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    Reservoir Dogs : un vrai criminel joue dans le film, et il a passé près de 25 ans en prison
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Malgré son temps de présence finalement très court dans "Reservoir Dogs", Il était une véritable gueule de cinéma. "Il", c'est Edward Bunker, fameux romancier scénariste et acteur, qui a passé de très nombreuses années en prison...

    Présenté en hors-compétition au Festival de Cannes en mai 1992, Reservoir Dogs reçu un accueil particulièrement enthousiaste. Le monde découvrait alors un cinéaste de 29 ans promis à un brillant avenir, en plus de devenir le nouveau fétiche du cinéma indépendant : Quentin Tarantino.

    Dans ce film qui a mis la carrière de Tarantino sur orbite se trouvait un fantastique casting : Harvey Keitel, qui avait d'ailleurs porté à bout de bras le film, Tim Roth, Steve Buscemi, Michael Madsen, Chris Penn, ou encore Lawrence Tierney, qui incarne le patriarche et cerveau du casse. 70 ans à l'époque, cet acteur était déjà précédé d'une réputation difficile. Outre des problèmes d'alcool régulier, bagarreur, ayant régulièrement eu quelques problèmes avec la Police, il était notoirement connu comme difficilement gérable sur un plateau, comme l'a raconté Tarantino.

    Ces voleurs professionnels sont identifiés uniquement par des noms de code de couleur (un hommage aux Pirates du métro). Parmi eux, il en est un dont on parle moins, qui se fait appeler "Mr Blue"; il s'agit de l'acteur Edward Bunker. On le voit très peu finalement : au tout début, dans la scène d'ouverture au restaurant où tous les malfrats discutent; et dans la scène du brief, où il se voit affubler de son nom de code.

    La présence d'Edward Bunker au générique est troublante, au sens où l'intéressé fut un véritable criminel, avant d'embrasser une brillante carrière d'écrivain, et, plus tard, de scénariste pour Hollywood.

    Le plus jeune délinquant incarcéré à la prison de San Quentin

    À partir de ses 4 ans et jusqu'à ses 17 ans, Edward Bunker n'a cessé de jongler entre maisons de redressement, fugues et maisons pour jeunes criminels. Il est incarcéré pour la première fois à 17 ans, dans la prison d'État de San Quentin, réputée comme étant l'une des plus dures aux États-Unis.

    Il a réussi à s'en évader à deux reprises, dont une fois pour une cavale de plus de deux ans. Durant ses années de prison, il a appartenu au gang de la fraternité aryenne, connu pour ses agissements et ses meurtres dans les prisons californiennes. Entre arnaques diverses et vols à main armée, il parvient à éviter une peine de 20 ans de prison pour une affaire de stupéfiants. Il fait encore cinq ans de prison avant d'être définitivement libéré, en 1975.

    Miramax Films

    C'est en prison qu'il se découvre un intérêt pour la littérature et surtout l'écriture. Il se met à écrire des récits semi-autobiographiques, une activité à laquelle il se consacrera durant une vingtaine d'années -entrecoupées de quelques remises en liberté- qu'il passera en prison.

    C'est aussi pendant sa détention qu'il reçoit la visite du scénariste Alvin Sargent, qui lui propose de travailler à l'adaptation cinématographique de son roman Aucune bête aussi féroce, paru en 1973. Réalisé par Ulu Grosbard, interprété et produit par Dustin Hoffman, le film, intitulé Le Récidiviste, sortira en 1978, soit trois ans après la véritable libération de Bunker.

    Une carrière à l'ombre d'Hollywood

    Première expérience de scénariste, Le Récidiviste marque aussi la première apparition à l'écran d'Edward Bunker qu'on retrouvera bientôt à l'affiche de Tango & Cash d'Andrei Konchalovsky, le réalisateur de Runaway train, adaptation d'un autre de ses romans en 1985. Vu également dans un premier film français (Cameleone en 1996), Bunker a aussi été consultant sur le chef-d'oeuvre de Michael Mann, Heat.

    Miramax Films

    C'est d'ailleurs à "Mr Pink", alias Steve Buscemi, qu'on doit, en 2000, la troisième adaptation d'un ouvrage de Bunker, Animal factory (inspiré de La Bête contre les murs), récit initiatique en milieu carcéral, avec Edward Furlong et Willem Dafoe. Dans une interview promotionnelle faite à l'occasion de ce film adapté de son ouvrage, Edward Bunker explique avoir fait des suggestions techniques à Tarantino sur Reservoir Dogs, ajoutant que le script n'était pas réaliste. Ce qui n'était, du reste, pas l'intention de départ du cinéaste.

    Bunker apparaît une dernière fois à l'écran dans Mi-temps au mitard, une comédie avec Adam Sandler sortie en 2005, quelques semaines avant sa disparition.

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