Qu'il travaille à Hong Kong ou à Hollywood, ou pose ses caméras à Paris, le nom de John Woo a toujours été synonyme d'action. Et ce n'est pas son dernier long métrage en date qui nous contredira, puisqu'il s'agit d'un remake de The Killer, film qu'il avait réalisé à la fin des années 80.
Mais il n'est jamais trop tard pour changer (d'avis, d'image ou les deux). Et son futur long métrage a, sur le papier, des allures de grand écart digne de ceux réalisés par Jean-Claude Van Damme, qu'il avait dirigé dans Chasse à l'homme en 1993 :
"Mon prochain projet sera à moitié une comédie musicale", a-t-il révélé à Empire au mois de septembre. "Je vais travailler avec les Sparks, qui ont écrit le scénario et les chansons - nous venons de commencer à travailler sur des changements du script. Ce sera mon premier film sur lequel je n'aurai pas besoin d'engager un cascadeur."
Les Sparks, ce sont Ron et Russell Mael. Deux frères américains qui ont monté l'un des groupes les plus aimés sur la scène musicale mais dont le retentissement est étrangement inférieur à la cote d'amour dont ils jouissent auprès de leurs pairs.
Comme le montrait le documentaire que leur consacrait Edgar Wright en 2021, année de sortie du flamboyant Annette de Leos Carax, déjà co-écrit par leurs soins.
Grâce à eux et à ce long métrage qui s'appellera visiblement X Crucior, John Woo va pouvoir réaliser l'un de ses rêves : mettre en scène une comédie musicale.
Un genre auquel il a plus d'une fois déclaré sa flamme, autant qu'au cinéma de Jacques Demy, source d'inspiration revendiquée de la scène de rencontre entre Tom Cruise et Thandiwe Newton dans Mission : Impossible II, qui prenait des allures de pas de deux alors que du flamenco se dansait entre eux deux.
John Woo et la comédie musicale, trois décennies plus tard
Un virage en épingle sur le papier donc, sauf pour les connaisseurs de son œuvre, qui ne seront pas totalement surpris par ce changement de registre. Surtout que cet amour de la comédie musicale transparaissait déjà dans sa manière de mettre l'action en scène, à grands renforts de ralentis qui renforcent le lyrisme des séquences en question, et des chorégraphies aux allures de ballets.
Dans les années 90 déjà, John Woo avait été proche de concrétiser son rêve grâce à une adaptation au cinéma de la comédie musicale Le Fantôme de l'opéra portée par John Travolta.
C'est finalement Joel Schumacher et Gerard Butler qui y sont parvenus en 2004, mais ça n'était que partie remise pour l'auteur de Volte/Face, avec ce projet qui devrait enthousiasmer les fans de son cinéma ET de la discographie des Sparks. Tout le monde est gagnant.