les réseaux sociaux pour avoir inclus un baiser homosexuel dans Lightyear (Buzz l’éclair) et un personnage gay dans Strange World (Avalonia, l’étrange voyage). Le public le plus réactionnaire a déploré que la Petite Sirène, dans la dernière version du film, fût incarnée par l’actrice noire Halle Bailey", estime Arnaud Leparmentier dans les colonnes du Monde.
Par ailleurs, à l'occasion du centenaire du groupe, une enquête IFOP a présenté l'impact des films d'animation du studio et montre que les Français sont, en grande majorité (62%), réfractaires à la modification des classiques pour le passage aux films live. "À vouloir concilier tradition et modernité, incapable d’innover vraiment, Disney agace de plus en plus et finit surtout par ennuyer", ajoute le journaliste.
Le prochain film live Blanche-Neige est aussi dans le collimateur du public pour toutes ces raisons. "Leurs pensées sont tellement radicales maintenant. Ils changent les histoires, ils changent le processus de pensée des personnages, ils inventent de nouvelles choses 'woke' et je ne suis tout simplement pas attiré par cela", avait martelé David Hand, fils du réalisateur du classique Disney de 1937.
"Je trouve franchement un peu insultant ce qu’ils ont pu faire avec certains de ces films classiques. Il n’y a aucun respect pour ce que Disney a fait et ce que mon père a fait. Je pense que Walt et lui se retourneraient dans leurs tombes."
D'après un classement réalisé en mai 2023 par Axios-Harris, Disney fait partie des marques les plus détestées des Américains. "Trop woke pour les uns. Pas assez radicale pour les autres", commente Caroline Sallé. Ainsi, les pertes financières de la firme aux grandes oreilles font grincer des dents les différents actionnaires du groupe.
"Depuis que nous avons donné à Disney l'opportunité de prouver qu'il pouvait redresser le navire en février dernier, jusqu'à notre réengagement il y a quelques semaines, les actionnaires ont perdu environ 70 milliards de dollars de valeur", a confié l’investisseur activiste Nelson Peltz dans un communiqué. "Disney ne vaut plus en Bourse que 170 milliards de dollars, deux fois moins qu’il y a deux ans", rappelle Le Monde.
"La confiance des investisseurs est faible, des questions stratégiques clés se profilent et même le PDG de Disney reconnaît que les défis de la société sont plus grands qu'on ne le pensait auparavant", a-t-il conclu. En tout cas, le grand manitou de big D aura fort à faire pour réenchanter la marque et insuffler à nouveau la magie du Disney d'antan.