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    Invisible en France, ce chef-d'oeuvre sorti il y a 49 ans est le film le plus réaliste que vous verrez sur le Débarquement
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Sorti en 1975, couronné par l'Ours d'argent au Festival international du film de Berlin, "Overlord" est hélas invisible en France. Mélangeant la fiction et d'extraordinaires images d'archives du Débarquement allié, c'est aussi un film très réaliste.

    Quelques semaines avant le déclenchement de l'opération Overlord, la plus gigantesque opération militaire amphibie de l'Histoire le 6 juin 1944, le général allemand Erwin Rommel, en charge du groupe d'armée B basé en Normandie, écrit à sa femme. "Les Alliés doivent débarquer, c'est un fait. Mais les 24 heures précédant l'invasion seront primordiales. Pour nous, comme pour les Alliés, ce sera le jour le plus long..." Des propos entrés depuis dans l'Histoire.

    C'est aussi le titre du film sorti en 1962, qui a largement contribué à populariser auprès du public les événements liés au Débarquement et la Bataille de Normandie. 36 ans plus tard, Steven Spielberg livrera avec Il faut sauver le soldat Ryan un film de guerre ultra réaliste et sans concession. Pari réussi au-delà des espérances avec un film gorgé de morceaux d'anthologie, dont la séquence du Débarquement à Omaha Beach, qui dure 20 min, assurait déjà à elle seule la postérité du film.

    Entre les deux pourtant, se glisse une oeuvre totalement méconnue du grand public, aussi rare que précieuse : Overlord.

    Un film hélas invisible en France

    Remarquable film qui a valu en 1975 à son réalisateur, Stuart Cooper, l'Ours d'argent au Festival du film de Berlin, Overlord est malheureusement un peu retombé dans l'oubli, hormis peut-être en Grande-Bretagne. Il y a dix ans, il fut présenté en copie restaurée dans le cadre de Cannes Classic, ce qui semblait augurer une édition Blu-ray / DVD à venir chez nous. Mais, mille fois hélas, rien n'est jamais venu... Il n'est même pas disponible en VOD. C'est dire si le sort s'acharne.

    Joswend

    Retraçant l'histoire de Tom Bellows (Brian Stirner), un jeune appelé sous les drapeaux britanniques, Overlord suit son parcours de sa formation jusqu'au D-Day. Tourné en Noir & Blanc, le film est magistralement photographié par John Alcott, l'immense chef opérateur oscarisé et fétiche de Stanley Kubrick, qui sera derrière la photo d'Orange mécanique, Barry Lyndon et Shining. Il signa aussi la sublime photo du Greystoke de Hugh Hudson. Comme pedigree, on a vu pire.

    L'originalité du film, c'est le subtil mélange entre images de fiction (l'entraînement de Tom, l'attente...) avec d'extraordinaires images d'archives filmées le jour même du D-Day, notamment des images réalisées par des caméras embarquées à bord de bombardiers ou des Spitfires (avions de chasse britannique).

    Joswend

    Le résultat est aussi saisissant qu'émouvant, et surtout ultra réaliste. Pour éviter que le spectateur ne fasse clairement la différence entre les images d'archives impressionnantes du reste du film, Stuart Cooper a tourné avec des objectifs d'appareils d'époque des années 1930 et 1940, afin que l'apparence de ses nouvelles images corresponde à celle des films d'archives. Toutes ces scènes tournées sont intégrées de manière totalement fluide aux images d'archives.

    Tout à la fois document sur la Seconde Guerre mondiale et poignante méditation d'un homme plongé dans une immense machine broyant les individus, Overlord est un très grand film, qu'on ne désespère pas voir venir, un jour, sur support physique, pour l'apprécier à sa juste valeur, comme il se doit.

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